Pour une Assemblée planétaire citoyenne constituante

vendredi 15 avril 2016.
 

par Sébastien Barles Responsable EELV

Face à la poussée nationale-populiste, au désenchantement européen et à la multiplication des défis planétaires, il est impérieux de définir un cadre de régulation et un espace public démocratique à l’échelle mondiale. Gandhi affirma dans une formule restée célèbre  : « Il y a suffisamment de ressources pour répondre aux besoins de tous, mais pas assez pour satisfaire le désir de possession de chacun. » Pourtant, selon le dernier rapport d’Oxfam, les 62 plus grosses fortunes du monde possèdent autant que 50 % de la population mondiale.

Comment peut-on encore accepter de cohabiter avec la misère sociale quand on sait qu’il y a suffisamment de richesses pour satisfaire les besoins primaires de l’ensemble de la population de la planète  ? Les mobilisations autour du sommet de Paris de la COP21 ont posé l’enjeu des décennies à venir en tentant de trouver un accord de paix universel pour sauver l’avenir de l’humanité en permettant le maintien du cadre démocratique et solidaire de nos sociétés. Les négociations ont montré également de façon criante la nécessité de revoir à l’avenir la gouvernance internationale, enfermée dans une logique dépassée de négociations interétatiques. Nous devons bâtir une mondialité, vers un autre paradigme pour une humanité réconciliée avec la nature et avec elle-même. Comme le dit si bien le philosophe Patrick Viveret, c’est à l’humanité qu’il incombe d’« inventer une autre vision du politique, pleinement écologique, citoyenne et planétaire, qui placerait le désir de l’humanité au cœur de sa perspective ».

Le mouvement écologiste n’a de sens aujourd’hui, à l’heure où le rêve européen se noie dans les eaux rougies de sang de la mer Égée, qu’en s’inscrivant dans la perspective de l’émergence d’une société civique mondiale, porteuse d’un nouveau contrat social écologique planétaire. Les écologistes doivent opposer, comme peut le faire l’écrivain Édouard Glissant, la « mondialité » à la mondialisation, sa guerre économique, son uniformisation et son nivellement par le bas. La « mondialité » est au contraire un paradigme pour redéfinir notre universel par une mise en présence des cultures vécue dans le respect de la diversité. Après le manifeste convivialiste qui pose les bases d’une pensée critique écologiste planétaire, nous ne pouvons que nous reconnaître dans le Serment de Paris pour la mise en place d’une Assemblée planétaire citoyenne constituante qui résonne avec un autre serment célèbre. Cette Assemblée aurait pour but de gérer les biens communs de l’humanité sans frontières (air, eau, sol, forêts) dont dépend étroitement le bien-vivre des peuples et de toute autre forme de vie. Le Serment poursuit  : « Nous avons besoin d’inventer une nouvelle sphère d’action politique qui reconnaît les peuples dans leur diversité, mais aussi le peuple de la Terre dans son unité. »

En ces temps obscurs où la guerre et le chaos semblent être le seul horizon, il faut soutenir l’impératif d’une déclaration d’interdépendance mondiale fondée sur les principes de coresponsabilité et de solidarité planétaire.


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message