François Hollande est allé jouer à détrousse-cadavre en Grèce

samedi 31 octobre 2015.
 

Il est allé se faire voir chez les Grecs

Ces jeudi 22 et vendredi 23 octobre, il était à Athènes. Le but essentiel de son voyage était d’aider des multinationales françaises à profiter du plan de privatisation imposé à la Grèce en juillet. Rendez-vous compte, l’Union européenne exige de la Grèce des privatisations à hauteur de 50 milliards d’euros dans les années qui viennent ! Bien sûr, dans le sillage de Mme Merkel, les entreprises allemandes ont déjà flairé les meilleurs filons. François Hollande veut aussi une part du gâteau pour la finance française. Qu’il ait offert à Alexis Tsipras une édition de L’histoire de la Révolution Française de Jean Jaurès ne masquera pas le but de sa visite. Cela révèle juste l’humour noir du personnage.

Sur la question centrale de la dette grecque, François Hollande a totalement pris à son compte les positions officielles les plus dures de l’Union européenne. Pour lui, il est urgent d’attendre avant de discuter du sujet. « Il faut que la Grèce mette en œuvre les réformes » du mémorandum de juillet avant de discuter de la dette. Quant à la renégociation elle-même, il a confirmé qu’il était hors de question de réduire le montant total de la dette. C’est pourtant le cœur de la demande du gouvernement grec. Cette dette culmine en effet à près de 180% de la richesse produite par la Grèce en une année. Et cette proportion devrait monter à 200% sous l’effet de la récession que vont produire les nouvelles mesures d’austérité imposées.

François Hollande s’est donc une nouvelle fois aligné sur les durs de la zone euro. Il a dit la même chose que le président du Mécanisme européen de stabilité, l’allemand Klaus Regling dans le Financial Times au début du mois. Seul un allongement éventuel des échéances de remboursement est envisagé. Et dans le meilleur des cas, l’Union européenne consentirait à évoquer une possible réduction du taux d’intérêt exigé ! Mais rien de plus. Pour eux, le problème n’est pas la dette, seul le montant à rembourser chaque année mérite d’être discuté, sans s’avancer sur la décision finale. La mise sous tutelle de la Grèce n’est donc pas près de s’arrêter.

La visite de François Hollande avait un peu l’allure d’une inspection d’un consul aux colonies. D’un ton paternaliste, il a ainsi félicité Alexis Tsipras d’avoir accepté le mémorandum d’austérité. Il a exigé que la Grèce l’applique avec rigueur. La France va même apporter une « assistance technique » pour « accompagner la Grèce dans ses réformes ». C’est à dire pour la mise en œuvre du plan d’austérité ! Au secours, notre pays va ainsi rejoindre l’Allemagne dans la liste des pays fournisseurs de commissaires politiques chargés de veiller à la bonne exécution de la saignée !

La liste des domaines « d’aide » fait froid dans le dos quand on sait la politique du PS en France. François Hollande a ainsi promis de l’aide dans la lutte contre la fraude fiscale. A-t-il prévu d’envoyer Jérôme Cahuzac en Grèce ? Un autre domaine de coopération sera la réforme des hôpitaux. Suppression de lits, fermetures de services, renvoi à domicile expéditif des patients après les opérations, cette recette détestable sera donc appliquée en Grèce aussi comme ici. Enfin, le troisième domaine ne manque pas de sel. Il s’agit de la gestion des actifs de l’État. C’est-à-dire que François Hollande a proposé l’aide de la France pour aider la Grèce à privatiser ses aéroports, infrastructures et entreprises et à brader son patrimoine immobilier et terrien. En la matière, François Hollande sait de quoi il parle, lui qui a déjà vendu des participations de l’Etat dans plusieurs entreprises stratégiques en France : EADS, Safran, GDF…

Ces privatisations, c’était le véritable but de la visite de Hollande. « Je suis venu avec des chefs d’entreprises qui veulent investir en Grèce » a-t-il déclaré. Il a même poussé le vice à présenter cette démarche comme de la « solidarité » à l’égard des Grecs pour les aider à « augmenter la croissance » ! On se pince ! Il a ainsi vanté la présence de 120 entreprises françaises en Grèce, ce qui en fait le quatrième investisseur étranger dans ce pays. L’objectif de François Hollande est d’augmenter leurs parts de marchés, pas de relancer l’économie grecque.

Il a ainsi affirmé être « venu avec une délégation de chefs d’entreprises pour qu’ils aient confiance dans la Grèce ». Et il a listé les cibles : santé, énergie, services urbains, nouvelles technologies… Les dirigeants d’Alstom, Vinci et Suez environnement accompagnaient par exemple le chef de l’État. Avec chacun un objectif précis. Pour Alstom, il s’agit de prendre le pas sur l’allemand Siemens pour rafler la mise de la privatisation de l’entreprise publique de transport ferroviaire. Suez environnement vise la privatisation de la gestion de l’eau dans les grandes agglomérations. Vinci espère profiter des ventes de ports, aéroports et autoroutes même si l’allemand Fraport a raflé déjà 14 aéroports régionaux. Ceux qui extorquent des sommes indues en France sur les factures d’eau ou aux péages d’autoroutes espèrent bien accumuler encore plus de profits sur le dos du peuple grec !

La méthode est sans foi ni loi. Suez par exemple est prête à tout pour obtenir la gestion de l’eau de Thessalonique. Les citoyens ont rejeté en 2014 par référendum à 90% la privatisation. Le Conseil d’État grec a jugé cette privatisation anticonstitutionnelle car relevant d’un service essentiel. Mais Suez espère obtenir une part du gâteau quand même. Soit en obtenant du gouvernement grec qu’il relance la procédure, soit en se limitant au rachat de 49,9% de l’entreprise.

Et François Hollande manœuvre tant qu’il peu au service de ses multinationales. Libération nous apprend ainsi que « et d’une, Hollande aurait fait pression sur Bruxelles pour que les financements de l’autoroute Corinthe-Patras soient assurés intégralement par l’Europe. Et qui veut achever les travaux ? Vinci ! Et de deux, en signant des accords d’assistance avec les administrations grecques, [la France] rentre à l’intérieur des ministères… Soit le meilleur moyen d’accéder directement aux dossiers économiques. Et de trois, le conseiller économique de l’ambassade de France a le statut de “membre observateur” de l’Eurogroupe au sein de Taiped, l’organisme qui gère les privatisations et qui doit trouver cinquante milliards d’euros à l’horizon 2018. De jolis petits cailloux avant de cimenter les contrats ».

Beurk ! Hollande jouait le « bon flic », laissant Merkel jouer la méchante. Mais son attitude n’était pas seulement inutile, elle était tout aussi nuisible pour la Grèce ! Cette visite intervient au moment où commence la première « revue » de la mise en œuvre des réformes, l’examen de contrôle par la dictature européenne. En fonction du bilan que dresseront les émissaires des créanciers, la discussion sur la dette commencerait ou pas. La venue de François Hollande est donc un message à peine dissimulé : si Tsipras veut espérer un soutien sur la revue des réformes, il va falloir faire plaisir aux businessmen amis de Hollande.

L’humiliation est totale. En guise de « solidarité », François Hollande a aussi proposé que la France devienne le premier pays d’accueil d’étudiants grecs. N’y voyez aucune philanthropie. C’est seulement une réponse à Mme Merkel pour lui signifier son intention de participer également au pillage des cerveaux grecs, domaine dans lequel l’Allemagne a pris une longueur d’avance. Après avoir aidé à enfoncer le gouvernement d’Alexis Tsipras dans la négociation du début de l’été, François Hollande participe activement au pillage de ce qui reste de l’économie grecque. Et en notre nom, paraît-il. La honte !

L’abaissement de notre pays par ses présidents actuel ou passés est sans limite. Pendant que François Hollande jouait au pillard, Nicolas Sarkozy participait à Madrid au Congrès du Parti populaire européen, le parti de droite. A ses côtés, Mme Merkel et le Premier ministre espagnol austéritaire Mariano Rajoy. Mais aussi le président hongrois Viktor Orban, celui-là même qui construit des murs et des barbelés contre les migrants ! Ainsi va la France vassalisée dans « l’Europe qui protège ».


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