La Turquie d’Erdogan reconnaît bombarder les Kurdes de Kobané et de Tal Abiad en Syrie

jeudi 10 décembre 2015.
 

C’était un secret de Polichinelle. Lundi soir, lors d’un entretien télévisé, le premier ministre turc Ahmet Davutoglu a reconnu que l’armée turque luttait contre les combattants kurdes de l’YPG de Syrie, branche armée du Parti de l’union démocratique (PYD) et allié des États-Unis et de la Russie contre le groupe « État islamique » (Daech). «  Nous avions dit  : le parti PYD ne mettra pas le pied à l’ouest de l’Euphrate, sans quoi nous le frapperons. Et cela, nous l’avons fait à deux reprises  », a-t-il confié à la chaîne de télévision A Haber, alors que des élections législatives sont programmées ce dimanche 1er novembre. Il n’a pas précisé les lieux ni les dates mais les forces kurdes de Syrie ont apporté des précisions. Selon l’YPG, des tirs de chars contre ses positions ont été effectués le week-end dernier près des villes frontières de Tal Abiad et de Kobané.

Tal Abiad a été prise en juin dernier par l’YPG au groupe État islamique, avec l’appui aérien de la coalition internationale sous conduite américaine. C’est la deuxième grande victoire des militaires kurdes après la défaite en janvier dernier des hommes de Daech à Kobané, malgré la complicité passive de l’armée turque. C’est cette progression des forces kurdes, jugées par Ankara proches de la rébellion en Turquie du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui suscite l’hostilité de la Turquie. Le pouvoir turc craint que le PYD ne cherche à contrôler tout le nord de la Syrie pour y créer un État autonome, même si le Parti de l’union démocratique s’en défend. Depuis le début de la guerre civile, les Kurdes syriens ont mis en place trois zones autonomes. Une initiative mal vue par la Turquie, qui redoute que cela n’encourage les séparatistes kurdes de Turquie.

C’est la première fois que la Turquie reconnaît s’être attaquée aux forces kurdes de Syrie. Mais ce n’est pas la première fois qu’elle est accusée de le faire. Fin juillet, des chars turcs ont bombardé des positions de l’YPG dans le village syrien de Zur Maghar, dans la province d’Alep, près de la frontière turque. Quatre combattants avaient été blessés ainsi que des habitants. «  Au lieu de s’en prendre aux positions occupées par les terroristes de l’EI, les forces turques attaquent nos positions de défense. Nous appelons les dirigeants turcs à mettre un terme à cette agression et à s’en tenir aux directives internationales. Nous disons à l’armée turque de cesser de tirer sur nos combattants et leurs positions.  » Cet appel est toujours d’actualité.

Damien Roustel, L’Humanité


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