Quand Le Pen fait un appel du pied à Sarkozy

vendredi 13 avril 2007.
 

Jean-Marie Le Pen n’exclut pas « a priori » l’idée d’un rapprochement avec l’UMP. Nicolas Sarkozy estime lui que « celui qui est le moins à droite qu’avant, c’est le Pen ! ».

A quoi jouent Nicolas Sarkozy et Jean-Marie Le Pen ? Si les deux candidats à l’élection présidentielle se sont opposés ces derniers jours pour savoir qui sera le plus français, chacun lance aujourd’hui quelques perches vers l’autre camp. Par entretiens interposés, ils rendent implicitement envisageable l’idée d’une normalisation des relations entre l’UMP et le FN. Finie la « haine » que Jacques Chirac pouvait avoir pour Jean-Marie Le Pen.

Dans l’entretien qu’il donne ce matin au Figaro, le leader frontiste évoque à nouveau « une ère nouvelle » qui existerait entre le FN et l’UMP. « Si Sarkozy dit qu’il est d’accord pour un rapprochement, pourquoi pas ? Cela dépendra de l’intérêt de notre pays et de l’intérêt de notre mouvement », déclare-t-il. Et comme si ce n’était pas assez clair, Jean-Marie Le Pen ajoute : « Nous n’avons pas d’a priori, ni contre lui ni contre personne », soulignant au passage, qu’« (il n’a) pas de contentieux personnel avec Sarkozy, comme (il en avait) avec Chirac ». Il raconte d’ailleurs qu’il a « rencontré deux fois Sarkozy pour parler de problèmes de technique électorale ». Un leader du FN à « chaque fois reçu fort courtoisement » par Nicolas Sarkozy. Et si l’existence d’un accord de désistement pour les législatives « paraît difficile » à Jean-Marie Le Pen, il n’en reconnaît pas moins « des points possibles d’accord et de convergence » sur « l’école, la réforme fiscale, la réforme des retraites ».

Dédiabolisation de Le Pen

En face, Nicolas Sarkozy ne va pas si loin. Mais dans l’entretien qu’il donne aujourd’hui à Libération, il explique que « celui qui est le moins à droite qu’avant, c’est le Pen ! » La conséquence de la droitisation de sa campagne ? En traitant des sujets de prédilection du FN - immigration, sécurité - Nicolas Sarkozy peut envisager de récupérer une partie des électeurs du FN, mais a aussi permis une dédiabolisation de Jean-Marie Le Pen.

Marine Le Pen expliquait hier à Marianne2007.info qu’« à l’UMP, la haine viscérale à l’égard du FN ne remporte pas l’accord de beaucoup d’élus ». On se souvient par ailleurs des accords passés lors des élections régionales de 1998 entre certains élus de droite et le FN. Aujourd’hui, c’est Jérôme Rivière, député de Nice élu sous les couleurs de l’UMP et maintenant président du comité de soutien de Villiers qui estime qu’« un accord avec le FN ne doit plus être tabou ». Les velléités d’accord existent. Reste à savoir jusqu’où celles-ci peuvent aller.

Jeudi 12 Avril 2007

François Vignal


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