François Hollande sur France 2, pour ne rien dire

lundi 18 avril 2016.
 

C) Il paraît que Hollande était à la télé ! A quoi bon en parler (Jean-Luc Mélenchon) ?

C’est peu dire que les événements cristallisent partout autour de nous. La lutte contre la loi El Khomri a engendré le mouvement « La Nuit Debout » qui gagne de ville en ville et focalise l’envie de prise de parole politique des citoyens. Laissons tomber le racolage médiatique sur la récupération ou non du mouvement. Ce qui compte c’est l’état d’esprit que cet évènement déclenche partout et chez tous. Il est clair que la première conquête idéologique de ces assemblées est l’immense avancée du discrédit des institutions et de ceux qui les représentent. Si l’idée de la Constituante gagne autant de terrain par la base après que tant ait été dit contre cette idée par les partis traditionnels et jusque dans notre gauche, c’est une très bonne nouvelle. Ce mouvement féconde la perception politique des citoyens et lui fait porter des fruits qui viendront à leur heure électorale. Prise en tenaille sur le front social et sur le plan citoyen, la présidence Hollande est une lente agonie glauque. Elle tourne au grotesque à mesure que le tableau se surcharge d’une révolution de palais entre les vizirs et leurs spadassins respectifs.

De son côté, l’Union Européenne, écroulée sous le poids de la crise des réfugiés, du vote « non » des Hollandais à l’accord anti Russe, du Brexit qui s’avance, va comme un bateau ivre. Ses responsables regardent, en brassant de l’air, l’économie du continent sombrer dans la déflation et la neurasthénie allemande. Mais des États-Unis nous viennent les nouvelles rafraîchissantes des victoires en chaîne de Bernie Sanders et de ses mobilisations populaires massives. Et l’exaspération hargneuse de Hillary Clinton et de l’appareil Démocrate n’y peuvent rien. Si la révolution politique de Sanders parvient jusqu’au point de vaincre dans le parti démocrate les Clinton, un cycle politique mondial nouveau commencera. Nous avons notre part de ce combat. Il est donc temps pour nous de rompre avec le vieux monde des combines, des « primaires de toute la gauche » et de son cortège de vieux appareils à la ramasse. La lutte nous appelle à la clarté politique du projet et des méthodes pour construire une conscience populaire majoritaire favorable.

B) Irréel (PG)

François Hollande a, ce soir, versé dans un exercice irréel. Niant la réalité économique du pays, il a cédé dans l’auto-satisfaction en dressant un bilan globalement positif de sa politique économique. A peine a-t-il concédé le niveau du chômage dans ce tableau lunaire du pays. Il a, fidèle à ses habitudes, aligné des contre-vérités comme ces salaires qu’ils voient remonter grâce à un meilleur partage des profits, la situation de l’école publique ou le logement !

On peut se demander s’il ne vit pas au pôle nord… Il aura en plus confirmé que sur l’écologie, comme sur le reste, il ne respectera ses promesses en proposant des fermetures de centrales nucléaires après 2019 soit une fois battu. La COP21 terminée, les masques tombent.

Pour le reste, sur la laïcité, le danger intégriste, le terrorisme, la situation au moyen-orient, il s’est contenté de commenter la situation.

Hollande comptait sur ce dialogue pseudo citoyen pour rassurer les français. Mal à l’aise il a fait un bide.

Il y a un encore peu, une intervention présidentielle était un événement, Hollande a réussi à en faire un repoussoir. Comme son bilan.

Eric Coquerel Co-coordinateur politique du Parti de Gauche

- Source : https://www.lepartidegauche.fr/comm...

A) Une censure et quelques leurres pour tenter de réussir une synthèse à la télé

France 2 a récusé au dernier moment la présence d’une syndicaliste Force Ouvrière de chez Doux dans le panel des six Français brusquement ramené à quatre pour à questionner François Hollande demain soir dans le cadre de l’émission « Dialogue citoyen ».

Hier nous évoquions sur le site « l’Humanité.fr » l’entreprise de diversion lancée par Jean-Marie Le Guen favorable à la dépénalisation du cannabis juste avant de l’émission « Dialogue citoyen » de France 2 dont François Hollande est l’invité demain soir. Le Guen, qui est le ministre en charge des relations avec le Parlement, ne proposait pas aux parlementaires d’en débattre, ni de légiférer. Il demandait au Parti socialiste d’en discuter. Ce mercredi, Le Figaro consacre deux pages au sujet et cite les propos de plus d’une dizaine de personnalités majoritairement défavorables à la dépénalisation. C’était le but rechercher pour que le chef de l’Etat puisse clore le débat par quelques phrases sensées faire autorité demain soir. Le temps consacré à la fumette diminuera celui consacré aux sujets qui fâchent encore davantage, à commencer par la casse du code du travail.

C’est d’ailleurs parce qu’elle devait évoquer ce sujet que Nadine Hourman, syndicaliste Force Ouvrière chez le volailler Doux, a été exclue de l’émission. Selon les dernières déclarations de cette syndicaliste, que des journalistes de France 2 ont rencontré à plusieurs reprises venant même la filmer chez elle entre le 31 mars et le 8 avril dernier pour préparer cette émission, son exclusion finale serait intervenue suite à une demande de l’Elysée. Nadine Hourman avait déjà eu l’occasion de dire son fait à François Hollande ; lequel ne semble pas en avoir gardé un excellent souvenir. Un agriculteur breton serait passé à la trappe au dernier moment pour les mêmes raisons. Interrogé par Le Monde, Michel Field, devenu récemment directeur de l’information de France Télévision, a reconnu que ces deux invités « pressentis » ont été écartés au dernier moment.

Et d’ajouter : « c’était une volonté de notre part, pas une demande de l’Elysée. Avoir moins de citoyens permet d’avoir un vrai dialogue, pas seulement un témoignage, une question et une réponse du président et puis c’est tout ». Michel Field reconnait toutefois que les noms des invités sélectionnés par France 2 avaient bien été communiqués à l’Elysée « pour des raisons de sécurité ».

Mais ces arguments ne sont guère convaincants, y compris auprès des journalistes de France 2 dont l’un a déclaré au Monde : « d’habitude, on ne transmet que les profils des intervenants, pas les noms, et on donne les grandes lignes de l’émission, pas le détail ».

Au journal de 20 heures, hier soir, David Pujadas a longuement fait la promotion de l’émission du 14 avril sans évoquer cet acte de censure mais en présentant sous un jour très favorable la femme de 40 ans qui interrogera le président sur le contenu du projet de loi El Khomri. Il s’agit d’une chef d’entreprise qui a créé une ligne de vêtements pour femmes enceintes. Elle fait travailler une quarantaine de personnes, a voté pour Sarkozy en mai 2012 et possède le profil des gens qui pourraient adhérer au mouvement En Marche récemment créé par Emmanuel Macron et qui revendique déjà 25.000 inscriptions.

Etre interrogé par une telle personnalité sera moins risqué pour François Hollande que de répondre aux questions d’une syndicaliste des usines Doux où les cadences infernales de travail sur les chaînes de productions dans la chaîne du froid malmènent les organismes. Et, pour tous ces organismes malmenés, une loi qui facilitera les licenciement au gré des ralentissement des flux de production qui peuvent être organisés de manière artificielle via des transferts provisoires d’activités sera demain très dangereuse. C’est parce que son témoignage pouvait donner de tels exemples à partir de ce qui se passe déjà chez Doux que la présence de Nadine Hourman a été jugée dangereuse par l’Elysée et que Michel Field l’a rayée de la liste.

Notons enfin que dans un très long entretien à Libération de ce mercredi, Manuel Valls, sans parler de l’émission de demain soir prépare aussi le terrain pour lui donner l’orientation souhaitée à l’Elysée . Quand on lui suggère l’idée d’une coalition gauche-droite après la présidentielle de 2017, il déclare : « Sans nier les différences entre la gauche et la droite, il est évident qu’on peut parfaitement nouer des pactes. Et de ce point de vue, je suis en phase avec Emmanuel Macron ». Et quand on évoque un second mandat François Holland en 2017, il ajoute : « je pense que tout est possible et qu’il est capable de recréer une dynamique. Pour cela, il faut que l’esprit collectif l’emporte sur les aventures individuelles. Il faut que la gauche se retrouve autour du président de la République(…) Il faut que nous défendions son bilan, mais il lui appartient, surtout de dire la suite, de montrer le chemin ». Voilà donc le but de l’émission concoctée entre l’Elysée et un Michel Field récemment promu directeur des programmes de France Télévision.

Gérard le Puill, L’Humanité


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message