Au service de l’accessibilité universelle et de notre ultime liberté

vendredi 13 novembre 2015.
 

Pour ce gouvernement l’austérité est sans limite. Les personnes en situations de handicap en sont les premières victimes. Alors que les Allocations Adultes Handicapées (AAH) sont d’un montant si faible que des millions de citoyens français vivent sous le seuil de pauvreté en France, le gouvernement voulait encore leur faire les poches ! Mais la mobilisation a payé, et face à l’indignation citoyenne, le gouvernement a cédé. De quoi encourager les résistances d’opposition citoyenne à ce gouvernement, dans la rue comme dans les urnes.

Dans le projet de loi de finances 2016, le gouvernement avait prévu de prendre en compte les intérêts des livrets non soumis à l’imposition dans le calcul des ressources des bénéficiaires de l’AAH. Avec ce nouveau mode de calcul, le gouvernement comptait leur supprimer leurs droits connexes, complément de ressources et majoration pour la vie autonome. Pour 205 euros par an maximum tirés des intérêts de l’argent mis de côté dans leurs livrets, les personnes allaient perdre entre 1 257 euros et 2 151 euros par an, sommes indispensables à leur « survie ». Plus de 200 000 personnes en situations de handicap vivant dans cette précarité ont ainsi risqué de perdre de 105 à 179 euros par mois ! Le gouvernement avait également prévu d’intégrer le patrimoine dans les critères d’éligibilité de l’aide personnalisée au logement (APL), cette baisse ou suppression des APL s’ajoutant encore à la baisse du pouvoir d’achat. Quelle honte ! Ce gouvernement préfère s’attaquer aux plus faibles plutôt que d’engager une réelle révolution fiscale au service de la redistribution des richesses.

Mais d’autres attaques sont toujours à l’œuvre contre les personnes en situations de handicap. Le gouvernement poursuit l’entreprise continue de détricotage opérée par les gouvernements successifs de la loi sur l’emploi de 1987, déjà peu opérante, concernant les travailleurs dits handicapés. Les décrets d’application de la loi Macron prévoient d’exonérer les entreprises de plus de 20 salariés de leur obligation d’emploi de travailleurs dits handicapés à hauteur de 6 % de l’effectif. Les entreprises qui accueillent des personnes handicapées pour un mois au titre d’une “période de mise en situation en milieu professionnel”, mais non rémunérées et de fait sous statut de chômeurs (comme des adolescents de moins de 16 ans en stage au titre des “parcours de découverte”), pourront les comptabiliser pour atteindre leur taux de 6% ! Alors que le taux de chômage des personnes handicapées est deux fois plus élevé que pour le reste de la population, ce gouvernement s’empresse de faire de nouveaux cadeaux au MEDEF sur le dos des plus précaires !

Les logiques austéritaires menacent également l’indépendance des Maisons Départementales du Handicap dont les financements pourraient dépendre des Conseils départementaux, ce qui opérerait une rupture d’égalité républicaine entre les territoires dans l’accès aux droits, une menace pour la pérennité des moyens alloués face à l’asphyxie budgétaire des collectivités, et une confusion des rôles entre décideurs d’attribution d’aides et payeurs.

Auparavant, le gouvernement avait aussi déjà décidé d’élargir le champ des dérogations possibles avec la loi du 5 août 2015 sur l’accessibilité des établissements recevant du public (ERP), malgré les retards si considérables de la France en matière d’accessibilité ! Sans parler des cadeaux accordés aux lobbies des promoteurs et grandes entreprises du bâtiment par la réduction des normes d’accessibilité dans le cadre bâti.

On pourrait prolonger la liste en abordant la précarité et l’insuffisance d’auxiliaires de vie scolaire pour accompagner la scolarité des enfants dits handicapés, le manque criant de structures d’accueil adaptées qui condamnent à l’exode notamment vers la Belgique nombre de familles, l’accessibilité défaillante des transports publics, sans parler de l’accès à la culture éternellement oubliée ou méprisée des politiques publiques …Comment accepter en République qu’une partie du peuple soit ainsi reléguée au statut de sous-citoyens ? La question du handicap nous concerne bien toutes et tous, car non seulement nous pouvons toutes et tous être à un moment donné face à une situation de handicap, mais aussi dans notre conviction d’indivisibilité du peuple, on ne peut tolérer que parmi ses membres certains soient relégués au statut de sous-citoyen. Nous ambitionnons bien de défendre les enjeux de l’accessibilité dans nos listes citoyennes d’opposition de gauche aux élections régionales, une accessibilité à la citoyenneté ! La République est un idéal inachevé, la prise en compte de l’accessibilité universelle est une ambition indissociable de tout projet au service de l’émancipation de toutes et tous.

Cette semaine, une autre grande question essentielle liée à nos émancipations s’est imposée dans le débat public, au moment où le Parlement s’apprête à voter une troisième loi Léonetti sur la fin de vie. Aborder l’émancipation exige également de défendre notre ultime liberté : celle de choisir quand et comment mourir. Le droit de mourir dans la dignité représente à nos yeux un droit fondamental. Il exige une nouvelle loi pour en finir avec l’hypocrisie de la loi Léonetti et de celle en débat actuellement qui n’instaure qu’un droit au laisser mourir. Mais parce qu’il constitue un droit fondamental de la personne humaine, tout comme le droit à l’avortement, nous souhaitons le constitutionaliser, afin qu’au nom d’aucune “vérité révélée” il ne puisse ultérieurement être remis en cause.

Notre 6ème République devra instaurer des droits humains nouveaux, opposables, pour garantir l’égalité dans les faits, au nom de l’accessibilité universelle, de toutes et tous de vivre dans le plein accès aux droits, comme pour garantir la liberté de toutes et tous de disposer de son corps, de sa vie et de sa mort.


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