Le Manifestant (de 1968 à aujourd’hui)

lundi 10 juin 2019.
 

Il avait manifesté, tant et plus.

dans l’après 68, casqué,

parmi tant de jeunes copines et copains.

Il courait vite alors et cela valait mieux.

Car la police n’était pas tendre.

Mais c’était comme un rituel

de courses, de lacrymos

et de chevelures dénouées.

L’époque semblait alors grand ouverte,

à la jeunesse, aux guitares et aux robes à fleurs.

Tandis que les posters du « Che » régnaient

sur les murs des chambres d’adolescents.

Lorsque Francisco Franco, le cacochyme

voulut, avant de mourir, accroître sa moisson de victimes.

Cela chauffa fort devant le consulat

Espagnol, à Toulouse.

Il fallait maîtriser la peur des détonations,

et se tenir bien droit dans la chaîne,

lorsque les hommes casqués

qui avaient aussi peur,

reçurent l’ordre de charger.

Sales moments pour le service d’ordre,

et entre chocs de casques contre casques,

Tels des chevaliers des temps jadis,

avec leurs heaumes.

Puis les années passèrent, les copains s’égayèrent.

La venue de l’âge adulte déboulait dans nos vies,

avec leurs parts de réalisations et d’oublis des serments.

Certains tournèrent complètement casaque,

et commencèrent à se prendre au sérieux,

en jouant aux patrons branchés ou aux conseilleurs officieux.

D’autres furent laissés pour compte.

Certains s’en prirent aux plus faibles qu’eux,

votèrent pour le borgne et sa fille

qui leur promettaient de rebâtir la France en rendant la vie

plus dure à de pauvres hères basanés.

Qu’ils suspectaient de réduire

leur maigre part de droits sociaux.

C’était des temps bien médiocres à l’haleine fétide.

Dans les cafés, les propos volaient bas,

Comme des projectiles

et les plus hargneux régnaient par leurs outrances,

comme le loup cervier sur la meute apeurée.

Et puis, fut élu, François Hollande, non par son charisme

mais surtout par défaut,

Il avait l’air bonhomme paraissait bienveillant.

Et puis Sarko nous avait tant épuisés et exaspérés,

par son ego de montgolfière, son agitation incessante,

et sa manie de dresser les uns contre les autres,

et de courir sus aux boucs émissaires.

Nous n’attendions pas un Zorro, mais nous eûmes droit au sergent Garcia.

Et funeste erreur, ce Président apaisé, trop tranquille,

fit appel à Manuel Valls, ce querelleur, cet hidalgo ombrageux,

Alors s’instaura le temps des reniements et des provocations,

ou il fallait battre sa coulpe et ne plus prononcer le mot « socialisme ».

Et puis comme une saveur amère sur le gâteau

et ces goûts d’alcool frelaté,

surgit la loi « Travail » comme un pied de nez

fait au manque de celui-ci, tellement tirée vers les bas coûts.

Nous fumes beaucoup à nous réveiller hagards,

et à reprendre le chemin des manifs,

Ou nous virent des robocops super équipés,

nous serrer de près ; ambiance détestable.

Pendant que nos mandants élus pour faire tout autre chose.

S’efforçaient de nous enfumer et de créer maintes diversions.

C’était moins marrant qu’en notre jeunesse.

Mais il fallait ne pas lâcher, pour transmettre l’Esprit et la Flamme.

Nous avions quand même la gorge serrée,

de voir d’ancien amis raconter des salades,

et se battre désormais pour la préservation de leurs postes,

et de quelques prébendes, menus ou bien dodues,

Mais comment était-ce arrivé ?

Comment avaient-ils pu oublier ce qu’ils avaient été ?

Et venir défendre ce qu’ils avaient combattu ?

L’histoire est bien cyclique et l’être fragile comme un roseau.

Ça ne fait rien, j’étais redevenu manifestant, opposant,

Je gardais comme l’oiseau bleu ma conscience pour moi.

Et je pourrais dire un jour à mes enfants :

« le plus beau diamant est ta propre vérité intérieure,

Maintiens ton Esprit pur avant que de prétendre changer le Monde. »

Paul Daubin


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