Régionales : triste et prévisible soirée

samedi 12 décembre 2015.
 

Nouvelle déroute du PS, contre-performance de la droite, incontestable victoire du FN… Les résultats des élections régionales confirment l’ampleur du désastre attendu, et l’urgence de retrouver une perspective commune à gauche.

Tous les sondages prédisaient un désastre, il est là, sous nos yeux. Le Front National triomphe. Sur les douze régions métropolitaines (hors Corse), il est en tête dans la moitié et semble en mesure de l’emporter au second tour dans certaines d’entre elles, notamment dans le Nord-Pas de Calais Picardie et en Provence Alpes Côte d’Azur.

La droite qui espérait il y a encore quelques mois opérer une razzia à ces élections est à la peine. Asphyxiée par la politique du gouvernement Valls qui occupe tout son espace tant sur le terrain économique que sur la politique sécuritaire, elle semble incapable de s’opposer sans tomber dans une surenchère qui ne profite qu’à l’extrême droite. Dans certaines régions, une fraction massive de son électorat a basculé au profit du FN, en particulier en PACA et en Midi-Pyrénées Languedoc-Roussillon.

Le Parti socialiste subit une nouvelle déroute, une de plus. Dans le Nord-Pas-de-Calais, berceau du mouvement ouvrier français, le voilà réduit à envisager de se retirer (ou de fusionner avec la droite) au second tour pour empêcher l’élection de Marine Le Pen – et même dans cette hypothèse, le résultat est incertain. Pour les écologistes, comme pour le Front de gauche, le résultat est amer : dans bien des régions, ils ne seront pas présents au second tour.

Renforcement et enracinement du FN

Certes, ces élections régionales ont eu lieu dans un climat particulier, mais les attentats du 13 novembre n’ont été tout au plus que l’accélérateur d’une dynamique à l’œuvre ces dernières années. Depuis la présidentielle de 2012, successivement les municipales, les européennes, les départementales et aujourd’hui les régionales ont chaque fois enregistré un renforcement et un enracinement du parti d’extrême droite. Sa place de premier parti de France ne peut hélas être contestée aujourd’hui.

À n’en pas douter, les analyses sociologiques du vote dont nous disposerons dans les prochains jours vont souligner l’emprise du parti de Marine Le Pen parmi les couches populaires, au sein de la jeunesse et plus généralement dans toutes les catégories de la population hormis les cadres supérieurs et les plus de soixante-cinq ans.

Ces résultats sont donc d’abord le bilan de la politique menée depuis trois ans et demi par François Hollande. Songeons qu’aux élections régionales de 2010, Marine Le Pen, déjà candidate, réalisait 17,5% sur l’ensemble Picardie- Nord-Pas-de-Calais, en 2015 son score tourne autour de 40%. En cinq ans, elle aura donc plus que doublé ses suffrages.

Contre la gauche de gouvernement et la droite libérale

Un tel désastre n’est pas le fruit d’une quelconque politique aventureuse du tandem Valls-Hollande, mais bien le produit d’un projet politique, celui de rassembler gauche de gouvernement et droite libérale sous une même bannière. Puisque si peu les sépare et que le danger du FN est si grand, pour ces deux-là, il n’y a pas de doute, la concrétisation de leur ambition fait un pas supplémentaire au soir du premier tour des élections régionales.

Face à ce projet qui méprise toute l’histoire politique de ce pays, l’enjeu est immense. Il faut désormais reconstruire la gauche tant que c’est encore possible. Il n’est pas l’heure de planter fièrement un drapeau pour l’histoire, mais de se retrousser les manches pour trouver des solutions. Si le sinistre tandem de l’exécutif et sans doute une bonne partie de la direction socialiste est acquise à cette évolution, des éléments de résistance existent. Organisons-les.

Une partie du peuple de gauche déboussolé, écœuré, refuse désormais de se rendre aux urnes. D’autres continuent à penser que le vote PS est un moindre mal et permet d’éviter le pire sans adhérer le moins du monde aux politiques menées. Il faut trouver les moyens de les réunir. Gageons que la meilleure manière de faire n’est pas de cultiver son petit jardin, mais d’offrir une perspective politique commune pour reconstruire un espoir de transformation sociale. Ce ne sera pas facile, on en est là.


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