Nous avons besoin d’un plan B pour une autre Europe, pour toute l’Europe

vendredi 24 juillet 2015.
 

Par Walter Baier et Elisabeth Gauthier (Transform). Réseau européen pour une pensée alternative et un dialogue politique.

Après cinq mois de négociations menées de manière autoritaire et arrogante, 18 chefs d’État et de gouvernement de l’Euro-groupe, sous la direction du ministre des Finances allemand, ont contraint le gouvernement grec démocratiquement élu à un accord qui contredit le programme électoral de SYRIZA et nie les résultats du référendum du 5 juillet.

Alexis Tsipras a accepté ce soi-disant « accord » sous la menace d’une asphyxie financière, d’un effondrement économique total et d’une catastrophe humanitaire.

L’accord du 13 juillet est le résultat d’un chantage inacceptable. Il est devenu absolument évident non seulement à quel point le système néolibéral de domination aggrave la crise pour les peuples pris individuellement, mais qu’il va aussi détruire l’ensemble de l’Union européenne économiquement, socialement et politiquement. Jamais auparavant l’Union européenne n’a pris une décision qui sape aussi fondamentalement le projet d’intégration européenne.

Ce n’est pas le gouvernement grec qu’il faut blâmer pour cet accord, mais les dirigeants de l’Union européenne.

Tenter de mettre en oeuvre ces mesures coercitives va provoquer la résistance de larges secteurs de la population grecque. Alexis Tsipras l’a lui-même appelé un mauvais accord et est déterminé à poursuivre la lutte pour la défense du peuple grec. Nous resterons solidaires des mouvements grecs qui résistent et se battent pour de meilleures conditions de vie de la population. Nous cherchons en même temps à élargir la lutte contre l’austérité dans toute l’Europe.

Il est clair que cette politique menée par les dirigeants de l’UE a déjà échoué et continuera à échouer et à éroder la démocratie. L’humiliation du gouvernement de SYRIZA et la punition du peuple grec sont destinées à démontrer à tous les peuples européens que la lutte contre l’austérité néolibérale et pour la démocratie est soi disant sans espoir. Ce sont non seulement Tsipras et les Grecs qui doivent être punis et condamnés à l’impuissance, mais nous tous !

Tous les gouvernements et toutes les forces politiques qui ont adopté le modèle néolibéral dans les Etats et dans l’union portent la responsabilité de la crise européenne. La tentative de domination de l’Europe de la part de secteurs influents de l’élite allemande est vouée à l’échec mais elle menace et compromet l’idée même d’unité européenne.

Aujourd’hui, l’UE est aussi déséquilibrée sur le plan politique.

Cela ne peut en aucun cas être notre Europe. Toute l’Europe a besoin d’un plan B.

Au cours de la semaine précédant le référendum, la semaine du OXI, dans 150 villes à travers l’Europe, 200 000 personnes ont manifesté leur solidarité dans la lutte contre la politique d’austérité. Enfin la Confédération européenne des Syndicats a également élevé la voix et exigé, en accord avec certaines des plus grandes confédérations syndicales nationales, que les dirigeants politiques européens respectent les résultats du référendum ; de nombreux économistes parmi les plus importants du monde ainsi que de nombreux intellectuels européens appellent à un changement de politique de la part des gouvernements et de l’UE ; des centaines de milliers de citoyens européens ont déclaré leur soutien au peuple grec. Ce sont de nouveaux éléments positifs et importants. Cependant jusqu’à présent, il a été impossible d’obtenir que soient adoptés les changements politiques urgents et nécessaires.

Il faut une action européenne encore plus décisive.

La raison du dilemme actuel n’est pas l’échec du gouvernement SYRIZA, mais son isolement par rapport aux autres gouvernements européens. C’est notre propre faiblesse qui nous a été renvoyée, le 13 juillet, et nous avons besoin d’y réfléchir et d’en discuter sérieusement.

Diverses options stratégiques sont en cours de discussion au sein des mouvements, des gauches européennes et grecques, parmi elles le Grexit. C’est au peuple grec d’accepter ou de rejeter cette option. Dans ce contexte, notre tâche la plus importante est de construire la lutte contre la politique d’austérité à l’échelle européenne et de changer le rapport de forces dans nos pays et dans toute l’Europe, et ce faisant, d’atténuer les souffrances du peuple grec et d’élargir la marge de manoeuvre de ses décisions politiques.

Cela continue d’exiger notre coopération, notre solidarité et notre unité à l’échelle européenne.

Dans cet esprit, nous préparons des initiatives, des mobilisations à l’échelle européenne et une manifestation conjointe à Bruxelles en octobre.


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