Au Venezuela et en Argentine Guerre économique et déstabilisation politique

samedi 14 mars 2015.
 

Barack Obama a signé lundi un décret classant le Venezuela comme menace « extraordinaire » pour la sécurité des États-Unis. L’initiative est une nouvelle étape vers l’instauration d’un régime général de sanctions à l’encontre de ce pays, en octroyant en particulier au président États-unien toute un série de pouvoirs spéciaux. Les dirigeants des Etats-Unis ont osé préciser que la même mesure avait été prise pour la Syrie et l’Iran, mettant ainsi sur le même plan un gouvernement démocratiquement élu et deux dictatures sanglantes. Honte à eux !

Depuis plusieurs mois, les forces conservatrices et réactionnaires tentent un nouveau coup de force contre les gouvernements progressistes en Amérique latine, sous le silence complice et mensonger des médias français. L’époque est moins aux coups d’état militaires fomentés directement par la CIA, comme ce fut le cas contre le gouvernement de Salvador Allende au Chili le 11 septembre 1973. Mais l’ambition des gouvernements des États-Unis est toujours la même : obtenir le renversement des gouvernements qui ne se plient pas à leurs diktats, en participant de manière active à la déstabilisation économique et politique de ces pays. Leurs cibles sont l’Argentine et le Venezuela, pays dans lesquels auront lieu prochainement des élections législatives (et présidentielles en ce qui concerne l’Argentine). Ces mesures de déstabilisation ont pris d’autant plus d’ampleur que l’année 2014 s’est soldée par les victoires électorales de Evo Morales en Bolivie, Tabaré Vazquez en Uruguay et Dilma Roussef au Brésil, qui constituent des pierres dans la botte nord-américaine qui rêve encore et toujours d’une hégémonie sur l’ensemble du continent. Sans attendre la campagne électorale et le résultat des urnes, la déstabilisation a commencé, avec ses versants économiques et politiques.

En Argentine, les fonds spéculatifs nord-américains ont redoublé leurs attaques contre la dette souveraine du pays, exerçant un véritable chantage financier à l’encontre du gouvernement de Cristina Kirchner au détriment de la souveraineté du peuple argentin. Ainsi, des fonds vautours dirigés par le financier américain Paul Singer réclament 1,3 milliards de dollars au gouvernement argentin, espérant réaliser une plus-value considérable (on parle d’un rendement de 1 600%) sur des titres de dette achetés en 2001 alors que le pays avait été déclaré en défaut de paiement.

Le Venezuela est quant à lui entré depuis l’année 2012 dans une véritable guerre économique qui atteint aujourd’hui son paroxysme. Elle se traduit notamment par l’organisation de pénuries alimentaires de la part d’un certain nombre de groupes de distribution alimentaire. Or, si les médias s’en donnent à cœur joie, filmant les étales vides des magasins de Caracas, peu sont ceux qui rappellent que l’une des principales raisons de ces pénuries sont la contrebande et le marché noir, entretenus par ces principaux groupes de distribution à des fins purement spéculatives et lucratives. Peu sont ceux qui rappellent aussi que la faim a été éradiquée au Venezuela, alors qu’elle continue de faire des ravages chez le voisin Colombien (11,4% de population sous alimentée) ainsi qu’au Honduras (12,1%), ou qui rappellent que le gouvernement du Venezuela s’est engagé, en partenariat avec la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture), à soutenir la production rizicole durable de 10 pays africains.

L’autre versant de ce plan de déstabilisation est plus proprement politique : il s’agit de décrédibiliser les gouvernements en place, au prix de mensonges éhontés répétés sans scrupule par les principaux médias internationaux. Ce fut le cas il y a quelques semaines dans l’ « Affaire Nisman », du nom de ce juge Argentin retrouvé mort chez lui. La meute journalistique s’est déchaînée contre la présidente argentine, accusée d’avoir fait assassiner le juge pour le faire taire. En effet celui-ci accusait la présidente d’avoir tout fait pour étouffer les responsabilités de l’Iran dans l’attentat de 1994 contre la mutuelle juive AMIA. Aujourd’hui, la justice argentine a rendu un verdict sans appel : le dossier d’accusation du juge Nisman contre Cristina Kirchner était vide, les charges des détracteurs de Cristina Kirchner s’effondrent.

Au Venezuela, les tentatives de diabolisation de Nicolas Maduro et du gouvernement vénézuélien sont à leur comble. Les vagues de violences organisées par l’opposition vénézuélienne sont l’occasion pour les médias internationaux de pointer du doigt les supposées violations des droits de l’Homme dans le pays. Ces professionnels de l’indignation sélective ne rappellent jamais la complicité de l’opposition vénézuélienne, qui n’a rien de démocratique, avec les forces paramilitaire colombienne, agents de déstabilisation armés qui sont responsables de l’assassinat du député vénézuélien du PSUV Robert Serra en octobre dernier. Ils ne rappellent pas non plus l’incroyable violence dont font preuve les militants de l’opposition au gouvernement, qui sont responsables de plusieurs dizaines de morts l’an dernier, utilisant notamment des armes à feu ou encore des mortiers contre les forces de l’ordre ou les militants chavistes. Enfin, ils n’évoquent jamais le travail de la justice vénézuélienne dans la recherche et la sanction des coupables de ces violences, civils ou forces de l’ordre. Ainsi, le policier responsable présumé du tir qui a valu la mort d’un étudiant dans les violentes manifestation de Tachira en février a dores et déjà été arrêté. La violence est une préoccupante réalité au Venezuela, mais ne peut servir d’excuse à celle de l’opposition viscéralement anti-chaviste mêlée aux paramilitaires colombiens, aux narcotrafiquants et contrebandiers qui cherchent à instaurer un état de violence dans le pays.

Au moment où des réunions entre les représentants de l’UNASUR (Union des Nations Sud Américaines), le gouvernement vénézuélien et l’opposition se tiennent pour aboutir à un accord pour garantir le déroulement pacifique des prochaines élections et échéances politiques dans le pays, la dernière décision des Etats-Unis est une provocation pour maintenir un état de tension.


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