Présidentielle aux Etats-Unis : Pour les pro-Sanders, le choix d’Hillary Clinton ne passe toujours pas

mercredi 21 septembre 2016.
 

« Voter pour le moindre mal n’est pas une solution, je ne vote pas pour un mal. » Joscinta Mack est une militante de Bernie Sanders, candidat malheureux à la nomination du Parti démocrate pour la présidentielle américaine de novembre.

Jeune trentenaire, originaire de New York, elle est venue à Philadelphie (Pennsylvanie) avec sa pancarte « Never Hillary » (Jamais Hillary). Autrement dit, elle ne votera ni pour l’ancienne secrétaire d’Etat ni pour l’adversaire républicain de cette dernière. « Jamais Donald Trump ne remportera l’élection, assure-t-elle. A nous de maintenir la pression pour changer radicalement de politique. »

Comme beaucoup de militants pro-Sanders rassemblés dans l’ancienne capitale des Etats-Unis, en ce dimanche 24 juillet, veille d’ouverture de la convention démocrate, Joscinta Mack est « Bernie or Bust » (Bernie ou rien).

Comme la plupart des personnes qui assistent à la manifestation qui a réuni, sous un soleil de plomb, plusieurs centaines de « sandernistas », elle inscrira peut-être, le 8 novembre, le nom de « son » candidat sur son bulletin de vote. « Hillary est corrompue, liée à l’establishment, elle a menti et n’a aucune prise avec le monde réel qui nous entoure. C’est une néoconservatrice, pire une pragmatique », tranche-t-elle.

« Ras le bol »

Et Joscinta Mack reviendra chaque jour de la semaine pour exprimer sa colère. Une marche quotidienne est prévue à cet effet aux alentours du centre de la convention à l’appel de plusieurs mouvements d’extrême gauche et d’une partie de la gauche du Parti démocrate.

« Le fait que Sanders se rallie [le 12 juillet] à Hillary ne change rien, souligne Chris Fury, délégué démocrate de Virginie. Il lui reste une centaine de jours avant l’élection pour gagner mon vote. Elle doit continuer à changer son cap et s’y tenir. »

Une allusion au rapprochement opéré ces derniers temps entre la candidate et son ancien rival. Mme Clinton s’est ainsi prononcée contre le projet d’accord de Partenariat transpacifique (TPP) qu’elle avait pourtant lancé lorsqu’elle dirigeait le département d’Etat.

Elle s’est également déclarée favorable à l’extension du programme Medicare ainsi qu’à la suppression des frais de scolarité dans les universités publiques pour les étudiants issus de familles modestes. Autant de propositions qui ont été défendues par Bernie Sanders durant la campagne des primaires.

« On verra bien, ajoute Chris Fury, comment Hillary réagira en août lorsqu’il s’agira de remplacer la présidente du Comité national démocrate, Debbie Wasserman Schultz », qui a annoncé sa démission ce même dimanche après-midi.

Sa tête était réclamée depuis des mois par le camp Sanders. « Je veux voter en mon âme et conscience, insiste le délégué, je veux que la candidate comprenne que les inégalités sociales n’ont jamais été aussi criantes, que les salaires de la classe moyenne ont stagné depuis plus de vingt ans et que nous en avons ras le bol que notre parti n’écoute plus, contrairement à Bernie Sanders, sa base, ni les gens qui souffrent. »

« Révolution politique »

Le sénateur du Vermont a prévu de s’exprimer à la convention démocrate ce lundi. Encore dimanche, il a rappelé que « son travail, à ce jour, était de faire battre Donald Trump, et de faire élire Hillary Clinton ». Un travail qui s’annonce encore difficile pour une partie non négligeable des militants compte tenu de la popularité de son appel à une « révolution politique ».

Selon un sondage du Pew Research Center, rendu public le 12 juillet, 85 % des électeurs de Bernie Sanders ont indiqué voter pour la candidate démocrate, alors que seuls 9 % ont dit choisir son rival républicain.

Toutefois, cette même enquête indique qu’à peine 47 % d’entre eux considèrent que l’ex-secrétaire d’Etat est plus honnête que Donald Trump. Près de 35 % des électeurs de Sanders indiquent qu’aucun des deux est plus honnête ou digne de confiance.

Des chiffres fragiles déjà illustrés à la mi juin par un sondage de Bloomberg qui indiquait que seuls 55 % des électeurs du sénateur du Vermont avaient prévu de voter pour Hillary Clinton.

« Même si elle parvient à convaincre une majorité d’entre nous, il n’est pas improbable que nous allions voter en nous pinçant le nez », indique Kyle, étudiant de Boston. Lui a d’ores et déjà choisi de s’inscrire sur le site de Bernie Sanders, comme 24 000 autres militants, pour préparer l’avenir et postuler à un siège électif aux couleurs du mouvement.

Nicolas Bourcier (Philadelphie, envoyé spécial)

Journaliste au Monde


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