Une France, de nouveau, insoumise

dimanche 28 février 2016.
 

Jamais la Ve République n’aura autant révélé ses tares que sous le quinquennat de François Hollande. Dictature exceptée, aucun système au monde ne permet ainsi que soit appliquée une politique systématiquement inverse à celle pour laquelle on a été élu-e  ! Celui qui voulait une « présidence normale » aura abusé de toutes les ficelles d’une monarchie républicaine qui autorise un homme seul à décider quasiment de tout, coups politiciens inclus comme le montre le dernier remaniement. Elle est également parfaitement adaptée à la répression et à l’intimidation des mouvements sociaux ou citoyens, corollaire de politiques d’austérité impopulaires. Les cinq syndicalistes d’Air France, condamnés comme « voyous » par le premier ministre avant même que la justice ne fasse son travail, en sont les malheureux symboles.

Cette dérive autoritaire, qui pourrait bientôt permettre un état d’urgence constitutionnalisé et permanent si les parlementaires ne relèvent pas la tête, ne peut qu’inquiéter  : ce n’est plus la République, c’est sa rature. Par ses modes de scrutin à deux tours, la Ve République est aussi une machine qui protège le système contre tout changement  : elle vitrifie la représentation politique du pays en la simplifiant à outrance, favorise le bipartisme, pulvérise le pluralisme. Qu’on ne s’y trompe pas  : l’émergence de forces comme Podemos est liée non seulement à un contexte différent, mais aussi à un système électoral à la proportionnelle facilitant la montée de nouveaux mouvements. Au final, la Ve République se sera bien révélée comme un coup d’État permanent contre la souveraineté populaire. Ce ne sont pas des appels à des primaires, au-delà des combinaisons et ambitions politiques qu’ils abritent, qui corrigeront ce vice antidémocratique. Au mieux, elles n’en sont que les rustines  ; au pire, elles en aggravent les travers.

Il est donc temps de renouer le fil de la République  : passons à la VIe  ! Que devrait-elle être  ? Elle sera laïque, plus que jamais, car garantie du vivre-ensemble. Elle sera parlementaire, le pouvoir exécutif dépendant des représentant-e-s du peuple et non l’inverse, ce dernier pouvant contester un mandat non tenu par le droit de révocabilité. Elle sera égalitaire, une et indivisible, permettant par les lois et des services publics forts, l’égalité des droits entre toutes et tous sur tout le territoire. Elle sera citoyenne car la politique doit être un engagement auquel chacun-e doit pouvoir se consacrer, et non plus une carrière  : non-cumul, limitation des mandats dans le temps, statut de l’élu-e garantissant le retour à la vie professionnelle une fois le mandat effectué. Elle sera écologique, mettant au-dessus de tout la préservation de notre écosystème, premier bien commun, notamment par la constitutionnalisation de la règle verte  : ne pas consommer plus que ce que notre terre peut produire. Elle sera sociale, car la République restera inachevée tant que la démocratie n’en aura pas fini avec cette confiscation de la souveraineté qu’est l’appropriation des richesses et du pouvoir par le capital. Mais les moyens conditionnent la fin. Œuvre du peuple lui-même par cette révolution citoyenne qu’est la Constituante, la VIe ne peut venir du haut.

La Ve République est un régime parfaitement adapté à l’ordo-libéralisme qui, au nom de la souveraineté absolue des marchés, contourne et s’abstrait de celle des peuples. En cela, elle est le parfait complément des traités européens. Parce que la Ve et les traités européens nient la souveraineté populaire, on ne changera rien dans leur cadre. Il n’y aura pas de VIe République sans rupture avec ce carcan, par essence antidémocratique. Cette double exigence devra être portée par le candidat qui défendra les couleurs de la rupture et de l’alternative sociale, démocratique et écologique en 2017. Celles d’une France, de nouveau, insoumise.


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