La liberté d’entreprise et l’économie de marché sont-elles le meilleur système pour le monde futur ?

samedi 14 avril 2007.
 

A la question « la liberté d’entreprise et l’économie de marché sont-elles le meilleur système pour le monde futur ? » l’université de Maryland a découvert que 50% des Français répondent non. Ce constat devrait rassurer les socialistes et les rendre moins timides. Nos concitoyens ne sont pas emportés par le matraquage idéologique qu’ils subissent depuis deux décennies.

A ceux qui, à droite, nous serinent qu’il faut faire fi des idéologies, rappelons que le libéralisme est une idéologie comme une autre, et que pour l’heure, c’est celle là qui provoque les pires désordres dans notre société.

Il ne s’agit évidemment pas de refuser l’existence du « marché » : nous ne sommes pas pour un système d’économie administrée dans lequel tout dépendrait de l’Etat ou de ses dérivés. Le marché présente en effet l’avantage d’une souplesse qui peut se révéler utile et dynamique. Mais nous ne voulons pas non plus que le « marché » soit considéré comme le « nec plus ultra »de l’économie et de l’organisation sociale. Comme le dit Ségolène Royal : « le marché est accepté, pas le système libéral ».

Nous ne sommes pas des libéraux, au sens économique du terme. Nous n’acceptons pas que la liberté d’entreprendre, la liberté des échanges, celle de faire du profit, s’opposent à toute autre considération, s’imposent comme les fondements d’une idéologie incontournable. Nous pensons que le bien public, l’intérêt général et celui de la majorité de la population doivent à tout moment pouvoir l’emporter sur l’application systématique de la liberté économique. Bref nous voulons que l’économie soit au service de l’homme et non l’inverse. Et si l’intérêt général est mieux servi par des entreprises ou des services publics, je ne vois aucune raison idéologique pour nous l’interdire. Et qu’on ne vienne pas nous vanter les mérites de la concurrence quand on constate que le système ultralibéral dans lequel nous vivons débouche sur l’hyper concentration des entreprises, quand on constate que la privatisation débouche tout naturellement sur le renchérissement des prix - il faut bien dégager des profits -, et que la concurrence pousse à négliger l’investissement et la recherche.

Chacun convient, même chez les plus libéraux, qu’un certain nombre de contrôles doivent s’imposer : pour assurer la sécurité, la santé, pour protéger les mineurs ou l’environnement, etc . Sans doute les lobbys s’efforcent, même dans ces domaines, de limiter les contraintes. Mais la sagesse finit quand même par s’imposer. Et pourquoi donc ces contrôles ne pourraient pas s’appliquer pour interdire que les salariés soient les victimes d’une exploitation éhontée de leur faiblesse face au pouvoir économique, pour empêcher qu’ils soient soumis à une précarité sans cesse accrue, qu’ils subissent une insupportable spoliation lors du partage des bénéfices de l’entreprise ? Pourquoi ce contrôle ne pourrait-il pas s’appliquer aux conditions dans lesquelles la production peut nuire à l’équilibre environnemental, ou peut entraîner un gaspillage intolérable des ressources énergétiques ? Pourquoi la loi du marché devrait-elle s’imposer justement dans les domaines les plus sensibles, le sort des hommes et celui de l’humanité ? Et si le marché n’est pas capable de répondre à ces exigences pourquoi faudrait-il s’y soumettre, pourquoi ne serait-il pas possible de lui substituer d’autres règles ? Pourquoi faudrait il accepter que les décisions prises par quelques individus ici ou là dans le monde, dans le bureau d’un PDG, soient nécessairement plus légitimes que celles prises par les politiques dans leur propre pays ? Au nom de la Liberté ou bien au nom du Fric ?


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