Le FN des Hautes-Pyrénées a diffusé sur Facebook les adresses de logements occupés par des migrants à Lourdes

dimanche 23 octobre 2016.
 

Olivier Monteil, le secrétaire départemental du FN des Hautes-Pyrénées dit avoir obtenu ces informations "de source policière".

Le communiqué du FN Hautes Pyrénées entend démontrer le "camouflage des autorités sur les 250 migrants-clandestins de Lourdes". Repéré par Street Press sur la page Facebook du Front national des Hautes-Pyrérénées, celui-ci est accompagné d’un document sur lequel figurent les adresses d’appartements dans lesquels des réfugiés ont été placés, et d’une photo montrant une foule de réfugiés.

"Qui sait qu’il y a aujourd’hui 250 "migrants", logés, nourris et soignés gratuitement, et même payés aux frais du contribuable dans Lourdes ? (...) On ne peut qu’être révoltés devant cette injustice et cette préférence étrangère", s’insurge cette publication datée du 17 octobre. Olivier Monteil, le secrétaire départemental du FN des Hautes-Pyrénées, qui a dit à La Dépêche du Midi avoir obtenu ces informations "de source policière" assume complètement la divulgation de ces informations privées.

"On le fait pour informer les gens de Lourdes puisqu’ils payent leurs impôts. Pourquoi est-ce que ça devrait être caché ? Ils occupent des logements sociaux qui devraient être réservés à des Français. Des logements privés ont même été réquisitionnés. Des terroristes peuvent se cacher parmi eux", a-t-il expliqué à nos confrères du Lab. Aussi, le communiqué assure que "des consignes ont été données aux agents de Police pour qu’ils ne fassent rien d’autre que des "mains courantes", en cas de problèmes même graves".

Comme l’indique Street Press, la diffusion de ce document a entraîné une avalanche de commentaires haineux, loin de la "France apaisée" promue par Marine Le Pen. L’un des sympathisants du FN local a proposé de "flinguer ces fils de pute", alors qu’un autre assure qu’il "fera tout pour les virer".

Compte-tenu du risque évident présenté par la divulgation de ces informations, la direction du FN approuve-t-elle cette méthode ? Contacté par Le HuffPost, l’état major du parti n’a pas répondu à nos sollicitations. Quoi qu’il en soit, la publication a été supprimée du compte "FN Hautes-Pyrénées".

Série d’intox

Mais alors, de quoi parle le FN65 ? Dans son communiqué, est avancé le chiffre de "250 migrants". Or, comme le souligne la Dépêche du Midi la préfecture a jugé absurdes les estimations d’Olivier Monteil. Idem du côté de la directrice du Centre d’accueil de demandeurs d’asile (Cada) de Lourdes qui ne voit pas "d’où il sort ces chiffres". Car au total, le Cada compte 90 places auxquelles s’ajoutent 18 places d’urgence. Ce qui fait donc 108 (soit beaucoup moins que les 250 évoqués par le communiqué).

Quant aux "logement réquisitionnés" dont parle Olivier Monteil (notamment au Lab), ils s’inscrivent dans les 90 places disponibles à Lourdes. La maire de la ville avait d’ailleurs détaillé ce dispositif au mois de février : "7 appartements sont loués à des privés, tandis que 13 autres le sont à l’office public de l’habitat 65".

Idem concernant les "consignes" données à la police, la préfecture dément fermement. "Ce serait inimaginable de dire une chose pareille aux policiers. D’ailleurs, ni la mairie ni la préfecture n’ont autorité à dire ça", expliquait à la Dépêche du Midi, Catherine Galinié, directrice de cabinet de la préfecture. Enfin, comme le note Le Lab, la photo de réfugiés qui accompagne le communiqué a été prise à Misrata, en Libye en 2015.

L’association France Terre d’Asile, qui gère le Cada de Lourdes, a confirmé au HuffPost qu’une plainte pour "atteinte à la vie privée et divulgation d’informations pouvant mettre en danger" les résidants a été déposée.

Romain Herreros Journaliste politique


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