Exploitation minière de métaux lourds en France : désastre écologique

mardi 11 mai 2021.
 

Les débats portant sur l’écologie abordent souvent les questions climatiques, de pollution aérienne, de biodiversité, de pollution alimentaire, de l’élevage industriel, de l’agriculture productiviste, les énergies renouvelables mais peu fréquemment les questions de pollution des sols consécutives aux exploitations minières.(à l’exception près du pétrole, du gaz et de l’huile de schiste).

Cette pollution est pourtant considérable tant sur le plan environnemental que sanitaire.

Mais elle est peu connue du grand public car elle met en jeu des responsabilités conjointes du secteur public et du secteur privé dont les interrelations sont loin d’être transparentes.

Il n’est donc pas surprenant que les journalistes traitant de cette question utilisent des termes comme « secret », « omerta », « révélation », etc.

Revenons maintenant une réalité plus "terre à terre" En nous référant à quelques documentaires intéressants et instructifs.

1) Révélations sur une pollution cachée dans les Cévennes

Tel est le titre d’un documentaire du magazine "Pièces à conviction" de France 3 diffusé le 20/01/2016 à 23h30.

Il s’agit d’une pollution massive aux métaux lourds des sols dans la région d’Anduze, à deux pas du parc naturel des Cévennes : 6000 personnes concernées environ par les conséquences de cette pollution

On peut découvrir ce documentaire de 1h10 sur le site de l’émission (après les publicités) en cliquant ici (1)

Autre source vidéo possible ici (2)

Présentation de l’émission sur le site "Des sols et des cours d’eau toujours contaminés aux métaux lourds quarante-cinq ans après la fermeture de la dernière mine, un nombre de cancers et de pathologies anormalement élevé : ce n’est pas en Afrique que les journalistes Alain Renon et Bernard Nicolas ont enquêté pour "Pièces à conviction", mais au cœur de la France, dans un coin des Cévennes, joyau du tourisme vert. Après un an d’investigation, ils ont découvert un véritable scandale environnemental…" Lire la suite en cliquant sur le premier lien précédent.

Voici le commentaire du magazine Télérama par Virginie Félix Source : http://television.telerama.fr/tele/...

"Qui imaginerait que sous la verdure idyllique des Cévennes, dans ce coin de nature où l’air semble si pur et l’eau si claire, se planque un insidieux poison ? C’est pourtant le lourd héritage d’une centaine d’années d’exploitation minière que payent aujourd’hui les habitants d’une poignée de villages de la région d’Anduze, exposés sans le savoir à des taux anormalement élevés de plomb, de cadmium ou d’arsenic dans la terre et les rivières. Une tragédie en sous-sol que révèle cette implacable enquête d’Alain Renon (1) et de Bernard Nicolas. Deux années d’investigation patiente pour mettre au jour, avec l’aide d’un lanceur d’alerte du coin, Johnny Bowie, et du toxicochimiste André Picot, cette contamination longtemps passée sous silence. Entre enquête de voisinage, épluchage des statistiques (nombre de cancers, surmortalité) et analyse du taux de métaux lourds dans l’environnement, ils révèlent à quel point les effets de cette pollution silencieuse sont loin d’être anodins pour la santé des six mille habitants de la région. Les journalistes s’interrogent : pourquoi les autorités ne lancent-elles pas d’étude épidémiologique ? Pourquoi la population n’est-elle pas mieux informée des risques encourus ? Et pourquoi l’ancien exploitant minier, le groupe belge Umicore, ne sécurise-t-il pas mieux ses anciens sites, encore ouverts à tout vent ? En attendant des réponses, les habitants subissent eux la double peine : vivre sur un sol souillé dans des maisons qu’ils ne peuvent même plus quitter, invendables désormais". —

On peut s’interroger sur l’audience de l’émission à cette heure si tardive. Rappelons à titre indicatif que ce magazine a battu ses records historiques d’audience avec 1 million et 1,2 millions de téléspectateurs (environ 12 % du taux d’audience) la plaçant à ces moments en deuxième position sur cette tranche horaire pendant les soirées de la diffusion.

2) La pollution provoquée par les anciennes mines d’uranium en France.

a) Les anciennes mines d’uranium en France : un secret d’Etat

Tel est le titre d’un article du site "Sortir du nucléaire.org" "En France, 186 sites miniers ont été exploités entre la fin de la seconde guerre mondiale et 2001, répartis sur 25 départements. Cette exploitation minière a généré à elle seule 300 millions de tonnes de déchets, essentiellement des boues radioactives et des stériles (1). Pourtant, ces déchets n’ont pas été traités, pire, ils ont été abandonnés en pleine nature ou utilisés pour remblayer des routes ou encore des parkings… Par endroits, la radioactivité mesurée sur ces parkings est plus de 100 fois supérieure à la radioactivité naturelle de la zone. Lire la suite en cliquant ici (3)

b) Mines d’uranium, le limousin face à son passé

Tel est le titre d’un documentaire – reportage deFrance Culture diffusé le 03/09/2015 sur les anciennes mines d’uranium du Limousin Cliquez ici (4) pour écouter l’émission

c) La CRIRAD a publié un dossier intitulé : "les conséquences de l’exploitation de l’uranium en France" accessible en cliquant ici (5)

On y trouve, entre autres, une carte de France indiquant les régions et les départements où se trouvaient les anciennes mines d’uranium avec un relevé des taux de radioactivité consécutifs à cette exploitation. Cliquez ici pour accéder à la carte (6)

On peut prendre aussi connaissance de la lettre de la CRIRAD envoyée à la ministre de l’écologie concernant un projet de décret permettant d’exposer le public à des doses 10 à 20 fois supérieures aux normes légales affirme l’association. Le contenu de la lettre en cliquant là. (7)

3) La pollution de la vallée de l’Orbiel par exploitation de la mine d’or de Salsigne.

"La mine d’or de Salsigne est une ancienne mine d’or fermée en 2004 qui se situe sur les communes de Salsigne et de Villanière à 15 km au nord de Carcassonne dans le massif de la Montagne Noire, dans le département de l’Aude et la région Languedoc-Roussillon. Elle a été la plus importante mine d’or d’Europe Occidentale et la dernière de France métropolitaine. Elle est marquée par un siècle de pollution par l’arsenic et a été longtemps le site le plus pollué de France" Source : Wikipédia (8)

En raison de l’augmentation considérable du prix de l’or ces 10 dernières années, l’exploitation de mines d’or jugée peu rentable redevient d’actualité. Ainsi le journal du CNRS publiait le 05/09/2014 un article intitulé : "Faut-il ouvrir la mine d’or de Salsigne ?

On peut lire par exemple dans cet article "… Il a pourtant fallu attendre 2003 pour que la Cour des comptes, dans un rapport très critique, stigmatise enfin les dysfonctionnements révélés par l’analyse des politiques publiques mises en œuvre à Salsigne et la difficulté de l’État à arbitrer impératifs sociaux de soutien à l’emploi et nécessaire prise en compte des coûts environnementaux associés à la poursuite d’une entreprise polluante…" Le texte complet est accessible ici (9)

4) La pollution des sols consécutives à des exploitations minières en France

Dans sa série : " Le monde en face", France 5 a diffusé le 26/01/2016 à 21h30 le documentaire "Pollution des sols : le scandale caché"

Présentation de l’émission : Métaux lourds, produits chimiques, déchets nucléaires, amiante… Il y a environ 400 000 sites pollués en France. Sans le savoir, chacun d’entre nous vit donc aux abords d’un terrain toxique. Quels sont les impacts sur notre santé ?

« On peut croire que c’est une colline, mais, en fait, 7 millions de tonnes de déchets sont stockés là, s’indigne Frédéric Ogé, géographe au CNRS, devant une vallée verdoyante de la campagne audoise. On a des produits toxiques pulvérulents qui se sont simplement agglomérés. […] Lire la suite en cliquant ici (10)

Présentation de la vidéo :

"Le territoire français présente l’une des plus fortes densités de sites pollués au monde. Durant deux siècles, les industriels ont enfoui une grande variété de produits chimiques sur leurs terrains ou en pleine nature. On compte ainsi près de 300 000 sites pollués en France. Une grande partie de cette surface est déjà occupée par des habitations, des établissements scolaires, ou encore des terrains de sport.

Les produits toxiques, invisibles à l’oeil nu, sont capables de remonter à l’air libre, sous forme de gaz toxiques, ou de se répandre dans les nappes phréatiques."

On accède à la vidéo de 50 minutes en cliquant ici.(11)

Autre source vidéo sur ce sujet : Pollution des sols le scandale caché (12)

Commentaires sur ces documentaires . Ces documentaires – enquêtes sot particulièrement dérangeants car ils mettent en cause non seulement les responsabilités respectives de l’État, des collectivités locales et des entreprises polluantes mais posent aussi la question des connivences possibles entre les entités publiques via les responsables politiques et les entreprises privées notamment multinationales ainsi que les entreprises dont l’État peut être actionnaire..

Ils conduisent à se poser la question : les responsables politiques au travers l’État et les appareils d’État défendent-ils vraiment l’intérêt général de la population ou les intérêts privés des multinationales et plus généralement des actionnaires ?

Avec ce type de documentaire, la question ainsi posée, souvent sur un plan général, trouve son illustration dans un cas particulier et concret facilement intelligible pour tout citoyen. On comprend ainsi pourquoi ce genre de documentaire– enquête est généralement diffusé à des heures tardives.

Pour "expliquer"" ces attentes à l’environnement et voire même à la santé publique de bons esprits invoquent les formidables bénéfices économiques que constituent l’exploitation des minerais métalliques nécessaires à nos industries, et feront même référence à "l’intérêt national" et aussi bien sûr, les bienfaits pour l’emploi local.

Certes, mais n’a-t-on pas les moyens techniques pour éviter une telle contamination des sols environnants, une telle pollution des rivières et des nappes phréatiques ?

La réalité est que déployer de tels moyens qui existent nécessiterait des investissements supplémentaires qui abaisseraient le taux de profit lié à l’exploitation de ces sols par ces entreprises polluantes.

Derrière donc ce vocabulaire technique "d’arbitrage de l’État" entre emploi et santé, entre protection de l’environnement et intérêts économiques se cache une réalité beaucoup plus crue : celle de l’arbitrage entre l’intérêt général de la population dans son écosystème et intérêts des actionnaires ou propriétaires exploitants.

Mais cette explication est encore insuffisante car dans les pays dits socialistes, l’idéologie productiviste du développement sans limite des "forces productives" a occasionné des ravages écologiques et sanitaires considérables. Donc si la notion de taux de profit dans un système capitaliste est un facteur explicatif central pour comprendre les dommages catastrophiques causés à l’environnement, il ne serait être suffisant.

Il faudrait alors aborder la formation de la pensée puis culture écologiste dans notre pays et dans d’autres pays capitalistes mais c’est une vaste question qui déborde l’objet de cet article.

Hervé Debonrivage


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