Victoire de la droite aux élections législatives suédoises

dimanche 1er octobre 2006.
 

Les élections législatives suédoises ont débouché, dimanche 17 septembre, sur un changement de majorité au profit de la coalition de droite.

Certes, avec 51 % des voix contre 49 % aux partis de gauche et 178 députés contre 171, la victoire des conservateurs aux élections parlementaires du 17 septembre est étroite. Mais le Parti social-démocrate perd quatorze sièges, alors que le Parti conservateur, axe de la coalition de droite, en gagne 42 et obtient son meilleur résultat électoral depuis 1928. Un gain de deux sièges pour les Verts et une perte de huit sièges pour le Parti de la gauche confirment le recul des forces de gauche. La principale raison de la défaite de la gauche est bien évidemment la politique libérale - privatisations et coupes dans les budgets sociaux - menée pendant douze ans par les sociaux-démocrates, ainsi que leur incapacité totale à enrayer la montée du chômage. Mais une autre raison du changement de majorité au Parlement tient à l’attitude du Parti de la gauche. Il a été incapable de construire une alternative de gauche à la social-démocratie, du fait de son soutien quasi permanent au gouvernement précédent. Même lorsque ce dernier a mis en œuvre son programme de privatisations, aucun autre choix politique n’a été offert aux travailleurs suédois. Ce qui a conduit une partie de ceux-ci à voter pour les Démocrates suédois, un parti raciste.

Car il y a plus inquiétant encore que la victoire des conservateurs aux élections législatives : le succès des Démocrates suédois aux élections municipales. Alors que les sociaux-démocrates ont été incapables de créer des emplois, les « Démocrates » ont surfé sur le racisme, stigmatisant le niveau élevé de chômage des immigrés et des réfugiés. Avec 2 % des suffrages, ils ont, cette fois, raté leur entrée au Parlement. Mais si rien ne change au sein de la gauche et de l’extrême gauche dispersée, ils y parviendront probablement la prochaine fois. Aux élections locales, ils ont, d’ores et déjà, gagné de nombreux sièges. Ils ont obtenu des scores élevés dans le sud de la Suède, région limitrophe du Danemark, atteignant jusqu’à 10 % aux élections législatives et 20 % aux élections locales.

Les Verts étaient le troisième parti à avoir soutenu le gouvernement social-démocrate. Mais ils n’ont jamais eu beaucoup d’influence dans les milieux ouvriers et n’ont jamais été considérés comme une alternative à la social-démocratie. Parmi les partis non représentés au Parlement, le second en influence (après les « Démocrates ») est un nouveau parti, l’Initiative féministe, dirigé par une ancienne présidente du Parti de la gauche. Il a obtenu un résultat décevant : 1 % aux élections législatives, essentiellement des suffrages venus de la gauche, bien qu’il prétende se situer en dehors du clivage gauche/droite et ne donne pas la priorité aux questions sociales. Le parti bourgeois et eurosceptique, Junilistan, a également atteint un score médiocre : 0,5 % des voix, alors qu’il avait recueilli 14 % des suffrages lors des dernières élections au Parlement européen !

Ces élections témoignent d’un véritable déplacement à droite du corps électoral. Il semble bien que le Parti conservateur ait gagné des voix sur les sociaux-démocrates dans les couches moyennes, mais aussi dans la classe ouvrière. Il bénéficie maintenant d’un soutien dans le monde du travail supérieur à celui du Parti de la gauche. Et, dans les élections locales, un nombre significatif de travailleurs a voté pour l’extrême droite.

Les résultats électoraux de l’extrême gauche ne sont pas bons non plus et, si on additionne les résultats des différentes listes, on ne constate aucune progression. Aux élections locales, les deux petits groupes staliniens ont perdu cinq ou six sièges, alors que les deux partis de sensibilité trotskyste en gagnaient cinq ou six. La section suédoise du Comité pour l’Internationale ouvrière a plus de conseillers locaux (huit, dont trois nouveaux) que les autres groupes d’extrême gauche. Le Parti socialiste (section suédoise de la IVe Internationale) en a obtenu quatre.

De Stockholm, Anders Svensson traduit par François Duval


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