Candidature de Jean-Luc Mélenchon : Deux objectifs principaux

vendredi 19 février 2016.
 

Interview d’Eric Coquerel par L’Humanité. Premier soutien à la candidature de Jean-Luc Mélenchon, le parti d’Éric Coquerel défend une expression qui ne pouvait plus attendre, quand les autres courants de pensée sont déjà en campagne. Pour le responsable du PG, cette candidature a « vocation à rassembler ».

Le Parti de gauche (PG) a annoncé depuis longtemps son soutien à la proposition de candidature pour la présidentielle de 2017 de Jean-Luc Mélenchon. Quel est le sens de votre démarche  ?

Éric Coquerel Elle a deux objectifs principaux.

D’abord, obtenir le meilleur résultat possible à cette élection, parce qu’on a beau être contre la Ve République, c’est l’élection qui pose en dernière instance la question du pouvoir dans le pays, donc de la possibilité d’appliquer une autre politique. Jean-Luc nous apparaissait comme le plus crédible pour espérer un score à deux chiffres, voire arriver au second tour.

Deuxième objectif, dépasser l’échec du Front de gauche, resté un cartel de partis, incapable depuis 2012 de stabiliser et faire fructifier le résultat acquis alors. On ne parviendra pas à modifier les choses si on ne recompose pas en profondeur à partir d’un mouvement populaire, à l’instar de ce que les Espagnols font avec Podemos, un mouvement homogène, de plusieurs centaines de milliers de personnes. Un acte politique fort tel que la présidentielle peut, selon nous, servir à lancer un mouvement de ce type.

N’y a-t-il pas un risque de dispersion avec la multiplication probable de candidatures à gauche  ?

Éric Coquerel Ce que j’observe, c’est que le seul espace politique qui n’avait pas une visibilité, au contraire d’un FN en campagne, d’une droite partie dans ses propres primaires et de socialistes en train de faire le ménage autour de la candidature de Hollande, c’est le nôtre. C’est une proposition qui est faite, sa validation viendra d’abord des citoyens qui s’y reconnaissent, et j’espère que d’autres formations s’y joindront. Sa vocation est de rassembler.

Jean-Luc Mélenchon s’est présenté en 2012 sous les couleurs du Front de gauche, dont les responsables et militants ont découvert sa proposition de candidature en regardant TF1. Quel message leur adressez-vous  ?

Éric Coquerel Nous avons prévu des rencontres avec Ensemble et le PCF dans les jours à venir. Le message que nous souhaitons adresser, c’est qu’il est utile de nous engager tous dans cette candidature, c’est la possibilité d’en faire un mouvement fort, de le coupler également avec les législatives. Au lendemain des régionales, je me souviens de responsables communistes annonçant que le Front de gauche était mort. Je pense que c’était prématuré. Construisons ensemble son dépassement, en ayant à l’esprit qu’il ne pourra se faire en dehors de l’échéance électorale de 2017. Là, ce n’est pas simplement un candidat, mais une démarche qui est proposée.

En quoi cette candidature pourrait permettre de sortir du piège du « tripartisme » qui risque de laisser en face à face droite et extrême droite au second tour de la présidentielle  ?

Éric Coquerel La dernière réussite du Front de gauche, c’est la présidentielle de 2012 et les quatre millions de voix rassemblées par Jean-Luc Mélenchon. Depuis, le Front de gauche n’a pas été en mesure de dépasser les 6 %. Or, la seule proposition qui nous est faite, c’est une primaire de Macron à Mélenchon : c’est impossible, pour des raisons que chacun comprendra. À quinze mois de l’élection, je ne vois pas d’autre atout du calibre de Jean-Luc Mélenchon. Voyons comment nous construisons une démarche de mouvement large et un programme.

Éric Coquerel est Coordinateur politique du Parti de gauche

Entretien réalisé par Lionel Venturini, L’Humanité


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