MILLE FOIS NON à l’esclavage imposé par le FMI et la BCE au peuple grec.

mercredi 1er juillet 2015.
 

Le peuple grec se prononcera dimanche 5 juillet lors d’un referendum portant sur la question « Oui ou Non à l’accord proposé par les créanciers. »

A) Allocution du premier ministre A. Tsipras au peuple grec après l’échec des négociations

Dans la nuit du vendredi 26 au samedi 27 juin, le Premier ministre grec Alexis Tsipras a annoncé, dans une adresse au peuple retransmise par la chaîne de télévision publique (ERT), la tenue d’un référendum sur les propositions faites à la Grèce par les "Institutions" (FMI, BCE, Commission européenne) dans le cadre des négociations sur la dette. Traduction.

« Depuis 6 mois, le gouvernement hellénique se bat dans des conditions dʼasphyxie financière inouïes pour mettre en oeuvre le mandat que vous lui avez confié à lʼissue des élections du 25 janvier.

Un mandat qui nous enjoint de négocier avec nos partenaires pour mettre fin à lʼaustérité et faire en sorte que notre pays renoue avec la prospérité et la justice sociale.

Un mandat qui nous enjoint de parvenir à un accord viable, respectueux de la démocratie comme des règles de l’Union, et qui permettra à la Grèce de sortir définitivement de la crise.

Tout au long de cette période de négociations, on nous a demandé dʼappliquer les mémorandums qu’avaient signés les gouvernements précédents, mémorandums que le peuple grec a pourtant catégoriquement rejetés lors des dernières élections.

Mais nous nʼavons pas un seul instant envisagé de céder.

De trahir ― autrement dit ― votre confiance.

Après cinq mois de dures négociations, nos partenaires ont malheureusement abouti, lors de lʼEurogroupe dʼavant-hier, à une proposition en forme dʼultimatum, un ultimatum adressé à la démocratie grecque et au peuple hellénique.

Un ultimatum qui contrevient aux principes fondateurs et aux valeurs fondamentales de lʼEurope, de la construction européenne.

La proposition faite au gouvernement fait peser sur le peuple grec de nouvelles charges, intolérables, mine la société, sape tout espoir de reprise économique en perpétuant lʼincertitude et en aggravant encore les inégalités.

La proposition des Institutions comprend des mesures conduisant à une dérégulation accrue du marché du travail, des coupes dans les pensions de retraite, de nouvelles réductions de salaires dans le secteur public ainsi quʼune augmentation de la TVA sur les aliments, lʼhôtellerie et le tourisme ; les Institutions préconisent dans le même temps la suppression des exemptions fiscales pour la Grèce insulaire.

Ces propositions, qui portent directement atteinte aux acquis sociaux européens et aux droits fondamentaux ― droit au travail, à lʼégalité et à la dignité ―, prouvent que certains de nos partenaires, que certaines de ces Institutions ne souhaitent pas parvenir à un accord viable, également profitable à toutes les parties, mais ont pour objectif d’humilier tout un peuple.

Ces propositions démontrent lʼinsistance mise ― en particulier par le Fonds Monétaire International ― sur une politique dʼaustérité extrême et punitive.

Les puissances aujourdʼhui à la tête de lʼEurope doivent dès lors, et plus que jamais, se hisser à la hauteur des circonstances et prendre des initiatives qui mettront fin à la crise de la dette publique grecque, une crise qui affecte dʼautres pays européens et menace le futur même de lʼintégration européenne.

Grecques et Grecs,

Nous sommes aujourdʼhui porteurs dʼune responsabilité historique à lʼégard des luttes menées et des sacrifices consentis par le peuple grec pour la protection de la démocratie et de notre souveraineté nationale ; cʼest notre responsabilité envers lʼavenir de notre pays.

Cette responsabilité nous oblige à répondre à cet ultimatum en nous appuyant sur la volonté souveraine du peuple grec.

Au Conseil des Ministres qui vient de se tenir, jʼai solennellement proposé lʼorganisation dʼun référendum afin que le peuple grec puisse se prononcer souverainement.

Cette proposition a été adoptée à lʼunanimité.

Demain, lʼAssemblée nationale se réunira en séance plénière extraordinaire afin dʼentériner la proposition du Conseil des ministres en vue de la tenue, ce dimanche 5 juillet, dʼun référendum à la faveur duquel les citoyens seront appelés à dire sʼils acceptent ou refusent la proposition faite par les Institutions.

Jʼai déjà informé de ma décision le Président de la République hellénique mais aussi, par téléphone, le Président de la République française, la Chancelière de la République dʼAllemagne et le président de la Banque Centrale Européenne ; demain, jʼadresserai un courrier officiel aux dirigeants de lʼUnion Européenne et aux Institutions pour leur demander de prolonger le programme de quelques jours en sorte que le peuple grec puisse se prononcer librement, hors de toute pression et de tout chantage, conformément à la Constitution de notre pays et à la tradition démocratique européenne.

Grecques, Grecs,

Face à cette mise en demeure dont le but est de nous faire accepter une austérité extrême et humiliante, sans fin, sans perspective de redressement social et économique, je vous invite à vous prononcer souverainement, fièrement, comme lʼhistoire grecque vous y enjoint.

Répondons à lʼautoritarisme et à lʼaustérité extrême par la démocratie, avec sérénité et détermination.

Que la Grèce, ce lieu qui a vu naître la démocratie, adresse une réponse démocratique retentissante à la communauté européenne, à la communauté internationale. Je mʼengage à respecter le résultat de votre choix démocratique, quel quʼil soit. Je suis absolument sûr que votre décision fera honneur à lʼhistoire de notre patrie et sera un message de dignité adressé au monde. En ces heures cruciales, nous devons tous nous rappeler que lʼEurope est la maison commune de ses peuples. Que lʼEurope ne se répartit pas entre des « propriétaires » et des « invités ». La Grèce est et demeurera une partie indissociable de lʼEurope et lʼEurope une partie indissociable de la Grèce. Mais une Europe sans démocratie sera une Europe sans identité et sans boussole. Je vous appelle tous et toutes, dans un même élan national, dans lʼunité et la sérénité, à prendre les décisions que nous méritons. Pour nous, pour les générations suivantes, pour lʼhistoire des Grecs. Pour la souveraineté et la dignité de notre peuple. »

B) Référendum en Grèce : Rendons à l’Europe le sens de la démocratie

Le Premier ministre Alexis Tsipras est rentré en urgence à Athènes vendredi soir, interrompant les négociations de Bruxelles, après avoir dénoncé la proposition « d’une austérité humiliante, étouffante, antidémocratique » faite par les partenaires-créanciers, chefs d’état et technocrates de l’Eurogroupe, du FMI et de la Banque Centrale Européenne. « Elle piétine la souveraineté de la Grèce ainsi que les principes d’humanisme et de solidarité qui ont inspiré création de l’édifice européen. »

Alexis Tsipras a convoqué immédiatement un Conseil de crise, transformé vers 23h30 en Conseil des Ministres exceptionnel. Le Premier Ministre grec a ensuite prononcé une déclaration officielle invoquant l’âpreté et la durée des négociations, mais aussi la dignité du peuple grec et sa souveraineté nationale remises en jeu par la proposition des créanciers. « L’avenir de la jeunesse grecque est compromis par les mesures d’austérité proposées par les autorités de Bruxelles. » Il a conclu enfin que n’ayant pas de mandat électoral pour sortir de l’Union monétaire, il avait décidé avec l’unanimité de son Conseil de poser la question au peuple grec en referendum : accepter ou non l’accord des créanciers et ses conditions léonines, bien qu’il mette définitivement en péril la survie même du pays en violant les droits humains élémentaires. Tsipras s’est engagé à respecter la décision populaire pour donner ainsi l’exemple de la démocratie à cette Europe qui en a perdu le sens. « Nous prendrons cette décision de manière démocratique, pour nous, pour nos enfants, pour la dignité et la souveraineté de notre peuple. » Tsipras a annoncé qu’il allait demander aux institutions de prolonger encore quelques jours le pays, pour que les banques du pays fonctionnent jusqu’aux élections « et éviter une pression intolérable sur le droit du peuple grec à un choix démocratique ».

S’étant clairement déclaré pour un NON sonore, Tsipras est rentré préparer la journée de samedi qui s’annonce chargée.

L’un après l’autre, les ministres ont déclaré aux caméras de la chaîne publique ERT qu’ils appelaient à voter pour le non, les conditions inacceptables faites par l’Eurogroupe et les créanciers ne laissant pas d’autre choix.

L’agence Bloomberg a aussitôt fait savoir que les banques grecques resteraient ouvertes lundi. De fait, les distributeurs sont déserts.

Les bureaux du FMI avaient annoncé hier soir qu’un retard du remboursement de 1,7 milliard d’Euros au FMI mardi prochain « ne signifierait rien d’autre qu’un retard de paiement » et non une faillite, démentant l’annonce faite précédemment par Mme Lagarde.

Pour les Grecs, le NON est le symbole de la résistance populaire du pays au fascisme, puisque c’est cette réponse opposée à Mussolini le 28 octobre 1940, qui constitue le moto central de l’une des deux fêtes nationales. « Je suis sûr que votre réponse honorera l’histoire de notre pays. Rappelons ensemble à l’Europe qu’elle est la maison des peuples, qui nous appartient comme nous lui appartenons. Pour la souveraineté et la dignité de notre peuple ! » Tsipras, vendredi 26 juin 2015.

Marie-Laure Koucoutsi, L’Humanité


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