Convention nationale PRS Interview de Jean Luc Mélenchon

vendredi 21 avril 2006.
 

Pourquoi était-ce important pour vous d’être présent à cette convention ?

PRS est une organisation qui évolue sans cesse, cette convention était un palier. Peut-être que jamais autant que cette fois-ci le caractère autonome de cette organisation ne s’est présentée à ses propres yeux. Dans le passé on avait un peu le sentiment de s’intégrer dans une mouvance beaucoup plus large, plus ample, dans laquelle la contribution particulière de PRS se présentait comme le prolongement de quelque chose d’informel, bien que dans le paysage, le vote non du parti socialiste. Là, on aperçoit l’autonomie de PRS, son rôle spécifique, sa contribution particulière au paysage politique à gauche. Naturellement c’est sans prétention, parce que PRS n’est pas un parti politique, c’est une association, et elle n’existe pas dans tout le pays quoiqu’elle soit fortement représentée... Donc on avait ce palier à franchir, c’est-à-dire que nos amis se regardent eux-mêmes comme des protagonistes d’une histoire en cours de fabrication, la gauche en train de se réinventer.

Qu’est ce qui vous aura le plus transformé durant ces deux jours, quels sont les temps forts que vous avez vécu ?

Vraisemblablement la deuxième partie de l’après-midi, hier, quand se succédaient à la tribune les invités et les militants PRS. On voyait comment ils s’exprimaient de cette façon, au sein d’une espèce de parti aux murs invisibles, ce parti de l’union populaire où les points de vue contribuent tous à s’enrichir. On ne sentait plus les frontières d’organisations. J’ai trouvé cela assez magique, ça changeait le regard de mes camarades, en particulier tous ceux qui sont socialistes de longue date et qui se sentaient rassurés par ce spectacle, ce qu’ils voyaient, ce qu’ils entendaient. On ne voyait pas exploser la différence des cultures. Notamment quand les alternatifs se sont exprimés. Ils sont les plus loin de nous, au sens culturel, parce que nous sommes très profondément républicains, très lourdement jacobins, lourdement laïques, alors qu’eux sont assez frivoles sur ces sujets, à mon avis. On sentait que ce n’est pas infranchissable et on voyait des points d’osmose se créer. J’ai trouvé ça assez magique, le moment où chacun change sur soi-même, sur les autres... Je crois vraiment à ça, l’alchimie humaine, puisqu’on vit dans une organisation. Je ne fais pas partie de ces gens qui méprisent les partis, qui méprisent les organisations, ont un regard consumériste sur l’engagement politique. Je crois qu’un engagement politique a vocation à transformer la société, c’est son objet. Mais en même il change celui qui y participe. Il le change en tant qu’être humain, d’abord parce qu’il élève son niveau d’altruisme, et ensuite parce qu’il élève son niveau intellectuel, et y compris sa propre pratique de sa vie privée en lui montrant par quel chemin une vie strictement privée trouve une connexion avec le collectif. Ce sont des choses un peu philosophiques qui ont une grande importance parce que dans le concept d’émancipation qui est au coeur de notre manifeste, il y a cette articulation entre l’individuel et le collectif. L’émancipation passe par des chemins qu’on connaît, mais il y a un chemin plus intime, plus personnel qui participe de la construction individuelle de l’être humain, qui est justement ce moment d’altruisme, de rencontre de l’autre, où on va plutôt chercher ce qui le rend semblable que ce qui le rend différent.


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