Loi El Khomri : Ils céderont

samedi 9 avril 2016.
 

Editorial hebdomadaire national du Parti de Gauche

Ça n’arrêtait pas de pleuvoir et les cortèges n’arrêtaient pas d’avancer sur Paris ! Et partout ailleurs en France, avec fort heureusement des météo plus clémentes, nous étions plus d’1,2 million dans les rues à exiger le retrait de la Loi El Khomri. Des cortèges denses, déterminés, joyeux. De cette joie de celles et ceux qui sont fier-e-s d’être là, de défier ce gouvernement comme la météo. De cette détermination de celles et ceux qui savent dorénavant qu’ils peuvent gagner.

Ce gouvernement est illégitime à imposer une loi rejetée par plus de 71% des français et ce rejet s’est confirmé dans le succès des manifestations de ce 31 mars. L’examen en commission du projet de loi à l’Assemblée nationale débute ce 5 avril sous cette pression du mot d’ordre faisant unité : le retrait. Bien sûr, le gouvernement va tenter d’opérer de nouvelles modifications de son texte. Mais le mouvement en marche n’en sera pas dupe : c’est la philosophie globale du texte que le peuple rejette majoritairement. Hors de question de se laisser imposer une loi différente pour les salariés entreprise par entreprise ! Cette inversion de la hiérarchie des normes, qui vise à faciliter les licenciements, augmenter le temps de travail, baisser les salaires et pourrir nos vies ne passe pas, et ne passera pas.

Comment accepter une loi sur mesure pour le Medef, quand dans le même temps on apprend que Carlos Tavares, le patron de PSA, va percevoir 5,24 millions d’euros au titre de l’année 2015, soit un doublement de son salaire en un an ? 360 fois le SMIC pour 11 000 suppressions d’emplois prévues ! 14 000€ par jour financés en grande partie via nos impôts, cette entreprise ayant touché 74 millions en 2014 au titre du CICE. L’urgence serait d’instaurer un salaire maximum, avec un écart maximum de 1 à 20 entre les salaires et un revenu maximum permettant de taxer à 100% les revenus au delà de 30 000€/mois, comme le défend la contribution programmatique du PG adoptée lors de la Convention nationale du week-end dernier.

Les tentatives désespérées de réprimer le mouvement sont également vaines. Elles révèlent non seulement la débandade du pouvoir, mais de l’Etat lui-même et de ses fonctions régaliennes. Epuisées par l’état d’urgence, en sous effectifs et souvent sous formées, les forces de l’ordre dérapent. La dénonciation des violences policières à l’encontre des lycéens, comme celle médiatisée devant un lycée parisien, ont d’ores et déjà contraint l’IGN à enquêter. Mais les tentatives d’intimidation se poursuivent à l’instar de la Préfecture du Nord qui n’a pas hésité à envoyer la police montée à cheval, démontrant un niveau de répression supérieure. Loin de démobiliser les manifestants, cette répression ne contribue qu’à renforcer la détermination du mouvement.

Ainsi, l’évacuation de la place de la République à Paris au petit matin du 1er avril, n’a fait que la médiatiser et encourager la nouvelle nuit debout initiée par divers collectifs citoyens avec notamment l’implication du journal Fakir et des dynamiques autour du film “Merci Patron” de François Ruffin. Le mouvement en marche contre la loi travail poursuit d’ailleurs cette convergence entre mobilisations syndicales et mobilisations citoyennes, se fédérant dans un rejet profond de la politique gouvernementale, bien au-delà du rejet de la seule loi.

13 novembre, sa tentative de les exploiter, aussi bassement politicienne qu’inefficace dans la lutte contre les terroristes, vient d’échouer. Le voilà contraint d’abandonner la constitutionnalisation de l’état d’urgence et de la déchéance de la nationalité. Cette défaite politique cinglante ne fait qu’aggraver la crise de l’exécutif et en appelle une autre, prochaine, sur le terrain social.

La question ne semble en effet plus désormais de savoir si le retrait de la loi El Khomri est atteignable, mais plutôt quand nous les ferons abandonner. C’est tout l’enjeu des manifestations d’ores et déjà prévues mardi 5 et samedi 9 avril, comme les suivantes si nécessaires.

Ils céderont. Nous les ferons céder !

Danielle Simonnet Co-coordinatrice politique du Parti de Gauche


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