Le Pen : racisme et régression sociale au programme

vendredi 9 mars 2007.
 

En mettant pour la première fois sur la table l’intégralité de ses propositions, le candidat du Front national se dévoile à travers elles comme le fossoyeur du progrès social et de la liberté.

Sécurité sociale, retraites, solidarité :

Les étrangers seraient - exclus de toutes prestations sociales à l’exception des travailleurs réguliers dont les cotisations, aussi bien patronales que salariales, seraient majorées de 35 %. Une discrimination légalisée en quelque sorte. L’âge légal de la retraite serait porté à soixante-cinq ans, après 40 annuités de cotisation pour tous. La retraite par capitalisation encouragée. Et les retraités de nationalité étrangère fortement incités à finir leurs jours dans leur pays d’origine. Le FN choisit de dresser les populations les unes contre les autres : diminuer les subventions aux associations de soutien aux immigrés au profit de celles qui aident les sans-abri. Idem dans le domaine du sida : les associations pour l’assistance aux malades seront prioritaires sur celles considérées comme des lobbies.

Économie,entreprises :

C’est sans doute le chapitre qui démontre le mieux dans quel camp se range le candidat du Front national : celui du patronat et des nantis. Son discours dénonçant le « capitalisme financier mondialisé » tombe à plat devant ses propositions ultralibérales. « Des mesures visant à libérer au maximum l’entreprise des contraintes de toute nature qu’elle subit. » La renégociation envisagée « de la durée hebdomadaire du temps de travail par branches d’activité » mettrait, de toute évidence, un terme aux 35 heures. Et de souscrire au leitmotiv sarkozien : « travailler plus pour gagner plus ». Pis, en encourageant « la multi-activité par l’assouplissement ou la suppression des règles de cumul » entre activités salariée et non salariée, retraite ou prestations sociales et emploi, le FN propose le travail, sans limitation, à vie. Enfin, la « simplification du Code du travail » ne présage rien de bon pour les droits des salariés. Ennemi acharné des syndicats, Le Pen veut limiter leur influence en encourageant l’émergence de forces non syndicales ou extérieures aux confédérations représentatives, notamment aux élections professionnelles. Ainsi, les - directions d’entreprise pourraient lancer leurs propres listes ou organisations de représentants.

Immigration :

Le candidat envisage d’économiser plus de 30 milliards d’euros en faisant la chasse aux étrangers dans tous les secteurs de la société. Il oublie en revanche de chiffrer les richesses et les contributions que les immigrés apportent à l’économie française. Suppression du RMI et de l’AME (aide médicale) aux étrangers, durcissement du droit à la nationalité, expulsions du territoire, rétablissement de la double peine systématique, arrêt du regroupement familial, réduction de la carte de séjour de dix à trois ans... Le Pen est, dans son programme du moins, nettement plus respectueux à l’égard des animaux que des étrangers.Fonction publique, institutions. Le principe de préférence nationale deviendrait irréversible par son introduction dans le préambule de la Constitution. Tout comme le « plafonnement des dépenses publiques à 35 % du PIB. Ce qui reviendrait à enfermer les politiques publiques dans un carcan libéral, comme le font les traités européens actuels que Le Pen dénonce pourtant. Prétextant « l’égalité des travailleurs du public et du privé », le FN veut modifier les statuts de la Fonction publique et abolir « certains privilèges ».

Famille, enfance :

Le « revenu - parental » est la principale mesure de la politique familiale du parti d’extrême droite qui oppose le choix « d’une activité professionnelle » à « l’éducation des enfants ». L’autre aspect est la « promotion de l’adoption prénatale » en appui à la « politique de respect et d’accueil de la vie » qui vise à remettre en cause l’interruption volontaire de grossesse, soumise à référendum. Dans la même voie, le « caractère sacré de la vie » serait inscrit dans la Constitution.

Logement :

Le Pen, promoteur des ghettos ? Celui-ci veut « favoriser la mixité intergénérationnelle plutôt que la mixité sociale ». Les pauvres avec les pauvres et les riches entre eux. Les citoyens français seraient prioritaires pour l’accession au logement social. La loi SRU serait réformée sans plus de précision. Autrement dit, vidée de son contenu.

Justice, sécurité :

Le Pen veut rétablir la peine de mort « pour les crimes les plus graves ». Il propose de construire 75 000 places de prison supplémentaires. Il entend museler les juges en fustigeant une prétendue « politisation de la magistrature ». Il souhaite aussi fermer les mosquées « sous la coupe d’obédiences intégristes ».

Culture :

Le FN veut remettre en cause les subventions aux structures si celles-ci ne prouvent pas « qu’elles touchent un public important ». En d’autres termes, la qualité d’une création se définirait en fonction du nombre de personnes qui se déplacent pour l’admirer. Par ailleurs, le mécénat serait encouragé, c’est-à-dire le financement par des fonds privés. Au niveau de la langue française, « il importera de revenir sur les réformes récentes comme la féminisation des noms ».

Défense :

Entre l’école et la guerre, Jean-Marie Le Pen a choisi : c’est le budget de la défense qui doit être augmenté à 2,6 % du PIB, pas celui de l’éducation nationale. Il propose également la création « d’un service militaire volontaire de six mois », estimant que les militaires sont ceux qui ont « le mieux préservé les valeurs ayant fait la grandeur de la France ».Recherche. Le candidat du FN veut s’attaquer au financement des laboratoires, « en privilégiant une approche par projet au détriment d’un subventionnement global des structures ». Ce qui empêcherait les équipes estimées non rentables de fonctionner. De plus, les « chercheurs moins productifs ou moins créatifs » seraient reclassés dans « l’enseignement ou l’administration ». Enfin, ils seraient évalués « au mérite et non à l’ancienneté ou aux diplômes ».

Europe et politique étrangère :

Si Le Pen prétend vouloir faire respecter le « non » à la constitution européenne, c’est avant tout parce qu’il est un europhobe nationaliste qui ne veut pas entendre parler « d’un quelconque traité de nature constitutionnelle ». Quitte à envisager un référendum sur le thème : « La France doit-elle reprendre son indépendance vis-à-vis de l’Europe de Bruxelles. » Il exige « des contrôles renforcés aux frontières extérieures de l’Union (...), notamment pour l’immigration africaine ». Au niveau international, il demande le retrait de la France « des juridictions pénales internationales qui entretiennent les plaies des conflits passés et comportent une part importante d’arbitraire ». Les criminels de guerre et les coupables de génocides peuvent dormir tranquillement. Sa conception du codéveloppement a des relents de néocolonialisme : non seulement, il veut la « coupler avec le retour des immigrés » mais il prétend « former les élites, de préférence dans les universités françaises, que nous établirons sur place ».

Anciens combattants :

Chapitre non essentiel mais assez emblématique de l’exaltation de la guerre et du militarisme défendus par Jean-Marie Le Pen. L’ancien para veut « redonner la fierté des victoires militaires françaises au travers de commémorations officielles » ou en créant des « sites de mémoire sur les théâtres de bataille ». Plus grave, le candidat des nostalgiques de l’Algérie française souhaite « légiférer pour lutter contre les attaques (médias, filmographie, ouvrages) dont est victime l’armée, notamment au sujet de la période coloniale (afin) de rééquilibrer les enseignements et les débats quasi systématiquement hostiles et négatifs sur le rôle de la France dans cette période ».

Arnaud Mouillard -


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