Israël : retour des kapos et de l’Administration militaire

jeudi 20 octobre 2016.
 

A) Des centaines de militants du Balad arrêtes. Retour de l’Administration Militaire (par Michel Warshawski, animateur altermondialiste en Israël)

Le temps de l’Administration Militaire semble de retour. L’Administration Militaire était le régime sous lequel a vécu la minorité palestinienne d’Israël entre 1948 et 1965, quand les Services de Sécurité (Shin Bet) régissait leur vie communautaire et individuelle, quand toute personne soupçonnée d’activité politique était réprimée (assignation à résidence, détention administrative), quand les proviseurs et les instituteurs étaient nommés en fonction de leur docilité et non de leurs diplômes. Depuis 1967 la répression s’est surtout concentrée dans les territoires nouvellement conquis, et la population palestinienne a pu commencer a jouir des libertés publiques qu’elle était en droit de recevoir dans un pays qui se veut démocratiques. Avec des exceptions notoires : le massacre de la Journée de la Terre 1976, et le massacre d’Octobre 2000.

Septembre 2016 : des centaines de militants ou supposes tels (dont le Président du parti, Awad Abed-el-Fatah) du Rassemblement National Démocratique (Balad) – un parti qui appartient a la Liste Arabe Unie et a trois élus a la Knesset – sont arrêtes au milieu de la nuit dans ce qu’on ne peut qu’appeler une rafle, et interroges par la police et le Shin Bet. Comme nous sommes a l’ère du néo-libéralisme, on ne les soupçonne pas de terrorisme, mais… de blanchissements de fonds. Cette semaine, les députés du Balad sont convoques par la police pour être interroges sur un soi-disant "financement illégal du parti". C’est la première fois que c’est le parquet qui enquête sur le financement d’un parti, et non le Contrôleur General de l’Etat, dont c’est une des taches.

Cette attaque planifiée contre un important parti de la communauté palestinienne d’Israël doit être perçue dans son double contexte : celui de l’offensive du gouvernement d’extrême-droite contre la minorité palestinienne dans son ensemble, et celui de la remise en question des libertés démocratiques qui ont existé en Israël, ce que certains dénomment "la fascisation rampante" de l’Etat d’Israël.

C’est aussi l’heure où les rats sortent de leur trou, comme l’ancien ministre des minorités du gouvernement Sharon, Salah Tarif. Ce Palestinien (de religion druze) a fait ses armes dans l’armée juive, et servi avec dévotion dans le rôle du "bon arabe" dont le pouvoir israélien a toujours eu besoin.

Dans une tribune publiée par le quotidien Haaretz du 6 Octobre, il annonce pompeusement : "Ils ne nous représentent plus". "Ils", c’est à dire les députes de la Liste Arabe Unie, qui ont, unanimement, refuses de participer aux funérailles nationales de Shimon Peres. Et d’ajouter : "Je n’ai que mépris pour ces députes lâches, démagogues et sans morale qui conduisent leur peuple au désastre". Reconnaissons que Salah Tarif parle de "leur" peuple, reconnaissant par-là qu’il a depuis longtemps déserté de son peuple pour prendre le rôle de collaborateur du régime. Dans les ghettos et les camps ont appelait des personnages comme Tarif des Kapos. Le retour des Kapos signifie-t-il le retour de l’Administration Militaire pour la minorité palestinienne d’Israël ?

Pour que cela ne devienne pas le cas, il est impératif de mobiliser l’opinion internationale et la communauté internationale qui ont les moyens de faire reculer Netanyahou et sa bande. En commençant par exiger de cesser la répression contre le parti Balad, ses élus et ses militants. C’est le sens de l’appel lancé par le Balad aux représentations diplomatiques étrangères, et que nous reproduisons ici.


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