Nous soutiendrons toutes les mobilisations citoyennes dans les jours à venir qui se feront autour des principes de la République

jeudi 3 décembre 2015.
 

Notre première pensée va pour les victimes, décédées, ceux qui sont entre la vie et la mort et à qui nous souhaitons de tous cœur de se rétablir, ceux qui ont vécu ces drames. Comme beaucoup d’entre vous, citoyen de ce quartier de nouveau martyrisé même si je n’oublie pas les attentats du Stade de France qui fort heureusement n’ont pas fait le nombre de victimes espéré par les commanditaires des kamikazes, je connais plusieurs de ces victimes, enfants de nos lycées, de nos facultés, syndicalistes, artistes, journalistes.

Car ils n’ont pas frappé n’importe où mais des quartiers et lieux de vie, de fête, de musique, d’amour, d’un certain art de vivre parisien, ce qu’ils détestent.

Aujourd’hui nous devons d’abord nous demander comment être utile en tant qu’élus de la République il nous appartient d’être exemplaire et d’aider notre pays, notre région, nos concitoyennes et concitoyens.

C’est d’abord en ne donnant aucune victoire à ceux qui ont semé la mort.

Ils veulent nous faire peur, nous devons leur répliquer comme beaucoup de citoyen-ne-s l’ont fait dès ce week-end que nous n’avons pas peur d’eux, ils ne sont pas capable de vaincre notre peuple et notre république.

Ils nous rêvent divisé-e-s, nous devons leur opposer notre solidarité.

Ils ont frappé des quartiers autour de la place de la République, nous devons leur opposer les principes de celle-ci : liberté, égalité, fraternité, sans oublier la laïcité.

Nous devons refuser toute discrimination. Ils veulent, comme d’autres l’ont fait avant eux ou en même temps qu’eux, importer un soi disant choc des civilisations pour que leur guerre terroriste devienne intérieure. Refusons leur ce cadeau. Quel rapport entre Daesh et une quelconque civilisation ?

Et même s’ils veulent habiller et cautionner leurs actes et leur objectif derrière une vision la plus intégriste et sectaire d’une religion, ne cédons à aucun amalgame avec les concitoyen-ne-s qui croient, ou sont né-e-s dans la croyance, de la 2ème religion de France et dont plusieurs ont également été les victimes vendredi. Nous avons les lois nécessaires pour punir et interdire tout appel à la violence et au terrorisme.

S’ils parviennent à égarer et endoctriner quelques centaines de jeunes perdus, gardons nous de tout amalgame sur des quartiers, des cités, des couches sociales.

Et rappelons-nous que les premiers touchés, les plus nombreux sont les pays arabes eux mêmes, notamment nos voisins de Tunisie qui payent si cher leur attachement à leur démocratie renaissante et aux valeurs universelles que nous chérissons.

Ne cédons pas aux discours inqualifiables qui pointent du doigt les réfugié-e-s venus de l’autre côté de la Méditerranée qui du coup seraient doublement victimes.

Ne leur cédons pas sur nos libertés politiques. Rappelons nous que les Etats-Unis sont eux même revenus des mesures d’exception prises à la suite du 11 septembre 2001 y compris le Patriot Act car inefficace pour combattre le terrorisme et par contre liberticides.

Bien sûr il faut donner tous les moyens aux forces de police et de renseignements qui en manquent cruellement depuis des années. Je voudrais rendre hommages aux forces de police, de sécurité, pompier, santé, personnel de l’AP-HP. C’est la preuve que nous avons besoin d’un Etat fort pour la république et qu’il conviendrait que tous ceux qui imposent, et veulent même renforcer plus encore, des politiques de baisses des dépenses publiques, réfléchissent aux conséquences désastreuses sur le terrain.

Nous sommes dans la période du deuil et nous entendons la respecter. L’heure n’est pas à la récupération politique. Nous devons donc continuer à contribuer au rassemblement de notre peuple sur les conséquences de ces actes et les principes à leur opposer, sans pour autant taire le débat nécessaire et démocratique sur l’examen des causes et sans doute sur les solutions proposées.

Nous avons commencé à le dire au chef de l’Etat et au premier ministre hier.

Nous serons attentifs à ce que nos libertés publiques soient préservées ce qui nous fait nous interroger sur la poursuite de l’Etat d’urgence car elle ne peut devenir un état d’exception permanente.

Au niveau international, nos désaccords sont connus avec la stratégie qui consiste depuis des années maintenant à suivre les Etats-unis hors toute résolution de l’ONU, une politique qui vise plus à déstructurer les états existants sans que la démocratie ni la paix y aient trouvé leur compte, sans, au contraire, que les groupe terroristes aient diminué d’importance, une politique trop silencieuse sur la responsabilité d’Etats comme la Turquie qui réprime les forces de résistances kurdes qui combattent le plus efficacement Daesh sur le terrain.

Nous n’irons pas plus loin à cette heure. Nous attendons les décisions prises par le Chef de l’Etat mais nous demandons que la politique française se modifie profondément dans cette région du monde.

Pour finir, nos concitoyen-ne-s doivent pouvoir continuer à vivre, à débattre, à montrer qu’ils n’ont pas peur. Hier ainsi, malgré la peur, ils se sont rassemblés spontanément autour de République. Nous soutiendrons toutes les mobilisations citoyennes dans les jours à venir qui se feront autour des principes de la République.

Eric Coquerel


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