Vincent Lindon sur le délit de solidarité : « Il faut laisser les gens aider les autres » (video)

mardi 19 janvier 2016.
 

France Inter a invité ce matin Vincent Lindon, « l’acteur engagé », comme le présente la radio elle-même. Un des sujets abordés a été la condamnation à 1 000 euros d’amende avec sursis de Rob Lawrie, un Britannique coupable d’avoir caché une fillette afghane de 4 ans, à la demande de son père, dans son véhicule pour la sortir de la « Jungle » de Calais et l’amener dans la communauté afghane de Leeds.

« En 2016, faire planer la menace de punir quelqu’un qui vient en aide aux personnes défavorisées, c’est incroyable, c’est contre les droits de l’homme. Cet homme, c’est un Juste. On devrait le remercier. On a cherché la petite bête, on a sorti une peine de 1 000 euros parce qu’il n’avait pas mis la ceinture de sécurité à la petite fille. »

Rob Lawrie était poursuivi pour « aide au séjour irrégulier », une peine passible de cinq ans de prison et de 30 000 euros d’amende. C’est finalement pour « mise en danger de la vie d’autrui » qu’il a été condamné. La procureur a en effet souligné que la petite Bahar Ahmadi n’était « protégée par rien, pas de ceinture, etc. ».

Vincent Lindon parle de son rôle dans le film Welcome (2009), de Philippe Lioret, où il est question de désobéissance civile pour venir en aide au migrants dans le nord de la France.

« A l’époque, on s’est battu pour supprimer l’article L-622, qui condamnait toute personne qui venait en aide à une personne en situation irrégulière. On nous avait répondu : "Ne vous inquiétez pas, on ne l’applique jamais." »

En réalité, ce « délit de solidarité », revenu en force en 2009 sous Nicolas Sarkozy, n’a pas été effacé du droit des étrangers. Une confusion entretenue par le fait qu’en 2012, la gauche avait annoncé qu’elle retirerait ce délit, alors qu’elle s’est contentée d’élargir le champ des immunités. Et si Rob Lawrie a représenté ses excuses et s’est dit heureux du verdict, Vincent Lindon pense qu’une de ses conséquences sera de décourager de futurs Rob Lawrie.

« Il y a des gens qui n’ont pas tous le courage de ce Rob Lawrie, et qui se disent que s’il y a cette menace d’être condamné pour ceci ou pour cela, il ne vont pas y aller. Il faut enlever cette loi. Laisser les gens aider les autres. C’est notre problème. De quoi je me mêle ? Les gens font ce qu’ils veulent avec leur argent, leur appartement ou leur maison. Si on a envie d’accueillir quelqu’un, on a le droit. Après on verra comment on peut l’intégrer à la société. Faut y aller par palliers. (...) Dejà on part perdants. C’est un truc qui me met hors de moi. »


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