Valls, Macron, Hollande : Gais, gais, les fossoyeurs

lundi 4 janvier 2016.
 

Avec sa bêche à l’épaule, cynique et portant haut son air de ravi de la crèche, Manuel Valls creuse chaque jour davantage, obstinément, la fosse des « valeurs de gauche ». Et cela le remplit d’une morgue allègre. « Je ne sais rien de gai comme un enterrement », écrivait Verlaine.

Cambadélis, lui, fait mine de s’en offusquer, par une pantalonnade. Cet aigle à deux têtes entend ratisser électoralement le plus large possible, nous resservir le « vote utile » face au « danger frontiste », au « fascisme à nos portes ». Qui en est responsable ? La stratégie du trio Valls, Macron, Hollande, relève hélas d’une technique de guerre fort répandue : promouvoir un ennemi, dramatiser la situation sans peur de l’outrance, quelles qu’en soient les conséquences, afin de le désigner à la vindicte (anxiogène) populaire. Il s’agit en fait de s’en servir comme repoussoir pour légitimer une politique inavouablement avouée, de croque-mort de « la gauche », de table-rase calculée, de capitulation de classe, afin de liquider toute perspective de transformation sociale, de gérer « loyalement » le capitalisme. Pour les siècles des siècles... A mains visibles. C’est visible comme éléphant dans la savane.

Après avoir semé des ruines et déchaîné des monstres, désespéré « ceux d’en bas », Valls, tout en fusion, nous propose un drôle d’alliage fusionnel, qui pour beaucoup existe déjà dans la réalité (l’UMPS), et qui fait fuir, s’abstenir, les bases populaires . Une sorte de terrorisme social et politique global. Et ce, le jour même où la brutale répression, « pour l’exemple », avec la bénédiction gouvernementale, s’abat sur les salariés d’Air France licenciés. un chemise lacérée contre 2900 vies en pièces. Silence dans les rangs, et imposons la résignation ! Souvenons-nous... Jadis Daladier-Bonnet-Sarraut, et Guy Mollet, et l’armée contre les mineurs à l’appel du socialiste Jules Moch, et Ramadier, et l’Algérie... Il y a des coïncidences qui en disent plus long que tous les discours. L’ennemi principal de ces gens-là, comme en 1933, 1934, comme en 1936, 1939 et 1940, et avant, et après, en France, en Espagne, et ailleurs, ce sont les « classes dangereuses » , la « révolution sociale ». Plutôt le capitalisme, un système de plus en plus sauvage, que son dépassement. Ils ont choisi leur camp ; ce n’est pas celui des pauvres, des exploités, des « perdants », des laissés pour compte. Langue de bois ? Que nenni ! Les masques tombent...

Valls s’en contrefiche de la gauche et du peuple, de la dignité, de la souveraineté nationale... Il a le GPS bloqué sur son plan de carrière, sur la création d’un grand parti néo libéral « à l’Américaine », sur la consolidation du « tripartisme »... Trois, mais en fait un seul : le parti unique du système. A trois têtes. La caste. Pas touche au capital ! Assurance tout risque... Nous empêcher de penser... Nous voler, pour les enterrer, la mémoire des luttes, nos « grands récits », nos mots, nos espoirs, nos rêves.

A terme, il y aura-t-il d’autre solution que de larguer les amarres, de poser l’unité en termes de forces sociales, de priorité au mouvement social, en bas, en bas, en bas ? Le parti socialiste s’est converti par conviction au néolibéralisme. Comment « fusionner » dès lors avec des fossoyeurs ? Comment ne pas aliéner ce qu’il nous reste de crédibilité ? De lisibilité communiste ? Comment ne pas être assimilé à « la caste » ?

Je sais qu’il y a quelques « bons socialistes », honnêtes... Contre leur gré souvent, ils servent d’alibi, de caution... Si nous attendons qu’ils scissionnent ou deviennent majoritaires, si nous demeurons en quelque sorte « socialo-dépendants », nous renvoyons l’alternative à la Saint Glin-Glin. Pour l’heure, travaillons à un bon résultat de nos listes au premier tour, (cela va peser), tout en menant la lutte des classes, et donnons-nous vite-vite un projet de société. Reparlons de révolution, de socialisme, de communisme... Ne mettons pas la tête dans le sable. On lâche rien ! « Céder un peu, c’est capituler beaucoup ». J’en ai oublié l’auteur.

Jean Ortiz, L’Humanité


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