Les changements climatiques et le patrimoine mondial de l’humanité

vendredi 13 avril 2007.
 

A partir de 26 études de cas, du Parc national du Kilimandjaro à la Grande barrière de corail, l’UNESCO alerte sur les menaces que les changements climatiques font peser sur les sites naturels et culturels inscrits sur la Liste du patrimoine mondial.

En effet, un rapport sur les "changements climatiques et le patrimoine mondial" illustre les dangers auxquels sont confrontés les 830 sites inscrits sur la Liste du patrimoine mondial, en cinq chapitres qui traitent des glaciers, de la biodiversité marine, de la biodiversité terrestre, des sites archéologiques et des villes et peuplements historiques, indique l’UNESCO.

"La communauté internationale reconnaît désormais largement que les changements climatiques constitueront l’un des défis majeurs du XXIè siècle", soulignait hier le directeur Général de l’UNESCO, Koïchiro Matsuura.

La fonte des glaciers de notre planète a des incidences sur la physionomie de sites inscrits sur la Liste pour leur beauté exceptionnelle et détruit l’habitat d’espèces rares, telles que le léopard des neiges dans le Parc national de Sagarmatha au Népal, indique l’UNESCO.

"Ces changements pourraient aussi avoir des effets désastreux sur les vies humaines, car les inondations provoquées par les crues soudaines des lacs glaciaires menacent des établissements humains", affirme l’organisation mondiale, qui préconise de mettre en place des systèmes de surveillance et d’alerte rapide, ainsi que le drainage artificiel des lacs glaciaires.

Le rapport étudie également les effets des changements climatiques sur les sites marins du patrimoine mondial.

70% des coraux des grands fonds marins de la planète subiront probablement les conséquences des transformations environnementales liées à l’élévation des températures et à l’acidification croissante des océans d’ici 2100, prévoit le rapport.

Selon l’UNESCO, 58% des barrières de corail du monde (abritant des centaines de milliers d’espèces de poissons) sont menacées.

A cet égard, le rapport préconise de réduire l’impact sur les barrières de corail de la pollution, du développement et des exploitations minières, ce qui pourrait considérablement améliorer leur résistance aux changements climatiques.

La biodiversité terrestre est également menacée par les changements climatiques, d’après le rapport qui contient une étude détaillée concernant le site du patrimoine mondial des aires protégées de la Région florale du Cap en Afrique du Sud, où la biodiversité est en danger du fait de la diminution des habitats bioclimatiques due au réchauffement du climat et à l’évolution des précipitations.

A l’échelle mondiale, les changements climatiques pourraient entraîner une modification de la distribution des espèces, y compris les espèces "envahissantes", pathogènes et parasites, ainsi que des cycles biologiques comme celui de la floraison, et des relations entre prédateurs et proies, parasites et hôtes, plantes et pollinisateurs, etc.

Le rapport recommande en particulier la création de zones protégées et le changement d’implantation géographique des espèces les plus menacées.

Les changements climatiques pourraient également porter atteinte aux sites archéologiques du patrimoine mondial, selon le rapport qui examine les menaces pesant sur la Zone archéologique de Chan Chan au Pérou, ainsi que sur d’autres biens du patrimoine mondial au Canada et dans la Fédération de Russie.

Les modifications des cycles de précipitations et de sécheresses, de l’humidité, du niveau des nappes phréatiques et, par conséquent, de la chimie du sol, auront inévitablement une incidence sur la conservation des vestiges archéologiques.

De même, l’augmentation des températures, provoquant en particulier la fonte du permafrost dans la région arctique et l’élévation du niveau de la mer, aura elle aussi de lourdes conséquences sur ce patrimoine. Le rapport analyse notamment la façon dont les précipitations liées au phénomène climatique El Niño détériorent la fragile architecture de terre du site de Chan Chan, vestige de la capitale de l’ancien royaume chimu, l’une des cités en terre les plus importantes de l’Amérique précolombienne.

Selon l’UNESCO, l’élévation du niveau de la mer et les inondations dues aux changements climatiques pourraient avoir des effets dévastateurs sur les bâtiments et le tissu social des villes et peuplements historiques.

Le rapport cite notamment les sites du patrimoine mondial de la Ville de Londres ainsi que sur d’autres sites en Europe, en Afrique (Tombouctou au Mali) et au Moyen-Orient (Ouadi Qadisha et la Forêt des cèdres de Dieu au Liban).

Comme les experts du GIEC, le rapport explique que "ce sont les pays les plus pauvres et les moins responsables du réchauffement climatique qui souffriront le plus". Outre le patrimoine, les effets sur les peuples, les migrations massives, changeront drastiquement la face du monde.

En France, les thématiques environnementales interviennent sporadiquement dans la campagne pour les élections présidentielles, mais certains candidats refusent d’intégrer de réelles solutions. Il en est ainsi pour Nicolas Sarkozy, le candidat de l’UMP, qui a dénoncé une tentative de "totalitarisme" écologique.

Les drames intimement liés au réchauffement climatique ne seront pas réglés uniquement par l’instauration d’un super-ministre de l’environnement, ou par des campagnes interministérielles sur "fermez le robinet quand vous vous lavez les dents", mais par une rénovation totale des schémas industriels, la fin du "tout voiture", et la réelle application, par exemple, du protocole de Kyoto (surtout sur la réduction massive des émissions de gaz à effet de serre).

Bref, il est plus que temps qu’une réflexion naisse, en France et dans le monde, sur l’avenir de notre planète. Des milliards de regards, des générations futures, nous regardent et nous jugeront.


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