TCE : France Inter ou « la grand messe du OUI permanent »

lundi 25 avril 2005.
 

Lundi 28 février, Henri Emmanuelli était l’invité du 7-9 de France Inter. Pierre Weill était chargé de l’interviewer. Le journaliste ne l’a pas interrogé sur le fond, mais à partir d’un seul type de question que l’on peut résumer ainsi : « Mais enfin, pourquoi vous singularisez vous au sein du PS qui, quasi unanimement, s’est déjà prononcé pour le OUI ? »

A aucun moment il n’a posé de question sur le Traité Constitutionnel Européen (TCE) lui-même.

Il ne voulait surtout pas parler du texte. Il ne s’intéressait qu’à la campagne du député Henri Emmanuelli pour le "NON", en insistant bien sur l’aspect passéiste de sa position. Henri Emmanuelli lui a donc rappelé que le sujet était le TCE et pas sa personne.

C’est alors qu’est intervenue une page de publicité pour....le TCE.

Pour bien diluer les propos de Henri Emmanuelli dans le bruit ambiant de la grand-messe du « OUI permanent », France Inter a envoyé l’annonce sur le « Nouveau droit de pétition ». En voilà une page de publicité placée à un moment stratégique ! Henri Emmanuelli venait juste d’expliquer que ce spot mentait par omission. Il oublie de dire l’essentiel : seule la Commission en juge la recevabilité. Donc de facto, l’avenir de toutes les pétitions sera l’archivage vertical des corbeilles à papier.

Et Pierre Weill d’enchaîner : « Le TCE donne des pouvoirs bien plus étendus au Parlement ! » sur un ton qui sous-entend, « on ne va tout de même pas se passer d’une avancée pareille ! »

Face à cette manœuvre Henri Emmanuelli a répondu sur le fond en précisant que, dans certains domaines, la codécision est élargie avec la Commission, mais les avancées sont si peu importantes, qu’il s’agit d’une mesure cosmétique qui n’a pas d’autre objectif que d’édulcorer le TCE.

Voyant que Henri Emmanuelli n’était pas déstabilisé plus que cela, Pierre Weill a tenté l’amalgame avec la directive Bolkestein. Sans plus de succès. Henri Emmanuelli a précisé que le TCE que l’on nous demande de ratifier est un bloc libéral, le même qui a inspiré la directive Bolkestein.

C’est alors qu’intervient Bernard Guetta pour rappeler qu’il a rendu compte des travaux de la Convention, je cite de mémoire, « jusqu’à plus soif ». Drôle de référence, quand on sait que 70% des français déclarent n’avoir encore jamais entendu parler d’un seul article du TCE. Phrase énoncée sur un ton qui laisse à penser que si vous avez raté mes chroniques, et bien tant pis pour vous !

Pierre Weill de nouveau s’adressant à Henri Emmanuelli : « Donnez moi un article qui caractérise cette déferlante libérale ? » sous entendu : « je les ai tous lu et je n’ai rien trouvé de dramatique ». Henri Emmanuelli de répondre posément par l’article 3 qui énonce ceci : « .un marché intérieur où la concurrence est libre et non faussée » et où on a dans le même article : « .économie sociale de marché hautement compétitive,. ».

Au tour de Henri Emmanuelli de reposer les bonnes questions sans se démonter, je cite de mémoire : « Demandez donc aux représentant du personnel si ce n’est pas la variable salaire qui est ajustée pour rester - hautement compétitif - ! . Tout au long du texte on trouve tout et son contraire. »

Visiblement agacé Pierre Weill a quand même voulu parler le dernier en rappelant que « vous faite campagne pour le NON alors que le PS à 58% a déjà voté OUI ». C’est bien connu : c’est le dernier qui parle qui a raison.

Jean-Marie Gilbert, membre de l’Observatoire Français des Médias. Ce document n’engage pas l’OFM.


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