POURQUOI JE SOUTIENS LA CANDIDATURE DE MARIE-GEORGE BUFFET ? (de Jean-Luc Gonneau ex CNGR et PRS)

lundi 9 avril 2007.
 

Pour que le contexte soit clair, il convient de préciser que mon choix de faire campagne aux côtés de Marie-George Buffet est

Et il est probablement utile d’indiquer ou de rappeler que j’ai fait partie, ces deux dernières années, du Collectif national du 29 mai, qui rassemblait une bonne partie de la « gauche du Non », puis du Collectif National pour des Initiatives unitaires, qui visait à créer les conditions de candidatures communes aux élections présidentielle et législatives. Aux premières loges donc, de la démarche unitaire.

Il appartiendra, au Cactus, à notre historiographe-mémorialiste João Silveirinho de tirer les leçons de cette séquence, de ses avancées (travail en commun, propositions communes, dynamiques de terrain, insuffisantes certes mais réelles...) et de ses échecs dont le plus patent est ce que nous vivons dans la campagne présidentielle. La faute à qui ? Sourions un instant : à tous sauf au Cactus. Dans quelle proportion ? Est-ce vraiment intéressant de faire un concours ? Disons, dans un premier temps, que les conditions objectives n’étaient pas réunies (souvenirs, souvenirs), ni d’ailleurs les conditions subjectives. Le deuxième temps viendra après les élections. Il faudra alors analyser les causes.

Mais l’échec de la candidature unitaire constaté, que fallait-il faire ? On le sait, les réponses ont été différentes, tant au niveau du Collectif national qu’à celui des collectifs locaux. Il convient de respecter les choix de chacun, mais est normal d’expliciter le sien et de formuler le cas échéant quelques observations sur celui des autres, en se limitant ici au cadre -restreint il est vrai - du Collectif National.

Il y a eu des choix « logiques » : que les représentants de la direction du PCF au collectif national se soit rangés derrière la candidature de Marie-George Buffet n’est bien sur pas surprenant. Que les socialistes de PRS soient retournés au bercail, sans grand enthousiasme semble-t-il, peut se comprendre : ils souhaitaient une traduction organisationnelle d’une union, et nous en étions loin (mais il faudra remettre l’ouvrage sur le métier). Qu’une fois la candidature de José Bové confirmée, les Alternatifs et les verts d’Alterékolo, partisans de Bové dès la première heure, la soutiennent, pas de surprise non plus. Le cas des minoritaires de la LCR, on le savait à l’avance, est plus cornélien. Ils ne voulaient ni de Besancenot, ni de Buffet. Il semble qu’ils aient analysé la candidature Bové comme politiquement aventureuse. De là à rejoindre, sans doute sans enthousiasme non plus, la maison mère, il n’y a pas de honte à çà. Que Convergence Citoyenne soit déchirée entre « bovistes » et « non bovistes », on pouvait s’y attendre, tant ce réseau, intéressant au demeurant, est encore hétéroclite (la preuve, c’est que j’y participe parfois), ce qui est aussi une partie de son charme.

Et puis il a ceux qui n’on pas choisi : une partie des « personnalités » du collectif national et non des moindres, tels Claude Debons, inlassable pilier unitaire depuis la campagne référendaire, Clémentine Autain, qui obtint bien des soutiens en tant que « candidate à la candidature », Claude Michel, syndicaliste actif, Marc Mangenot, « copernicien » distingué, François Labroille, fine lame de l’analyse politique, Hamida Ben Sadia, militante enflammée, et tant d’autres ; et l’ensemble de la Gauche républicaine (Mars/GR), certes numériquement faible (mais guère moins voire davantage que d’autres composantes).

Pour ma part, j’ai estimé qu’il était impossible de ne pas faire campagne. Battre la droite dans quelques semaines, cela ne se fait pas en se retirant sur un hypothétique Aventin. Œuvrer à donner à la gauche alternative au libéralisme la possibilité de réaliser le meilleur (ou le moins mauvais si on est pessimiste, et il y a hélas de quoi) score possible ne se fait pas en regardant passer les trains des candidatures. Et regrette que celles et ceux que je viens de citer, que je considère comme des amis (et qui le restent, hein) et celles et ceux que j’ai pu oublier, n’aient pas choisi. Et le choix, leur choix, de Marie-George Buffet m’eût ravi, puisque c’est celui que j’ai fait.

Participer à une bataille politique, c’est d’abord s’engager sur des idées concrétisées par un projet et un programme. Ce projet et ce programme, nous l’avons élaboré en commun. C’est l’acquis majeur de la séquence que nous venons de vivre ensemble, il appartient à tous, avec ou sans moustache. Deux candidats l’ont repris, légitimement. L’un et l’autre l’ont aménagé sur certains points, Bové davantage que Buffet, mais bon. J’ai joué un rôle dans l’élaboration des « 125 propositions », j’ai pu apprécier l’apport de tous, et surtout des camarades du PCF. J’ai pu aussi constater que plusieurs des chevilles ouvrières de ce travail collectif le laissèrent en plan lorsque les candidatures à la candidature fleurirent. Mon analyse aujourd’hui est que le programme de Marie-George Buffet est le plus proche du travail collectif que nous avons conduit.

Participer à une bataille politique, c’est aussi essayer d’avoir une vision prospective de l’ « après ». Je suis convaincu que rien ne se fera au niveau de la gauche alternative au libéralisme sans le PCF. Je concède volontiers que celui-ci devra continuer à évoluer, que je demeure dubitatif, le mot est diplomatique, quant à certaines pratiques. J’ai quelques divergences sur certaines positions, la laïcité notamment. Je comprends aussi que les divergences internes sont parfois difficiles à maîtriser et prennent parfois (trop ?) le pas sur une volonté unitaire plus large. Mais dans l’arc de forces qui constituait les collectifs unitaires, le centre, c’était le PCF. Ce le sera encore demain si nous parvenons à reconstituer des perspectives communes.

Participer à une bataille politique, c’est enfin, peut-être subsidiairement, mais pas tant que çà, utiliser des armes éthiquement convenables, en ne cédant pas aux tentations d’un marketing qui prend trop souvent le pas sur les idées, d’une « pipolisation » débilitante et démagogique. Marie-George Buffet ne fait pas de cinéma, comme on dit, et cela convient très bien au cinéphile que je suis aussi.

Ma décision personnelle qui n’engage pas le Cactus/La Gauche !

de Jean-Luc Gonneau


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