Cinq années de béni-oui-ouisme européen

mardi 4 octobre 2016.
 

Les mots qui fâchent par Philippe Torreton. « Pour nous, pour préserver l’essentiel, il nous faut tout virer. »

« Pour préserver l’essentiel, il nous faut tout changer », disait Manuel Valls à Colomiers – il parlait de l’Europe, de l’Union européenne. Cet homme rentre dans sa cinquième année d’exercice du pouvoir et, à quelques mois de rendre les clefs de l’appart, il nous lâche ça. Cinq années de béni-oui-ouisme européen, cinq années d’obéissance à cette orthodoxie financière dictée par l’Allemagne, cinq années de référence au modèle allemand, et entendre  : « La gauche européenne, sociale-démocrate, doit se faire entendre davantage sur la relance économique, sur l’assouplissement des règles du pacte de stabilité, pour lutter contre le dumping social et la fuite fiscale, sur le dossier des travailleurs détachés. »

La France est restée prudente  : aucun conflit notoire avec le Luxembourg ou les Pays-Bas, aucune tension particulière avec l’Allemagne. Nous avions pourtant la Grèce exsangue, qui cherchait de l’aide, et si la France avait pesé de tout son poids, peut-être que l’Europe aurait d’autres préoccupations qu’une réduction drastique des déficits publics fixée à 3 % du PIB plus par esthétisme que par savantes équations tenant compte des spécificités de chaque pays.

La France pouvait supprimer le verrou de Bercy, une féodalité persistante en sa République, et doter sa justice des moyens humains pour enquêter sur ces crimes contre la société que représente l’exil fiscal. Nous pouvions espérer le recrutement de milliers personnes afinde se lancer dans cette mission.

La France perfuse la justice de hausses minimales ne comblant que partiellement l’urgence, mais ses besoins sont immenses et cette gestion de l’indigence de sa justice nous place en bas de tableau de l’efficacité judiciaire dans l’UE.

Ce réveil tardif de l’exécutif, ces phrases qui sonnent comme des slogans, ces coups de poing sur des tables de fin de banquet vont peut-être en réjouir quelques-uns, mais je doute que ces quelques-uns conduisent le candidat de cet exécutif soudainement combatif au deuxième tour de l’élection présidentielle, car pour nous, pour préserver l’essentiel, il nous faut tout virer.

Philippe Torreton. Chronique dans L’Humanité


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message