Déclaration finale du Sommet des Peuples (Bruxelles, 10 et 11 juin 2015)

mardi 16 juin 2015.
 

Nous, les peuples d’Amérique Latine, des Caraïbes et d’Europe, réunis au Sommet des Peuples à Bruxelles les 10 et 11 juin 2015, avec plus de 1 500 délégués et déléguées représentant 346 organisations et mouvements sociaux de 43 pays, dans le cadre d’un débat unitaire, fraternel et solidaire, les participants aux conférences et aux 7 tables de travail du Sommet des Peuples,

DECLARONS :

NOTRE SOUTIEN A L’INTEGRATION REGIONALE DE L’AMERIQUE LATINE ET NOTRE OPPOSITION A L’INTERVENTION IMPERIALISTE

1. Saluons et soutenons les processus d’intégration qui donnent la priorité à l’autodétermination et à la souveraineté de nos peuples et les renforcent, comme l’ALBA, l’UNASUR et la CELAC qui ont renforcé l’unité latino-américaine et qui peuvent être une inspiration pour une intégration européenne d’un nouveau type qui mette l’accent sur le développement économique, les droits sociaux et le bien-être de ses peuples.

2. Exprimons notre ferme soutien à la Proclamation de l’Amérique Latine et des Caraïbes comme Zone de Paix et libre de colonialisme. En ce sens, nous rejetons le harcèlement militaire, les agressions et les menaces de toutes sortes que déploient les Etats-Unis et leurs alliés contre notre région à travers leurs Bases Militaires, leurs Sites d’Occupation et leurs installations similaires qui n’ont pas plus de justification que l’intervention militaire contre nos pays. Pour cela, nous exigeons l’exclusion de toutes les installations militaires états-uniennes de la région et nous plaidons pour une paix juste et durable avec la justice sociale en Colombie.

NOTRE ENGAGEMENT A AGIR SUR LE CHANGEMENT CLIMATIQUE POURPROTEGER L’ENVIRONNEMENT

3. Le changement climatique représente la plus grande menace qu’affronte l’humanité et affecte déjà les peuples d’Amérique Latine. Le capitalisme néo-libéral a énormément mis en danger la durabilité de la planète en intensifiant tous les problèmes associés au changement climatique. Nous lançons un appel à obtenir un accord sur le climat qui maintienne la température en-dessous de 1.5° Celsius, qui tienne compte du droit de tous à des niveaux de vie soutenables et dignes, qui ne limite pas la capacité des générations futures à satisfaire leurs propres besoins, et qui se base sur le principe de responsabilité commune et partagée pour agir sur le changement climatique. Nous plaidons pour un avenir libre de combustibles fossiles et mu par une énergie propre et renouvelable et nous nous opposons au fracking, aux sables bitumeux et aux forages dans l’Arctique. Nous plaidons pour un programme complet de réduction nette des émissions qui apporte un financement aux pays en développement pour laisser leurs combustibles fossiles sous terre sans les exploiter et pour investir dans des solutions soutenables.

Nous plaidons aussi pour la justice environnementale au moyen d’un impôt écologique sur le commerce du pétrole et des autres combustibles fossiles pour financer un Fonds Climatique Vert et aussi un pour un outil contraignant pour rendre les compagnies multinationales responsables des abus environnementaux et humains qu’elles ont perpétrés et pour réguler leurs pratiques. Nous avons besoin de prendre nos distances par rapport à l’agriculture nuisible et la pêche industrielle. Nous appelons à respecter les droits des nations et des peuples, en particulier en Amérique Latine, de vivre en harmonie avec Mère Nature et en respectant les formes ancestrales de vie et l’identité indépendante des peuples et des nations.

Nous condamnons les dommages environnementaux causés par Chevron aux communautés locales en Equateur et nous condamnons aussi leur attaque et leur procès contre le gouvernement d’Equateur et nous soutenons la lutte des communautés et du gouvernement d’Equateur contre cette compagnie pétrolière prédatrice.

4. Nous soutenons le peuple cubain et sa Révolution et saluons le retour chez eux des cinq héros cubains, produit de la solidarité internationale et de la lutte infatigable de leur peuple. Nous soutenons aussi les pas que les Etats-Unis ont accompli pour commencer un dialogue respectueux avec Cuba ainsi que le retrait de Cuba de la liste des états qui soutiennent le terrorisme sur laquelle elle n’aurait jamais dû être mais nous exigeons la levée totale, immédiate et inconditionnelle du blocus génocide contre Cuba mis en place par le Gouvernement des Etats-Unis ainsi que la fermeture immédiate de la base navale et son retour inconditionnel sous la souveraineté cubaine.

5. Nous exprimons notre soutien inconditionnel et sans restrictions à la Révolution Bolivarienne et au gouvernement légitime conduit par le camarade Nicolas Maduro et nous condamnons les plans permanents de déstabilisation qui sont ourdis contre eux, financés et organisés par des organisations états-uniennes. Nous condamnons en particulier l’injuste et immoral Ordre Exécutif d’ingérence du Gouvernement des Etats-Unis qui prétend montrer la République Bolivarienne du Venezuela comme une menace pour sa sécurité nationale - qui a déjà mérité une condamnation unanime de la part de tous les pays de Notre Amérique - et nous exigeons son abrogation immédiate.

6. nous condamnons toute intervention d’ingérence de la part des Etats-Unis contre les gouvernements progressistes d’Amérique Latine et nous exigeons que soit respectée leur souveraineté nationale et leur autodétermination. Nous appelons toutes les institutions de l’Union Européenne et tous ses états membres à ne pas être complice de l’ingérence états-unienne en Amérique Latine mais à adopter une attitude et une politique de dialogue constructif avec cette région. Pour cela, nous condamnons tout type de soutien que tant d’institutions et de pays membres de l’Union Européenne apportent à la politique extérieure états-unienne contre les gouvernements progressistes d’Amérique Latine comme, par exemple, la Position Commune de l’Union Européenne envers Cuba.

7. Nous soutenons toutes les mesures pour le développement des économies nationales indépendantes qui peuvent interagir avec le monde sur la base de l’égalité et pour empêcher que la dette externe injuste bloque leur croissance et leur développement. Nous soutenons et nous encourageons toute mesure destinée à construire une démocratie participative que nous considérons comme essentielle pour la mise en oeuvre des droits politiques individuels et collectifs des citoyens d’Amérique Latine. Pour garantir les droits de l’homme de tous, nous exigeons le respect des droits des peuples d’Amérique Latine. Nous endossons complètement la demande de l’Argentine sur la souveraineté des Iles Malouines et nous condamnons l’attitude agressive du Royaume Uni et l’exploitation du pétrole là.

Nous applaudissons l’initiative du Nicaragua et du Venezuela d’intégrer Porto Rico à la CELAC comme preuve que l’ Amérique Latine est un territoire libre de colonialisme.

NOTRE SOUTIEN A UNE SOCIETE EGALITAIRE ET NOTRE OPPOSITION AU NEO-LIBERALISME

8. Nous manifestons le besoin impérieux de construire une société neuve, avec la justice sociale et l’égalité de genre, avec la participation active des jeunes et des différents acteurs sociaux, avec la solidarité comme principe fondamental pour le développement complet et souverain de nos peuples. La majorité des républiques latino-américaines s’oriente dans cette direction. L’Amérique Latine est en train de mettre en oeuvre des politiques progressistes qui ont réduit la pauvreté et l’exclusion sociale, en particulier pour la femme, les Afro-descendants, les groupes indigènes et les pauvres marginalisés. Nous soutenons totalement la lutte des pauvres indigènes pour leurs droits sociaux et culturels sur tout le continent. Nous exprimons également notre solidarité avec les peuples d’Afrique et les minorités qui luttent aux Etats-Unis contre l’impérialisme. L’intégration de l’ Amérique Latine n’est pas complète sans l’Afrique.

9. Nous condamnons le modèle néo-libéral comme solution aux problèmes et aux besoins de notre peuple étant donné qu’il a démontré être l’instrument le plus efficace qu’on connaisse pour augmenter la pauvreté, la misère, les inégalités et la distribution injuste. Il y a malheureusement une minorité qui continue d’essayer d’imposer le modèle néo-libéral. Nous nous opposons à l’austérité économique imposée par la troïka dans toute l’Union Européenne qui bénéficie seulement au 1% le plus riches de la société et nous nous opposons en particulier à l’austérité de la troïka contre le gouvernement et le peuple de la Grèce. Nous condamnons le harcèlement et la pression auxquels troïka et les institutions de l’Union Européenne les soumettent. Cependant, l’Union Européenne soutient et collabore avec les agressions militaires illégales contre des nations souveraines dans des guerres très coûteuses qui aggravent et font empirer l’austérité contre les peuples d’Europe. Non à la participation de l’Europe à des guerres illégales.

10. Nous réaffirmons notre lutte contre les traités de libre commerce comme le RLC, le TPC, le TISA et l’Alliance du Pacifique parce qu’ils représentent une attaque brutale contre les droits sociaux, démocratiques et politiques des travailleurs et des peuples partout où de tels accords s’implantent. ainsi, nous continuons aussi à soutenir que la dette extérieure de nos pays est irrécouvrable et impayable parce qu’elle est illégitime et immorale.

11. Nous manifestons et invitons à une lutte globale pour défendre nos ressources naturelles, la biodiversité, la souveraineté alimentaire, nos biens communs, la terre mère et les conquêtes et les droits sociaux. Le lutte pour l’emploi, pour le travail et pour un salaire digne, pour la sécurité sociale, pour les retraites, pour les négociations collectives, pour la syndicalisation, pour le droit de grève, pour la liberté syndicale, pour la santé au travail, pour les droits économiques et sociaux, le respect des émigrés, l’éradication du travail des enfants et du travail en esclavage et la justice avec égalité de genre. Tout cela est et sera possible si nous travaillons unis pour construire la plus large coalition de forces sociales et politiques qui permette de substituer au pouvoir du bloc néo-libéral dominant le pouvoir d’un bloc social et politique qui défende les intérêts de nos peuples et mette les droits sociaux, politiques, culturels et identitaires de l’être humain au centre de son travail.

NOTRE SOUTIEN AUX DROITS DE L’HOMME DES PALESTINIENS

12. Nous condamnons l’agression persistante d’Israël contre le peuple palestinien et appelons l’Union Européenne et tous ses états membres, en suivant l’exemple du gouvernement de Suède , à reconnaître l’état Palestinien et nous exigeons l’arrêt immédiat et inconditionnel du blocus de Gaza ainsi que le respect des droits de l’homme, des droits nationaux et culturels du peuple palestinien.

NON A L’EXPANSIONISME DE L’OTAN

13. Nous condamnons énergiquement la militarisation et l’agression de l’OTAN en Europe de l’Est et dans une partie de l’Ukraine pour élargir la sphère d’influence de l’Union Européenne et des Etats-Unis.

NOTRE OPPOSITION AU RACISME ET A LA XENOPHOBIE

14. Nous condamnons énergiquement la politique actuelle d’immigration de l’ l’Union Européenne dont l’inhumanité et l’absence de la moindre défense du droit à la vie provoque des milliers de morts en Mer Méditerranée et ailleurs. Nous condamnons aussi le racisme, de plus en plus important, ainsi que toute manifestation de xénophobie que souvent, les partis européens de droite utilisent en cherchant un capital électoral et politique en présentant faussement les communautés d’immigrés comme les responsables du chômage, du manque de logements et des difficultés économiques de la société, transformant les immigrés en boucs émissaires.

NOTRE SOUTIEN A LA TRANSFORMATION DU CONTROLE DES MEDIAS

15. Les corporations géantes de médias de masse montrent un des plus hauts niveaux de centralisation et de concentration du capital corporatif dans le monde et à cause de cela, répondent à de puissants intérêts de corporations géantes qui s’opposent absolument à toute tentative d’affirmation de la souveraineté nationale et d’actions anti-néolibérales de n’importe quel gouvernement au monde. Ces médias sont une arme très puissante de diabolisation et de déstabilisation des processus progressistes en développement en Amérique Latine. Pour changer les médias de masse, il faudrait un changement de société. Pendant que nous organiserons nos propres médias au niveau national et international sur la base commune de l’intérêt social. Le principe directeur de nos médias sociaux est de remplacer l’idéologie néo-libérale dominante par uneidéologie qui ait comme fil conducteur le développement social et démocratique, la participation citoyenne et les droits sociaux des peuples.

16. Nous, les peuples de Notre Amérique et d’Europe, continuerons à lutter pour nous opposer à toute forme de discrimination, d’oppression, d’exploitation, de racisme, d’exclusion, et d’injustice sociale, au néo-libéralisme et aux guerres impérialistes, nous continuerons à lutter pour la paix, l’égalité, la démocratie participative, la justice sociale, c’est à dire, nous continuerons à lutter pour construire un monde meilleur.

11 juin 2015

Bruxelles, Belgique


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