16 juillet 2019 : Mort de Johnny Clegg

mardi 19 mai 2015.
 

Ce jour-là, s’éteignait à 66 ans Jonathan Paul Clegg, né en Rhodésie (actuel Zimbabwe). Après quelques mois au côté de son père en Angleterre, il revient sur sa terre natale puis suit sa mère chanteuse à travers l’Afrique du Sud. Élevé dans une pension anglaise très stricte réservée aux blancs et isolée de toute culture africaine, il devient néanmoins ami avec le fils du chauffeur qui l’initie au ndébélé du Transvall, langue d’origine zoulou. Son beau-père lui transmet également sa passion pour l’Afrique lors de weekends dans la brousse.

A 13 ans il s’affirme en refusant de faire sa bar-mitsva, jugeant la religion juive trop passive face à l’Apartheid. Il vagabonde en territoire zoulou jusqu’à sa rencontre avec Sipho, un musicien noir. Ensemble ils bravent les interdits faites aux Noirs et Blancs pauvres pour accéder à des secteurs réservés. Johnny s’initie à la guitare et provoque déjà par son choix de jouer « la musique inférieure » en plein apartheid. Ce duo inédit forme le groupe Juluka, nourri des cultures et compétences de chacun : techniques de guitare, danse, langue, combat au bâton zoulou à côté de la musique celtique et rock. Ils se produisent dans les foyers de travailleurs et de migrants. Cette union de paroles anglaises sur des rythmes zoulous et occidentaux provoque une forte agitation artistique et politique. Défié, le gouvernement sud-africain répond par la censure de leur premier album en 1979.

Après le départ de Sipho qui se met au service de sa communauté, Johnny poursuit avec le groupe Suvuka. Il atteint une renommée internationale et vend plus de 2 millions de disques dans le monde, notamment avec le titre Asimbonanga qui rend hommage à Nelson Mandela, incarcéré depuis plus de 20 ans. Signifiant « Nous ne l’avons pas vu », il dénonce l’interdiction de publier des photos du futur président. Pour le remercier, Madiba lui fait la surprise de le rejoindre sur scène lors d’un concert. Ce titre aux couplets anglais et au refrain zoulou était devenu l’hymne des combattants de la liberté dans le pays.

Engagé durant toute sa vie, Johnny Clegg a porté la voix de la « nation arc-en-ciel ». Des chanteurs français ont relayé son combat en chansons comme Renaud avec Jonathan ou Gainsbourg avec Zoulou. Après avoir participé à la BO du film Invictus de Clint Eastwood, sa chanson Ibhola Lathu, traitant de la ségrégation dans les stades durant l’Apartheid (Noirs interdits de stade alors que les équipes du Township de Soweto dominaient...) a été choisie comme hymne pour le Mondial de football de 2010 sur sa terre d’adoption.

Bérénice Hemmer


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