Sanctions lourdes à Air France contre les salariés !!!

mardi 17 novembre 2015.
 

- A) Quatre salariés d’Air France licenciés sans indemnité ni préavis

- B) Tribune de Gérard Filoche sur les sanctions injustifiées...

- C) Ils osent ( Charles Hoareau, CGT Marseille)

A) Quatre salariés d’Air France licenciés

Quatre salariés d’Air France ont été licenciés « pour faute lourde » a annoncé jeudi 12 novembre la direction de la compagnie aérienne. D’après le secrétaire général de la CGT Air France, ils sont licenciés « sans indemnité ni préavis ».

Un cinquième, représentant du personnel, fait l’objet d’une procédure de licenciement spécifique en raison de son statut.

Ces salariés avaient été interpellés une semaine après les incidents survenus en marge du comité central d’entreprise d’Air France, au début d’octobre, lors duquel deux dirigeants avaient été molestés par des manifestants, l’image de leurs chemises arrachées ayant fait le tour du monde. Ils seront jugés le 2 décembre au tribunal correctionnel de Bobigny.

Par ailleurs, « une mise à pied sans solde de quinze jours » a été décidée pour onze autres salariés au sol, annonce Air France. Ils sont accusés par la compagnie d’avoir participé à l’« effraction » d’une grille d’accès.

« C’est juste une farce », « on ne voit personne qui met un coup », mais « juste du chahut », a réagi un délégué Force ouvrière.

Pour le numéro 2 de la CGT, Mehdi Kemoune, il serait « plus intelligent de lever les sanctions », « que la direction laisse son ego de côté ». « C’est inadmissible et on ne se laissera pas faire ! », a-t-il averti, en rappelant que la CGT appelait à la grève le 19 novembre.

B) Tribune de Gérard Filoche sur les sanctions injustifiées contre les salariés d’Air France

Est-ce qu’elles vous semblent justifiées ? Exagérées ?

Totalement injustifiées. C’est un peu comme dans l’Ancien temps où les manants étaient punis pour les fautes de leur seigneur. Le premier délinquant chronologiquement c’est le PDG d’Air France De Juniac. Avec l’appui des 3 représentants de l’Etat (donc avec la décision initiale de MM. Valls et Macron), De Juniac fait adopter un « plan » de 2900 suppressions d’emploi au Conseil d’administration le 2 octobre. Mais il le rend public à la veille du CCE d’Air France du 5 octobre. C’est un « délit d’entrave » caractéristique qui est à l’origine de tout ce qui suit. L’explosion de colère des salariés est provoquée par ce délit : leurs élus viennent à une réunion où les dés sont pipés et tout est bouclé d’avance. Alors qu’ils ont déjà fait des sacrifices énormes dans un « plan » précédent. Ce qui est surprenant c’est qu’avec pareille provocation, il n’y ait pas eu davantage de chemises déchirées. Puis l’état et Air France reculent : Ségolène Royal déclarent que « les torts sont partagés » : s’ils sont partagés pourquoi est ce seulement les salariés qui sont arrêtés au petit matin, et licenciés avant même qu’il y ait un jugement ? Le pénal tient le civil en l’état : alors pourquoi la direction frappe t elle les salariés sans même attendre le jugement du 4 décembre ? Parce qu’elle se sent morveuse ? Ensuite le Président lui même dira que l’arrestation des salariés au petit matin n’était pas forcément la meilleure procédure (elle n’est utilisée que dans 1% des cas). Et puis il sera dit officiellement que « le plan de 2900 suppressions de postes peut être évité » : tout ça pour ça ? Si cela « pouvait être évité », alors les représentants de l’état et le PDG sont les responsables, ils doivent des excuses aux salariés et doivent redresser le tir en mettant fin immédiatement à toutes ces poursuites qui se révèlent indignes.

Utiles ou non ?

Evidemment contre productives. Air France a été obligé de révéler quelques jours plus tard, que les bénéfices du trimestre précédent dépassaient tous les records historiques de l’entreprise depuis 2008. 88 % de taux de remplissage, 85 millions de touristes, prix de l’essence jamais aussi bas, sacrifices considérables des salariés… Air France va bien ! Mais cela dépend de quel point de vue se gère l’entreprise : d’un point de vue financiariste ou d’un point de vue industriel. Les dirigeants d’Air France sont, comme tant de patrons d’aujourd’hui, des fanatiques financiaristes : ils préfèrent donner la priorité au remboursement d’une dette qui n’est pas excessive plutôt qu’au développement de l’entreprise. Ils remboursent 900 millions en un an au lieu d’acheter 900 millions d’essence a bas prix, par exemple. Ils vont réduire la voilure d’Air France pour donner la priorité au low cost. Pour aller vite, leur projet est de fermer Air France réduite à quelques grande lignes prestigieuses et de « ryaniser » l’entreprise : le projet n’est pas industriel, ni productivité, ni compétitivité, le seul but recherché c’est l’augmentation des marges des actionnaires. A la fin, les pilotes seront « ‘auto-entrepreneurs » comme à Ryan air. De Juniac s’augmente de 72 %, les actionnaires gagnent 60 % de plus, 150 millions d’euros sont mis de cote pour les retraites chapeaux. C’est la casse d’une grande entreprise du pays : comme cela a été fait pour la marine marchande, et en ce moment pour la SNCF ou le gouvernement ferme 40 % de TER pour le low cost de milliers d’autocars-Macron.

Qu’en pensez-vous ?

C’est que « passé les bornes il n ‘y a plus de limites ». Tout ce que fait ce gouvernement de gauche est la tête à l’envers. Des candidats comme Pierre de Saintignon, dans le Nord Pas de Calais Picardie, pour lequel je vote avec plaisir, ont « les pattes sciées » par ce genre de politique -même s’il fait une campagne excellente. Comment peut on prétendre défendre les valeurs de la gauche, en faisant la politique de la droite puis en se fondant avec elle ? L’honneur de la gauche serait d’arrêter immédiatement les poursuites, de reconnaitre que les salariés et leurs syndicats avaient raison, et de changer la façon de défendre les grandes entreprises de notre pays au lieu de les brader sous les ordres destructeurs de la finance.

Merci beaucoup. Bien à vous, Louise Pothier, Le Parisien

C) Ils osent ( Charles Hoareau, CGT Marseille)

Ils osent à Air France où tombent 4 licenciements pour faute lourde ce qui veut dire sans aucune indemnité, même pas les congés payés restant dus, une procédure contre un délégué avec pour intention évidente d’arriver au même résultat, 14 mises à pied sans salaire contre des salariés (dont deux pilotes) et cela sans même attendre le jugement du 2 décembre en correctionnelle ! Merci le gouvernement « socialiste » actionnaire d’Air France et ces directeurs payés 30 000€ par mois qui ont comme bilan 15 000 suppressions d’emplois déjà effectués, qui veulent en programmer 8000 autres et qui n’ont pas été capables de commander un avion alors que toutes les compagnies du monde le font pour répondre à l’explosion de la demande mondiale !

Ils osent à Derichebourg où 4 grévistes viennent de recevoir leur lettre de licenciement pour des motifs qui feraient rire s’il ne s’agissait pas d’enlever le pain de la bouche à des mères de famille. Licenciées parce que grévistes, ce qu’en principe la loi interdit sauf que pour la faire respecter dans notre « démocratie » il faut de longues semaines de procédure…

Ils osent à Casino où 9 grévistes se sont révoltées contre la suppression de 4 postes, revendication ô combien légitime que le tout puissant Casino traite par le mépris espérant le pourrissement du conflit et l’amertume démobilisatrice qui en résulterait pour des salariés vaincus et à bout de souffle.

Ils osent parce qu’ils se croient forts dans un monde au capitalisme sans limites depuis « la fin de l’histoire » comme ils nomment la chute du mur de Berlin

Ils osent parce qu’ils nous croient à terre, affaiblis, incapables de réaction, résignés. Ils osent parce qu’ils veulent faire taire celles et ceux qui relèvent la tête et qu’ils estiment trop rares pour devoir leur répondre.

Ils osent parce qu’ils veulent croire à tous prix au mot de Warren Buffet et espèrent qu’ils « gagnent tous les jours » la lutte des classes.

Mais ils osent aussi parce qu’ils ont peur qu’une chemise en lambeaux soit le signe avant-coureur de colères bien plus fortes, comme les peuples, de Robespierre à Sankara, leur ont montré être capables.

Ils ont peur parce qu’ils craignent l’explosion des « sans-dents », sans culottes d’aujourd’hui.

Ils ont peur parce qu’ils savent leur modèle de société indéfendable est « historiquement condamné » comme disait un certain Karl Marx.

Ils ont peur parce qu’ils savent qu’ils ne nous feront pas taire, qu’aucun peuple, si petit soit-il, du Viet Nam à la Palestine, n’a durablement perdu face à un adversaire, si puissant se croit-il, et a fini par vaincre.

Ils ont peur parce qu’ils savent qu’on n’a pas perdu quand l’adversaire proclame la victoire mais quand on reconnait la défaite. Tant qu’il y aura quelque part dans le monde une seule résistance si ténue soit-elle le capitalisme n’aura pas gagné.

Ne vous y trompez pas, c’est un appel au combat. Nous bloquerons s’il le faut les avions, les usines, les entrepôts, les richesses qu’ils nous ont prises. D’Air France à Derichebourg nous réintègrerons nos camarades

Hasta la victoria sempre !


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