Blocages dans le secteur des ordures ménagères : le mouvement s’amplifie pour le retrait du projet de loi Travail et l’ouverture de négociations

mardi 14 juin 2016.
 

B) La grève des éboueurs s’étend, la situation devient critique à Paris (Le Monde)

« Dans ma rue, les poubelles jaune et gris ne sont plus ramassées depuis le début de la semaine, elles vont bientôt déborder. » Comme Cédric, résidant à Vanves, dans les Hauts-de-Seine, de plus en plus d’habitants sont affectés par la grève des éboueurs qui protestent contre la loi travail. Le mouvement prend de l’ampleur à Paris, en Ile-de-France et dans diverses villes du pays. La CGT a annoncé des actions surprises en région dès jeudi 9 juin.

A cela s’ajoute le blocage de certains sites de traitement des déchets et ordures ménagères. En région parisienne, l’usine d’Ivry-sur-Seine, la plus importante d’Ile-de-France, est bloquée depuis dix jours par des éboueurs et agents de la Ville de Paris. Et la CGT services publics a annoncé jeudi que les personnels ont décidé de reconduire la grève jusqu’à mardi, journée de manifestation nationale contre la loi El Khomri.

« Réunie à l’usine d’Ivry, occupée, l’assemblée générale des grévistes, éboueurs, égoutiers, personnels des garages de la Ville de Paris a décidé à l’unanimité la poursuite du mouvement de grève jusqu’au 14 juin », a précisé Baptiste Talbot, représentant du syndicat, en affirmant que les grévistes étaient « prêts » à suspendre leur mouvement « en cas de réouverture de négociations sur le projet de loi travail ».

La collecte des poubelles risque de s’en trouver encore plus ralentie, dans la capitale, les chauffeurs des principaux garages de camions-bennes de la Ville de Paris (Ivry Bruneseau, Ivry Victor Hugo, Romainville, Aubervilliers) étant massivement en grève.

Les agents d’Ivry sont suivis par leurs collègues de Romainville et Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis). Dans les Bouches-du-Rhône, l’incinérateur de Fos-sur-Mer qui traite les ordures ménagères de Marseille, est touché par la grève tout comme deux autres en Ariège.

n revanche, le travail a repris jeudi à Saint-Etienne (Loire) et la fan-zone pourra ouvrir vendredi comme prévu pour le premier match de l’Euro. « Les représentants CGT de la ville et de l’agglomération viennent d’accepter les propositions que je leur avais faites » mardi, mettant fin à la grève du service propreté de la communauté urbaine engagée depuis huit jours, a déclaré, à l’AFP, le maire stéphanois, Gaël Perdriau (Les Républicains).

« Les techniciens chargés d’installer les zones d’accueil, notamment la fan-zone de l’Euro 2016, m’ont proposé de travailler cette nuit afin de pouvoir tenir le programme d’ouverture vendredi, tel qu’il était prévu », a-t-il ajouté.

« Ça va devenir compliqué »

Rien de tel à Paris. A la veille de l’ouverture de l’Euro, la situation devient critique dans la capitale où le ramassage des ordures n’est plus assuré que dans un arrondissement sur deux. Mercredi, la Mairie a demandé à la police d’intervenir dans deux garages de camions de ramassage bloqués par des militants CGT à Ivry-sur-Seine.

« Outre des centres du Syctom, l’établissement public qui gère les trois sites de la région parisienne, la Ville a été confrontée plusieurs fois depuis jeudi dernier à des blocages ponctuels des garages où stationnent les bennes de collecte, indique la Mairie dans un communiqué. Ceux-ci sont le fait de quelques militants de la CGT. »

Face à une « situation préoccupante », la mairie explique avoir été « contrainte de recourir à la force publique » et avoir dû redéployer ses effectifs pour soulager les établissements les plus touchés. Elle appelle « à la reprise du dialogue au niveau national, entre l’Etat et les syndicats, pour parvenir à une solution durable qui mette fin à ce conflit social ».

Selon la Mairie, les arrondissements où la collecte est perturbée sont ceux où elle est assurée par les services municipaux, les autres relevant du secteur privé.

Le Syctom, de son côté, n’a confirmé que le blocage, depuis le 30 mai, de l’usine d’Ivry-sur-Seine, tout en reconnaissant que le mouvement a tendance à s’étendre. « La CGT-Energie a déposé un préavis de grève pour jeudi, pour le personnel des sites d’Issy-les-Moulineaux et Saint-Ouen », a déclaré, à Reuters, Patrice Furé, directeur de cabinet du président du Syctom. « Ça va devenir compliqué. »

Certaines des 84 communes de la région parisienne servies par cette agence ont commencé à recourir à l’enfouissement de leurs ordures ménagères dans des décharges. « Le mouvement a plutôt tendance à s’amplifier, constate M. Furé. Des sociétés privées commencent à être touchées. On n’est pas dans un mouvement qui s’essouffle, loin de là. »

Dominique Gallois Journaliste au Monde

A) Communiqué de la Fédération CGT des Services publics

Vendredi 3 juin, le cinquième jour de blocage est engagé sur le site de la TIRU Ivry/Paris 13, première usine d’Ile-de-France de traitement des déchets et ordures ménagères. Une présence régulière de camarades de syndicats de la Fédération et de structures de la CGT, professionnelles (dont une délégation d’Info’Com CGT venue le 2 juin) et interprofessionnelles, est assurée.

Jeudi 2 juin, les militants tenant le piquet de grève ont eu le plaisir d’accueillir Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, venu leur apporter son soutien. Le piquet de grève a également reçu la visite d’appui de Didier Le Reste, animateur du Front des luttes du PCF et maire adjoint du Xème arrondissement, de Nicolas Bonnet, président du groupe PCF au conseil de Paris, et d’une délégation du NPA conduite par Philippe Poutou.

Le garage d’Ivry, d’où part une partie des camions-bennes, est bloqué depuis jeudi 2 juin à midi. Les salariés de l’usine TIRU d’Ivry sont entrés en grève jeudi.

Les salariés des usines TIRU de Saint-Ouen et Issy-les-Moulineaux sont en grève pour la deuxième matinée consécutive et les accès aux deux sites sont bloqués par des piquets de grève, avec l’appui des structures interprofessionnelles de la CGT et la présence d’agents territoriaux.

À Nantes métropole, deux sites étaient de nouveau bloqués jeudi matin.

À Saint-Étienne, les syndicats des territoriaux de la ville de Saint-Étienne et de son agglomération poursuivent le blocage de quatre sites, paralysant ainsi la collecte et le traitement des déchets sur Saint-Étienne et plusieurs collectivités. La municipalité de Saint- Étienne a eu recours à un huissier et menace de faire intervenir les forces de l’ordre.

À Toulouse, un dépôt de bennes à ordures est bloqué depuis jeudi à 16 h 30 dans le cadre d’une action engagée par l’Union Départementale et les syndicats des territoriaux. D’autres blocages sont mis en débat.

Le SMECTOM de l’Ariège, qui assure 80 % de la collecte et du traitement dans le département, est bloqué depuis vendredi matin dans le cadre d’une action engagée par l’intersyndicale interprofessionnelle départementale et les syndicats des territoriaux. D’autres actions de blocage sont en préparation.

La Fédération CGT des Services publics renouvelle son appel à ses syndicats et militants à soutenir les occupations de site en cours, à engager partout sur le territoire des actions visant à paralyser la collecte et le traitement des déchets pour contribuer au blocage de l’économie, à préparer un 14 juin massif, et à s’emparer de la votation citoyenne, pour gagner le retrait du projet de loi Travail et des négociations pour un Code du Travail du 21ème siècle.


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