Grèce : Le hold-up des privatisations, quelles conséquences économiques et sociales  ?

samedi 1er août 2015.
 

Par Henri Sterdyniak, Co-animateur des Économistes atterrés

Les privatisations des entreprises et des services publics sont une composante obligée de tous les programmes d’assistance que le Fonds monétaire international (FMI) met en place. Selon son idéologie libérale, les entreprises sont toujours mieux gérées quand elles sont privées.

Ainsi, depuis 2010, la Grèce se voit imposer un vaste programme de privatisations. Celui-ci, qui devait rapporter 50 milliards d’euros, concerne les aéroports, les ports, des autoroutes, les entreprises de transport et de téléphonie, la poste, la loterie nationale, des services d’eau, les entreprises d’électricité et du gaz. Fin 2014, les privatisations n’avaient rapporté que 7,7 milliards (dont 3,1 milliards effectivement perçus).

Les acheteurs potentiels, généralement des sociétés étrangères, occidentales, russes ou chinoises, alliées aux oligarques grecs, profitent de la situation pour négocier les prix les plus bas possible. Ils veulent des garanties sur la possibilité d’augmenter les tarifs, de baisser les salaires et les effectifs. C’est la ruée des charognards pour dépecer le pays.

Le gouvernement Syriza avait suspendu les privatisations. Le diktat du 12 juillet lui impose de les reprendre. Des actifs publics de valeur devront être transférés dans un fonds de privatisation. Les privatisations sont, de nouveau, censées dégager 50 milliards  : les premiers 25 milliards serviraient à rembourser la recapitalisation des banques, les 25 milliards suivants pour moitié à réduire la dette, et pour moitié à l’investissement. La gestion de ce fonds sera supervisée par les institutions européennes.

En fait, ces 50 milliards, plus du quart du PIB grec, sont une surévaluation grossière des recettes possibles  ; le FMI évalue à 7 milliards le produit potentiel des nouvelles privatisations. Il n’y aura donc pas de fonds disponible pour l’investissement.

La Grèce s’appauvrira en vendant à bas prix ses entreprises  ; les ventes se feront sur des critères purement financiers  ; les acquéreurs n’auront pas à prendre l’engagement de développer les entreprises en apportant des capitaux frais  ; ces privatisations ne s’inscrivent pas dans un programme cohérent de renouveau productif de l’économie grecque.


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