Dictature du capital : Les fonctions et acquis sociaux dans le collimateur

jeudi 29 septembre 2016.
 

Le patronat, le gouvernement, les institutions européennes et mondiales sont vent debout contre tous les aspects de ce qu’on avait improprement appelé « l’État providence ». C’est une appellation trompeuse : il ne s’agit pas de cadeaux octroyés par un pouvoir bienfaisant, les acquis sociaux instaurés au cours du 20e siècle étant le fruit de luttes sociales considérables.

De la fin du 19e siècle à la Libération, lorsque le patronat discrédité par la collaboration avec les nazis doit faire la part du feu face aux aspirations populaires, se sont mis en place le droit du travail, la Sécurité sociale et un programme de nationalisations. Quelques conquêtes supplémentaires interviendront jusqu’au début des années 1980. À partir du milieu des années 1980, un tournant se produit : quelle que soit la couleur du gouvernement, une offensive résolue est lancée contre les acquis.

Le tournant du milieu des années 1980

La Sécurité sociale de 1945 s’étend à de plus en plus d’actifs jusqu’en 1978. Les premières diminutions de remboursement avaient commencé avant, dans les années 1960. Elles vont s’accélérer à partir de 1986. Les malades paient de plus en plus pour se soigner, tant chez eux qu’à l’hôpital avec l’augmentation du forfait hospitalier. Mais, malgré les restrictions de moyens, la privatisation de parties de plus en plus importantes, l’assurance maladie et l’hôpital public sont encore debout.

Les multiples attaques contre les retraites de ces 20 dernières années ont détruit le système instauré en 1982 : retraite à 60 ans pour 37,5 années de cotisation. Commencée en 1993 pour le privé, en 2003 pour les fonctionnaires, 2007 pour les régimes spéciaux, la destruction s’accentue encore en 2010 : la retraite est de plus en plus tardive, avec des pensions de plus en plus réduites. Mais si le régime par répartition est mal en point, la retraite par capitalisation ne l’a pas fait disparaître.

Les lois du travail sont en régression depuis le milieu des années 1980, avec un détricotage patient du principe de faveur pour le temps de travail, pour arriver à l’inversion de principe prévue dans le projet de loi travail. Le travail temporaire légalisé en 1972, comme les CDD en 1979, comme l’extension du travail à temps partiel, ont développé la précarité, notamment pour les femmes, les immigréEs et les jeunes, et pour les embauches. La précarité s’étend aussi dans le secteur public, notamment à La Poste.

Ils veulent aller plus loin

Mais 87 % des salariéEs du privé sont encore en CDI. Réduire les droits des CDI, leur possibilité de résistance à l’arbitraire patronal est aussi un des objectifs de la loi travail et de toutes les mesures qui visent les prud’hommes et l’indépendance des inspecteurs du travail. Enfin, le rôle préventif que peuvent avoir les médecins du travail est, lui aussi, remis en cause.

Les résistances sociales de ces 20 dernières années, si elles n’ont pas permis des victoires nettes, ont empêché le patronat d’instaurer dans toute son ampleur la cure néolibérale imposée dans la quasi-totalité des autres pays européens. C’est tout l’enjeu politique et social de la lutte contre la loi travail : refuser le principe même de la destruction des acquis sociaux, refuser le monde de pauvreté, de précarité de la dictature du capital.

Patrick Le Moal


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