A l’approche des élections de décembre : le Front de gauche en données corrigées des variations régionales (Ensemble)

lundi 23 novembre 2015.
 

À quelques semaines des élections régionales, et maintenant que les listes ont été déposées, un point sur les alliances au sein de la gauche, région par région.

La France métropolitaine comprend désormais douze régions auxquelles s’ajoutent la Collectivité territoriale de Corse qui dispose d’un statut particulier, de pouvoirs étendus, d’un mode de scrutin propre et disons-le d’une réalité politique spécifique. Douze régions, donc, et pas mal de configurations mais avec deux constances tout de même : une liste qui comprend les écologistes est nécessairement menée par EELV, les autres sont forcément dirigées par un membre du PCF.

Le Front de gauche sous l’égide locale du PCF

Ce fut long, difficile, crispant parfois, mais dans six régions le cadre du Front de gauche, comme cartel électoral a été préservé en tant que tel : Bretagne, Normandie, Alsace Champagne-Ardennes Lorraine, Bourgogne Franche-Comté, Aquitaine Poitou-Charente Limousin et Île-de-France. Dans la plupart de ces régions, des discussions avec les écologistes ont eu lieu, à chaque fois, EE-LV a décliné la proposition, à chaque fois, donc, le Parti communiste aura la tête de liste.

Si, région par région, il ne fait pas de doute que le PCF demeure l’organisation numériquement hégémonique, il n’en demeure pas moins que le résultat global reste problématique et au final assez révélateur de l’état du Front de gauche. Le dysfonctionnement, pour ne pas dire l’absence de fonctionnement tout court des instances nationales, a renvoyé les négociations à l’échelon local avec ce résultat inévitable.

Au Sud, la grande unité

Annoncée un peu partout, l’unité du Front de gauche et d’EE-LV n’aura finalement lieu que dans deux régions : Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA) et Languedoc-Roussillon, Midi-Pyrénées (LRMP). Dans les deux cas, les listes seront conduites par des écologistes – la conseillère régionale Sophie Camard et le vice-président de l’actuelle région Midi-Pyrénées, Gérard Onesta. Quoi qu’on puisse penser de la radicalité de ces deux listes, il n’en demeure pas moins que chacune d’elle peut remplir une fonction essentielle.

En PACA, la liste rassemblée peut dépasser les 10% et assurer une présence de la gauche au second tour à l’heure où, côté socialiste, les bruits de retrait voire de fusion pour empêcher une victoire du FN se font insistants. Dans le Sud-Ouest, région qui restera à gauche, c’est la possibilité d’arriver en tête de la gauche qui est en jeu. Ce ne sera pas facile. Le Parti socialiste bénéficie encore de solides appuis dans l’un de ses bastions historiques, mais – signe peut-être d’une certaine fébrilité – il sponsorise en sous-main une liste écologiste concurrente, celle de Christophe Cavard (député EE-LV) qui a rejoint Écologistes ! La formation de Jean-Vincent Placé et François de Rugy. Cette liste, créditée de 2 à 3%, a de manière tout aussi remarquable qu’inexpliquée réussit à obtenir un financement pour les élections. Le Parti socialiste qui n’avait plus que trois à quatre points d’avance, creuse ainsi à nouveau l’écart...

Le PG choisit les écologistes

Dans deux régions, le Front de gauche a littéralement explosé devant la possibilité d’un accord avec les écologistes.

En Auvergne Rhône-Alpes, la situation se décline ainsi : d’un côté le PCF seul, de l’autre un rassemblement EE-LV, PG, Ensemble Rhône-Alpes ainsi que Nouvelle donne conduit par l’écologiste Jean-Charles Kohlhaas. Il ne fait guère de doute que les écologistes ont toujours aspiré à un rassemblement sans le PCF, mais ce dernier a tout fait pour leur donner satisfaction. Empêtré dans ses problèmes internes (entre les deux régions et au sein même de Rhône-Alpes), le PCF a attendu la fin juin pour annoncer qu’il ne partirait pas avec le PS laissant largement passer le train du rassemblement.

Dans le Nord Pas-de-Calais Picardie, région au centre de l’attention médiatique, le PG a choisi de rallier la liste de l’écologiste Sandrine Rousseau pendant que Ensemble-Nord Pas-de-Calais faisait le choix de soutenir le communiste Fabien Roussel. D’évidence, la compatibilité sur une même liste des communistes et des écologistes dans cette région n’allait pas de soi. Pourtant, à l’heure où le Parti socialiste, miné par la politique gouvernementale et les multiples affaires locales, s’effondre aux alentours de 15%, et envisage de plus en plus de s’effacer voire de fusionner avec Les Républicains de Xavier Bertrand, il y a peut-être là une occasion manquée. La situation de l’entre-deux tours risque de laisser quelques regrets.

Le PCF en solo intégral et Ensemble se divise lui-même

Outre la région Auvergne Rhône-Alpes, le PCF a réussi le tour de force de partir seul dans deux autres régions : Pays de Loire et Centre-Val de Loire. Au terme de discussions houleuses, tant le Parti de gauche qu’Ensemble ! ont jeté l’éponge et seront donc absents des élections régionales. En Pays de Loire, l’accord s’est fracassé sur les désaccords au sujet de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Le sujet était délicat entre partisans et adversaires du projet. Même la proposition d’un accord de compromis – autour du refus de toute intervention policière et l’opposition à tout début des travaux tant que les recours ne sont pas épuisés – a été refusée par le PCF de Loire-Atlantique. Pire, le choix d’un second de liste dans ce département, membre du MRC et fervent partisan d’un passage en force pour imposer l’aéroport, a mis un terme à toutes discussions.

Souvent partisan infatigable de l’unité, Ensemble ! a réussi par finir divisé dans deux régions. En Auvergne Rhône-Alpes, les militants de l’Auvergne sont restés en majorité l’arme au pied et n’ont pas rejoint la liste emmenée par EE-LV. Dans le Nord Pas-de-Calais, Picardie les militants picards ont eux aussi jeté l’éponge et se sont mis en retrait. Si les situations n’étaient certes pas simples, il n’en demeure pas moins qu’il y aura matière à discussions à l’issue des élections.

Avec cinq configurations pour douze régions les différentes organisations constitutives du Front de gauche ont su exploiter au maximum le spectre des alliances possibles. Affirmer qu’une telle inventivité est un signe de vitalité serait sans doute osé. Penser que c’est un encouragement pour la suite relève incontestablement de l’acte de foi. Pour rester positif, la multiplicité des cadres testés permettra au moins un bilan quasi exhaustif des politiques possibles.

Guillaume Liégard


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