Une unité indispensable à partir du Front de Gauche (Yvon Quiniou)

jeudi 14 janvier 2016.
 

Point de vue d’Yvon QUINIOU, philosophe communiste, ex-PCF depuis 1980.

Ce qui me fait intervenir présentement, après la catastrophe générale des élections régionales, c’est un sondage postérieur à ces élections et portant sur l’élection présidentielle de 2017, qui vient d’être publié. Hollande y est battu, ce qui est normal vu sa politique antisociale généralisée qui a nourri le vote Front national à un niveau jamais égalé jusqu’à présent sous la droite : quelle honte pour un gouvernement qui se dit « socialiste » et qui aura réussi à abîmer l’idée de « gauche » comme jamais ! Mais il y a autre chose, qu’il faut retenir : le Front de gauche, malgré son score faible et illisible aux régionales, y ferait entre 10 et 12 % des suffrages. Score étonnant si l’on songe à celui des régionales, mais qui retrouve celui de la dernière présidentielle.

Même s’il faut se méfier de pareils sondages, on peut cependant lui trouver prudemment une explication. L’élection régionale n’avait pas d’impact politique significatif, vu la faible responsabilité des régions dans la vie économique et sociale. Cela peut faire comprendre la faible participation, malgré le sursaut essentiellement républicain du second tour contre le FN et, surtout, le fait que les listes de « la gauche de la gauche » ne soient pas apparues porteuses d’une alternative efficace face à des problèmes relevant de la dimension nationale.

Il faut donc relativiser notre faible score global (avec des scores locaux cependant encourageants) et comprendre ce qui suit : le Front de gauche (même s’il doit se transformer en Front populaire) apparaît toujours comme une alternative embryonnaire aux dérives néolibérales du PS actuel et cela doit nous donner confiance, par-delà nos désespoirs subjectifs. Mais à deux conditions, absolument impératives.

D’abord, qu’il s’adresse aussi aux socialistes qui, au sein du PS, n’en peuvent plus mais n’osent pas vraiment le dire et réagir en actes, pour diverses raisons sur lesquelles je ne m’appesantirai pas. Mais, surtout, que le Front de gauche, maintenu ou pas dans son appellation, cesse totalement d’être un assemblage de factions ne songeant qu’à leur influence personnelle et aux positions de pouvoir qu’elles pourraient obtenir. C’est ce que Freud appelait le « narcissisme des petites différences », qui nous fait oublier, en politique, l’intérêt général ou le bien commun, dont nous nous réclamons tous pourtant.

Or il faut être clair et il faudrait que les partenaires du PCF l’admettent, quitte à blesser, justement, leur narcissisme : c’est bien le PCF qui est et doit demeurer l’ossature du rassemblement à « la gauche de la gauche ». Pour de nombreuses raisons, que seule la mauvaise foi peut nier : nombre de militants et d’élus, institutions diverses, revues, travail théorique, legs historique, etc.

Il y faut donc une unité indispensable, qui doit se construire à partir de lui, sans laquelle une force politique, quelle qu’elle soit, court à l’échec : l’heure de l’infantilisme gauchiste, à vocation suicidaire, devrait être définitivement révolue. Par contre, il nous faut avoir un leader d’envergure, sans lequel un mouvement politique ne peut triompher j’ai envie de dire : hélas. C’est aux militants d’en décider : j’entends tous les militants de l’actuel Front de gauche et il peut ne pas être communiste, même si je souhaiterais qu’il le soit.

Dernière condition : ce mouvement à maintenir, à renouveler et à enrichir (ce n’est pas contradictoire) doit conserver son ancrage dans la pensée marxiste et ne pas se laisser séduire par des pensées à la mode mais sans véritable importance du point de vue révolutionnaire, à savoir communiste, qui doit demeurer le nôtre.

Par contre, il doit absolument intégrer la question écologique, vitale pour l’ensemble de notre espèce. Il faut donc vaincre les résistances à cet égard et signaler que le productivisme aveugle, héritage de l’ère soviétique, est une menace pesant terriblement sur l’humanité. C’est pourquoi nous devons non seulement rester communistes, mais devenir éco-communistes, sans réticence.


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