Inde : deux jeunes sœurs condamnées à un viol collectif

mardi 1er septembre 2015.
 

Pour signer la pétition d’Amnesty International, cliquer sur l’adresse URL portée en source (haut de page, couleur rouge). Le texte de la pétition est en anglais.

Dans le Nord de l’Inde, deux sœurs, dont l’une n’a que 15 ans, ont été condamnées par leur conseil de village à être violées et exposées nues comme punition. Leur crime ? Leur frère s’est enfui avec une femme mariée.

Amnesty International a lancé une campagne appelant à la protection de ces femmes.

Plus de 122.000 personnes avaient signé dimanche cette pétition mise en ligne par Amnesty International, pour protester contre cette décision prise par un conseil d’anciens, appelé panchayat, dans l’Etat de l’Uttar Pradesh au nord de l’Inde. "Un conseil de village exclusivement masculin, et dont les membres ne sont pas élus, a donné l’ordre qu’elles soient violées et exposées nues, leur visage peint en noir, en châtiment pour les agissements de leur frère", explique Amnesty.

Les deux sœurs, âgées de 15 et 23 ans, ont fui le village, craignant les violences. Depuis que leur maison a été totalement mise à sac, toute la famille craint pour sa sécurité. Un autre de leurs frères, Sumit Kumar, a témoigné à Amnesty : « Dans le panchayat, la décision des Jats est définitive. Ils ne nous écoutent pas. La police ne nous écoute pas. La police a dit que n’importe qui pouvait être assassiné maintenant ». Interrogé par l’AFP, le chef de la police de Bhagpat, Sharad Sachan, a affirmé que l’enquête n’avait jusqu’à présent révélé aucune menace de viol à l’encontre des deux soeurs. "Nous avons enquêté sur les accusations et constaté que le conseil n’avait pas débattu de cette affaire et que les menaces n’avaient pas été proférées à l’encontre de ces femmes".

Pour obtenir protection, l’une des deux sœurs a saisi la Cour suprême pour demander de l’aide, pour sa famille, qui s’est enfuie de son village situé dans le district de Bhagpat.

« Des tribunaux de pacotilles »

La famille appartenant à la communauté des Dalit (Intouchables) a été contrainte de se cacher après que leur frère se fut enfui avec une femme, mariée, d’une caste supérieure, a indiqué Vivek Singh, l’avocat de la soeur aînée qui a saisi la Cour Suprême. Le conseil des anciens de cette caste des "Jats" a ordonné le viol des soeurs, âgées de 23 et 15 ans, après que des Jats eurent accusé, à tort, leur frère d’avoir enlevé la femme mariée. Amnesty a demandé dimanche une enquête sur la décision du conseil, rappelant que les membres de la communauté Dalit étaient victimes de discriminations.

Bien que les conseils de village ou d’anciens n’aient aucune valeur juridique, ils conservent une influence considérable dans l’Inde rurale. En 2011, la Cour suprême de l’Inde a décrit ces panchayats comme des « tribunaux de pacotille » et a déclaré que leurs décrets étaient illégaux. Ils sont accusés par leurs détracteurs de rendre une justice expéditive et de tolérer les "crimes d’honneurs" contre des couples qui ne se plient pas à la tradition. L’année dernière, l’un de ses conseils avait condamnée une femme au viol collectif pour sa relation avec un homme d’une autre communauté.


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