DÉTACHEMENT DÉTACHÉ : MISE AU POINT DE JEAN-LUC MÉLENCHON (juillet 2016)

mercredi 1er février 2017.
 

« Une polémique assez stérile est organisée à propos de mon intervention d’une minute trente au parlement européen sur le Brexit. Cette vidéo a été vue par plus de huit cent mille personnes. Il en est extrait quatre mots pour recommencer contre moi l’habituel exercice qui consiste à me flétrir en m’attribuant une orientation politique qui n’est pas la mienne comme en attestent les engagements de toute ma vie politique, mes discours et mes livres. Cette quête de la « face cachée de Mélenchon » est un classique. Ses auteurs sont les mêmes depuis tant d’années !

Nombreux sont ceux qui ont réagi en soulignant la sottise du procès. Je les en remercie chaleureusement. Je croyais qu’on en resterait là. C’était oublier que les amis de la cause du peuple veillent nuit et jour. « Le Monde » est donc intervenu pour relancer la pompe à fiel. Des amis sont troublés. C’est le but visé par cette petite campagne. D’autant que j’ai répondu : l’expression était appropriée. Évidemment, le contexte de l’article est organisé pour que cela soit présenté comme une confirmation de l’intention xénophobe qui m’est attribuée. Plusieurs journalistes du « Monde » en ont fait autant par tweet.

Sans m’attarder sur cette méthode journalistique, je relève le fait suivant : ce journal, qui ne dit pas un mot du reste de mon intervention sur le Brexit (dont c’était le sujet), se fait ici le relais de divers groupes connus pour leurs opinions parfois très discutables. Le même journal et la meute ne disent pas un mot de la nouvelle directive sur les travailleurs détachés qui maintient le principe de paiement des cotisations sociales dans le pays d’origine. J’ai voté contre. Elle a été adoptée au parlement européen par tous les partis français (droite, PS, Verts, extrême droite). Ils ont ainsi avalisé le principe des travailleurs détachés et du dumping social sans qu’un seul de mes dénonciateurs si sourcilleux ne s’en émeuve.

Il va de soi que je ne retire rien. Ce serait une lourde erreur de céder une seule fois à la sainte inquisition de l’Église médiatique. J’y ajoute. J’y ajoute des guillemets. Mettez des guillemets autour des mots sur le pain volé que je prononce et vous aurez la réponse à vos angoisses sur mon compte à supposer que vous vouliez faire autre chose que me nuire ! À l’oral, on n’entend pas les guillemets, hélas.

Après cela, un instant de philosophie pratique. D’aucuns voudraient que nul n’ait jamais de responsabilité personnelle dans l’histoire. Tous seraient victimes du capitalisme et cela absoudrait en permanence de toutes turpitudes dont ils seraient participants. Ce n’est pas ma manière de voir. À mes yeux, le principe de responsabilité personnelle est engagé en permanence. Personne n’est obligé de faire le métier de bourreau. C’est un choix personnel et peu importe ses raisons. Je renvoie sur le sujet au beau livre de Colette Audry « Les militants et leur morale ». Sans la résistance personnelle et individuelle aux actes mauvais que l’on est invité à commettre, quel qu’en soit la nature, l’injustice continue son chemin sur notre dos.

Je conclue. La réponse à la concurrence déloyale et au dumping social que le statut des travailleurs détachés rend possible est l’égalité des droits de tous les salariés. Dans le cas précis, cela abolirait l’avantage donné à ceux qui ont recours à cette main d’œuvre plutôt qu’à celle du pays et de la région où ils sont employés. Au-delà des mots que l’on me reproche avec tant de hargne et de malveillance et que deux guillemets remettent à leur place exacte, quand ai-je manqué à cette lutte pour l’égalité ? Et ou étaient les journalistes et la meute quand tant d’autres y manquaient non par leurs mots mais par leur vote ? Bon, je fais une pause dans ces jeux du cirque pour préparer ma valise de vacances. Encore merci à ceux qui ont pris ma défense. »


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