Vallaud-Belkacem ment sciemment

samedi 5 septembre 2015.
 

Ce lundi 31 août, à la matinale de France Inter, un journaliste a demandé à madame la ministrissime de l’éducation nationale ce qu’elle pensait de mes accusations concernant le trucage du nombre de postes d’enseignants créés par le gouvernement Hollande. Naturellement le journaliste n’avait pas prévu de devoir éventuellement la contredire, le cas échéant en allant chercher lui-même l’information sur les effectifs de l’éducation nationale. Dans la novlangue des médias, ça donne « le ministre doit s’expliquer ». Le journaliste, lui, se moque de ce qu’il peut en être réellement. Que la ministre se serve de son antenne pour dire des mensonges, tromper les auditeurs avec la participation active de son silence, n’est pas son problème. Il a donné la parole, il a « permis au ministre de s’expliquer ». Un point c’est tout. Tel est le métier qui se pratique là : « passer les plats » sans discuter la parole de ceux qui sont au pouvoir et font les nominations, montrer son impertinence et sa liberté de ton en tapant les opposants. En toute tranquillité d’esprit il a donc laissé la ministrissime dérouler son discours sans l’interrompre, ce qui est rare de sa part, ni la contredire, ce qui dépend de l’interlocuteur. À son image, les fact-checkers et autres « décrypteurs » et ainsi de suite, d’habitude prêts à me découper en rondelles pour un chiffe erroné après la virgule, même dans une page et demie de démonstration, se sont tous pieusement tenus à l’écart. Tel est l’ordre médiatique. Qui a raison ? Je lance le défi à tous ces vérificateurs. J’accepterai même sans broncher une de leur habituelle entourloupe du genre « d’accord Mélenchon n’a pas totalement tort mais le cinquième chiffre après la virgule est tout à fait inexact, c’est 8 et non 7 ! »

Voici les chiffres. Sarkozy a supprimé 80 000 postes. Hollande a promis de créer 60 000 postes. En toute hypothèse, il en manquerait 20 000 alors que le nombre d’élèves aura augmenté. Ça c’est la base de l’enfumage de Hollande. Maintenant voyons la réalisation. Najat Vallaud-Belkacem parle de « 35 200 postes créés ». Qu’en est-il ? Première mise au point : dans ce total, il y a 24 300 postes de professeurs de l’enseignement primaire et secondaire (école, collège et lycée). En fait ce ne sont pas des professeurs titulaires. Ils sont stagiaires. Madame la ministre dit qu’ils finiront par être titularisés. Admettons par principe qu’il y ait 100 % d’admis à la fin du stage. Pourquoi pas. Ils seraient alors tous professeurs. Est-ce que cela fera 24 300 professeurs de plus devant les élèves ? Non. Pourquoi ? Parce que chaque année il y a des départs à la retraite. Combien ? 17 000 l’an passé. Si l’on fait la soustraction on voit que 24 300 – 17 000 laisse un solde positif de 7300.

Ce n’est pas le seul démenti par les chiffres que je veux opposer aux propos de la ministre. Je lui demande de lire les chiffres publiés par son propre ministère. Le ministère dit qu’il y a eu 4130 créations de postes. Pas un de plus. Tout le monde peut aller vérifier ! Ce qui n’a rien à voir avec les 30 000 annoncés ! Je continue mon raisonnement. J’accepte d’ajouter sans autre forme de discussion les 4100 du ministère plus les 7000 qui resteraient après remplacement de départ en retraite. On voit que dans le meilleur des cas, il y aura à terme 11 000 professeurs de plus. Pas 24 000 et encore moins 30 000 ! Encore faut-il bien préciser que tout cela reste bien théorique et calculé de la façon la plus favorable au ministre. En effet l’année suivante, en 2016, il y aura 13 000 départs de plus à la retraite chez les professeurs. Pour rester dans le raisonnement précédent, il faudrait qu’il y ait donc 13 000 stagiaires recrutés cette année, en 2015 ! C’est-à-dire qu’il faudrait embaucher en un an la moitié des embauches faites en trois ans de mandat ! Après quoi il n’y aurait pourtant toujours pas un professeur de plus devant les élèves !

Pendant ce temps, la qualité d’encadrement des jeunes continuera à baisser. En effet si le nombre des professeurs diminue, le nombre des élèves, lui, augmente ! Il y en a 54 000 de plus cette année ! Dans ces conditions, il y a plus d’élèves par enseignant aujourd’hui qu’en 2005 en primaire et dans le secondaire ! C’est tout cela que l’arrogante Najat Vallaud-Belkacem veut effacer par des paroles trompeuses. Elle ment dans le détail. A moins qu’elle ne sache pas de quoi elle parle. Ainsi, dit-elle dans le cours de son discours sur France Inter, sans être démentie ni pendant ni après, que ses fameux 24 300 stagiaires sont des emplois « temps plein ». Budgétairement c’est vrai. Sur le terrain c’est faux. En effet les stagiaires ne sont que 50 % du temps devant les élèves puisqu’ils sont eux-mêmes en formation ! Autrement dit, les 24 300 ne font que 12 150 équivalent temps plein. Dans la meilleure tradition solférinienne, la ministre dit une chose, en fait une autre, pendant qu’une troisième a lieu.

Elle ment sciemment. Mais elle me recommande de façon hautaine de « me grandir » et même de « grandir » avec toute la morgue de ces sortes de parvenus qui grouillent autour de Valls. Je lui recommande d’apprendre les additions et les soustractions, qui s’apprennent en CM1, et peuvent se réviser à tout âge. Dans ce domaine comme dans tous ceux qui concernent la vie de gens simples qui croient à l’école et au mérite, le quinquennat aura été une honte, une régression et une amputation du futur. J’ajoute ici que ces gens-là sont responsables de la fermeture de 36 lycées professionnels depuis trois ans. 12 par an ! Un gâchis consternant ! Tout cela est fait pour pousser les jeunes en apprentissage. Mais ce ne sont pas leurs gosses, bien sûr !


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