Quand Libération "fait le point" sur la campagne JLM2017

dimanche 3 avril 2016.
 

Le quotidien Libération sert depuis 3 mois d’organe officiel des partisans d’une "primaire de la gauche et des écologistes" mais aussi des opposants divers à Jean-Luc Mélenchon. L’article ci-dessous (publié le 28 mars au soir) continue à placer quelques boules puantes sous les pieds du porte parole de la France insoumise tout en apportant quelques informations, probablement destinées aux abonnés du quotidien favorables à cette candidature.

Mélenchon et son antisystème

Pour marquer des points en 2017, le cofondateur du Parti de gauche mise sur une candidature hors parti, des lieutenants fidèles et une stratégie transversale sur le Web.

Jean-Luc Mélenchon a un objectif clair : devenir le prochain président de la République. L’Elysée trotte dans sa tête depuis des lustres. Cette fois, pour y arriver, il a laissé le Front de gauche sur la chaussée : il propose une candidature « hors cadre de parti » et avec, pour l’instant, le seul soutien du sien, le Parti de gauche (PG), qui ne pèse plus très lourd. Le député européen mise sur une campagne forte sur la Toile, sur son talent d’orateur et sur les « insoumis », ces groupes d’appui qui se forment à travers le pays pour convaincre « le peuple ».

Le choix de Jean-Luc Mélenchon n’a pas filé le sourire à tout le monde. Notamment à ceux qui l’ont soutenu en 2012 : la direction du Parti communiste. Marie-Pierre Vieu, conseillère régionale Midi-Pyrénées et membre du PCF, regrette la « dispersion » du Front de gauche, qui s’éteint dans la douleur. Elle explique : « Jean-Luc est un animal politique, il ira jusqu’au bout, sauf s’il sent que sa démarche est contre-productive et que le rapport de force l’amène à prendre une autre décision. Pour le moment, il raisonne à l’inverse : devant le vide intersidéral, il considère que les forces devraient se rallier à lui. » Depuis son annonce, Mélenchon avance en petite équipe sans se retourner. Du genre « qui m’aime me suive et les autres viendront ».

Le non à la primaire

Mercredi 10 février, Jean-Luc Mélenchon se pointe sur TF1 et postule à l’Elysée. Le PCF découvre sa candidature, comme tous les Français. Idem pour Ensemble !, la troisième composante du Front de gauche. « Je ne m’explique toujours pas cette démarche qui consiste à annoncer seul sa candidature. Ce qui pose problème, ce n’est pas sa candidature, mais qu’il se lance tout seul, en nous ignorant » , regrette alors le secrétaire national du PCF, Pierre Laurent, dans Libération. En 2012, la petite bande avait réalisé un joli score : 11,11 %. Si Jean-Luc Mélenchon a annoncé sa candidature avant l’heure, c’est pour court-circuiter des communistes, attirés par l’idée d’une primaire à gauche. Il n’a jamais été fan de cet exercice « nullement représentatif de la population française ». Comprendre, la primaire, lancée dans les colonnes de Libération en janvier, est un débat pour initiés et une « embrouille » visant en fait à désigner François Hollande. « La primaire est une camisole de force, dans la main des partis qui visent à concilier l’inconciliable », argumente Alexis Corbière, porte-parole de Mélenchon et secrétaire national du Parti de gauche.

Un ancien proche du député européen voit les choses autrement. « Il ne prendra jamais le risque de perdre une échéance qui l’empêche d’être candidat en 2017. » Qu’importe, aujourd’hui, Mélenchon regarde ailleurs et arpente le pavé : la mobilisation contre le projet de loi El Khomri lui donne des ailes. Il multiplie les prises de parole, les médias et les rencontres pour présenter son livre, l’Ere du peuple, sa « carte d’identité politique ».

Autour de lui, son équipe. Elle porte un nom, « comité opérationnel ». Parmi les membres, on retrouve des visages connus tels que Raquel Garrido, cofondatrice du PG, Alexis Corbière, ou l’ancien eurodéputé socialiste Liêm Hoang-Ngoc. D’autres ont grandi avec lui et prennent du galon. A l’image de son directeur de campagne, Manuel Bompard, jeune ingénieur à Toulouse et dirigeant du PG, et de Rémy Devèze, responsable de la cellule image et ancien rédacteur en chef de l’émission Culture Pub. Ou encore de Bastien Lachaud, jeune professeur d’histoire, lui aussi militant au PG et coordinateur des actions de la campagne. Dans la bande, ils ont au moins deux points en commun : ils sont tous bénévoles et soutiennent sans faille leur candidat. Rien d’étonnant selon un militant désabusé qui a claqué la porte du PG : « Il veut des gens loyaux jusqu’à la moelle avec les pieds écrasés. »

On n’oublie pas le strass et les artistes qui accompagnent, de près ou de loin, un candidat à l’Elysée. Pour Jean-Luc Mélenchon, il s’agit de Jacques Weber, Céline Sallette, Gérald Dahan, Gérard Miller, Romane et Richard Bohringer.

Le modèle Sanders

La campagne de Mélenchon se joue sur plusieurs terrains. Comme en 2012, il va investir la rue pour déployer ses forces et convertir les curieux. Le premier rendez-vous aura lieu le dimanche 5 juin place de la Bataille-de-Stalingrad, à Paris. Le jour où le PCF bouclera son congrès et sa stratégie pour 2017. Les autres rendez-vous sur le bitume auront lieu à l’automne, pour la seconde phase de la campagne. Chez Mélenchon, à l’affût des nouvelles technologies - un des premiers politiques à avoir utilisé le Minitel, puis à lancer un blog -, la nouveauté est ailleurs. Dès l’annonce de sa candidature, une plateforme interactive a été mise en ligne, jlm2017.fr. « C’est le cœur battant de tout. Elle accomplit toutes les fonctions d’un parti. Sans elle, la campagne que nous engageons n’est pas possible. Elle permet l’engagement politique du XXIe siècle », souligne fièrement Corbière.

Cette plateforme, « un accélérateur citoyen », selon le coordonnateur du Parti de gauche Eric Coquerel, repose sur un outil sophistiqué : Nation Builder, un logiciel de gestion de communauté similaire à celui utilisé par le candidat à la primaire démocrate Bernie Sanders, un des nouveaux modèles de Mélenchon. La plateforme permet plusieurs choses : d’agréger une vaste base de données d’électeurs potentiels, de créer des groupes d’appuis partout en France et de récolter des fonds pour faire campagne. Elle permet aux sympathisants de participer à la rédaction du programme en proposant des contributions articulées autour de sept thèmes. A droite, François Fillon et, surtout, Alain Juppé ont aussi opté pour Nation Builder.

Près de 80 000 internautes ont « appuyé » la candidature de Mélenchon. Un chiffre qui file la pêche au comité opérationnel. « C’est un mouvement à la base, une structure sans limite, fluide. Notre logiciel permet de reconnaître le foisonnement, sans chercher forcément à le codifier, le discipliner, décrypte la juriste Charlotte Girard, responsable du PG et coordinatrice de la plateforme. On a envie de se faire déborder par la vague, comme en Espagne, en Grèce. »

Rachid Laïreche , Noémie Rousseau

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