Grèce : Que penser de l’insoutenabilité de la dette et des solutions proposées ?

dimanche 9 août 2015.
 

Le texte du sommet de la zone euro fait apparaître une énorme contradiction  : il exprime des «  doutes sérieux  » sur le «  caractère soutenable de la dette grecque  », mais il s’obstine à refuser toute véritable restructuration : pas « de décote nominale sur la dette ». Comme le résume très bien le ministre de l’Économie, Emmanuel Macron : « Je ne pense pas que, sur le long terme, ce niveau de dette soit possible [mais] à court terme, il est impossible d’avoir un accord sur le sujet.  »

Pour se dédouaner, le texte cherche à reporter la responsabilité sur le gouvernement grec, en invoquant le «  relâchement des politiques au cours des douze derniers mois qui a entraîné la dégradation récente de l’environnement macroéconomique et financier du pays  ». Le texte évoque la «  série impressionnante  » de mesures déjà prises sous forme d’étalement de la dette et de réduction des taux d’intérêt.

Mais les mesures en question, c’est tout le problème, ont été assorties de conditions qui ont conduit à une énorme récession, et donc à un alourdissement mécanique de la dette. Et elles n’ont pas empêché que, pour la seule année 2015, la Grèce ait été censée rembourser la somme tout aussi «  impressionnante  » de 16 milliards d’euros, soit environ 8 % du PIB.

L’Eurogroupe ne propose que des mesures virtuelles «  subordonnées à la mise en œuvre intégrale des mesures à convenir [et qui] seront envisagées après le premier réexamen qui aura abouti à un résultat concluant  ». Ce qui compte, c’est l’exigence du vote immédiat de «  réformes  », qui ne peuvent qu’accentuer la récession déjà en cours, mais qui sont la condition pour que le robinet de la BCE s’ouvre à nouveau.

Ce prétendu «  accord  » n’offre donc aucune issue au problème de la dette. Il consiste à mettre la Grèce sous perfusion et à lui imposer, avec une obstination effrayante, les mêmes recettes qui n’ont pas fonctionné. La Grèce sera d’autant moins capable de rembourser la dette, mais ce paradoxe n’est qu’apparent, parce que l’objectif est de casser une expérience alternative, même s’il faut pour cela châtier tout un peuple.


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