A Rennes aussi, debout la nuit....

mercredi 20 avril 2016.
 

Depuis le 5 avril, Nuit debout s’organise à Rennes. Au début, on pouvait vraiment s’interroger sur la pérennité de ce mouvement qui semblait fragile, reposant sur quelques uns, avec l’aide d’aucune organisation. Mais cela tient depuis et tous les soirs, l’AG s’organise, des groupes de paroles sont constitués, tous les jours les barnums sont remontés, et rangés dans la nuit. Le samedi 9 avril a été le moment le plus animé, la participation la plus importante (plus de 1000 personnes) à la suite de la manifestation.

Le groupe facebook d’organisation (317 membres) enchaîne les échanges . Ce sont essentiellement des jeunes qui participent.

Les attentes ne sont pas toutes identiques. Une partie des étudiants et des jeunes qui gravitent autour du mouvement à la fac de Rennes 2 (Rennes la Rouge) veulent s’organiser pour poursuivre le mouvement contre la loi travail, en occupant la fac, en bloquant des sites économiques, pour certains en voulant regagner le centre ville interdit par la maire de Rennes et le préfet, et en affrontant les forces de police. Les libertaires ont investi cet espace et contestent la forme citoyenne prise par Nuit debout, en critiquant l’expérience de Podemos ( ce en quoi ils n ’ont pas entièrement tort). Samedi, cela s’est traduit concrètement par deux AG parallèles, celle de Rennes 2 et celle de Nuit debout.

C’est un des enjeux que cette scission ne perdure pas, de nombreux participants interviennent en ce sens.

D’autres veulent favoriser l’appropriation de la politique par le plus grand nombre par une parole libre, à égalité de tous les présents et pour changer le monde...pas moins que ça. Ils veulent que le mouvement ne se contente pas du retrait de la loi travail en affirmant que cet objectif ne règlera rien, question chômage, souffrance au travail, répression policière absence de démocratie etc..

Deux grands thèmes de débat sont en discussion, la démocratie (proposition d’écrire une nouvelle constitution) et le travail. Deux groupes se sont constitués pour les animer avec la volonté de ne pas se contenter de la présence de celles et ceux qui viennent sur la place mais de faire des aller retour entre les lieux de travail, les lieux de vie et les lieux de débat.

Le rapport aux organisations est complexe, il y a une volonté farouche de ne pas se faire récupérer. Refus des chefs, refus de déléguer, refus de s’institutionnaliser (la demande des élus que le groupe des jeunes se constitue en association a été réjetée) Mais lorsque les organisations servent le mouvement (et sans arrière pensée), il n’y a pas de problème. Le CRIJ qui est juste à coté de la place donne un coup de main pour une aide matérielle (local, matériel de projection pour les documentaires). Les camarades du collectif des jours heureux (qui regroupe CGT FSU Attac essentiellement) ont aidé à la projection du film de Françoise Davisse et favorisé le débat qui a suivi la projection.

Ensuite il y a plein de propositions pour enrichir ce qui se passe sur la place : interviews retransmis sur site, écriture d’une gazette, apport d’un graphiste pour les flyers, création d’un site internet en cours, concert, cantine....

Les capacités d’auto-organisation de ce mouvement sont fabuleuses.

L’espanade Charles de Gaulle est rebaptisée PLace du Peuple, la maire de Rennes aussi d’ailleurs Nathalie Appéré est devenue Nathalie Appeurée.

Dans les débats l’écoute des interventions est très respectueuse, par exemple sur la question du rapport aux organisations ( on a besoin de s’organiser, le problème vient quand les organisations confisquent le pouvoir de celles et ceux qui se mettent en mouvement...), sur la question du travail (qu’est-ce qu’on considère comme du travail, est ce qu’on travaille uniquement quand on est en situation d’emploi ...) sur la question de l’appropriation des outils de travail par les salariés. Ecoute attentive.

Il faut investir ce mouvement. Bien malin celui ou celle qui peut en prédire l’avenir, mais on a interêt à le voir grandir. Ce mouvement profondément anti-délégataire est porteur d’avenir.

Sylvie Larue


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