Primaire très à droite : Fillon en tête, Sarkozy éliminé !

lundi 21 novembre 2016.
 

Après dépouillement de 4127383 bulletins :

- François Fillon s’impose très largement avec 44.1% des suffrages (soit 1 821 608 voix),

- loin devant Alain Juppé à 28.5% (1 177 790 voix)

- Nicolas Sarkozy à 20.6% (852 111 voix)

- Nathalie Kosciusko-Morizet 2.6% (105 416 voix)

- Bruno Le Maire à 2.4% (98 316 voix)

- Jean-Frédéric Poisson 1.5% (59 934 voix)

- Jean-François Copé 0.3% (12 208)

D) Primaire de la droite : surprises et fausses bonnes nouvelles (Ensemble)

A chaque jour ou presque sa surprise politique !

Avec la primaire de la droite (et du centre ?), côté surprises c’est 3 pour le prix d’une : Sarkozy évincé brutalement, Juppé qualifié pour le deuxième tour mais en fort mauvaise position, et Fillon dans le rôle du triomphateur impromptu.

Avec plus de 4 millions de votants et de tels résultats les « primaires à la française ont gagné leurs lettre de noblesse » se félicite l’éditorial du Monde, qui lit dans tout cela « une bonne nouvelle pour le débat démocratique »...

N’empêche que cette primaire de droite recèle une étrangeté. Laquelle explique l’intérêt qu’elle a suscité et le succès de la participation. Dans la situation présente, avec ses rapports de force politiques, elle permet de choisir entre les postulants le prochain président de la République. Puisque cela revient à désigner le candidat qui sera présent au 2ème tour et promis, si l’on ne veut pas abuser des surprises, à l’emporter face à Marine Le Pen. Comme une forme de retour au vote censitaire : 4 millions de Français, de droite, jouissent du privilège de choisir le président de 66 millions de Françaises et Français.

Ceux là ont donc décidé de se désintéresser des « petits candidats », d’écarter Sarkozy, déjà vu à l’œuvre et par trop agité (« trop instable » comme jugeait une dame de Neuilly devant la caméra au sortir du bureau de vote), et a massivement préféré Fillon à Juppé. Tant pis pour les sondeurs et journalistes à qui il reste leurs yeux pour pleurer et leurs claviers pour s’expliquer...

D’aucuns voient dans ce résultat une bonne nouvelle. L’annonce d’une vraie bonne droite classique : « traditionnelle, solide et sérieuse, provinciale et catholique, notable et bien élevée » (dixit Le Monde). Pas une droite prête à frayer avec les centristes, au risque de s’accoquiner avec des prétendus socialistes en déshérence, ni sous prétexte de contenir le FN à sombrer dans la vulgarité populiste. Pas question de faire peuple !

Cette droite, ravie, se découvre prête à s’incarner en ce François Fillon, tellement terne, mais si ferme. Parce qu’il est en phase avec les mobilisations réactionnaires des dernières années, en défense de la famille et des valeurs traditionnelles, qui ne tait pas son inquiétude à l’égard de la présence musulmane, qui ne croit pas une seconde à « l’identité heureuse » de Juppé, et qui du Moyen-Orient ne retient que le sort des chrétiens d’Orient et n’imagine d’autre possibilité de les défendre que de soutenir Bachar al-Assad et Poutine... Et qui, en matière économique et sociale, réinvente le thatcherisme, un ultralibéralisme sauvage qui n’a rien appris des dernières décennies ni de la crise de 2008.

Sarkozy battu par un ex- « collaborateur » qui s’est installé plus à droite que lui, Juppé bousculé parce jugé, malgré ses professions de foi ultralibérales, trop modéré, un FN qui doit se repositionner pour riposter au nouveau venu... Que voici trop de surprises, qui affadissent la capacité d’étonnement. Et des bonnes nouvelles comme celles-là risquent de nuire fort à la santé !

Francis Sitel

Source : https://www.ensemble-fdg.org/conten...

C) Raz-de-marée à la primaire de la droite : les multiples ressorts du vote Fillon

La dynamique était là, mais personne n’avait prévu son ampleur.

Cristallisation tardive, posture présidentielle, effet boomerang de la campagne Sarkozy : voici les clés d’un scrutin surprise.

Ils avaient vu la dynamique, mais certainement pas l’ampleur. Les instituts de sondage ont tous sous-estimé le score de François Fillon, même s’ils ont décrit, dans les deux dernières semaines, une remontée inédite.

L’ultime enquête réalisée par Ipsos pour Le Monde, vendredi 18 novembre et publiée sur notre site Web, au lendemain du dernier débat, donnait pour la première fois le député de Paris en tête (30 %) devant Alain Juppé et Nicolas Sarkozy, tous les deux à 29 %. On était encore loin du scénario du raz-de-marée de dimanche soir.

Est-ce un échec des enquêtes d’opinion ou une percée fulgurante du candidat Fillon ? Les sondeurs ont pris soin d’expliquer depuis plusieurs semaines que les tendances de fin de campagne seraient à surveiller de près. Ils avaient également mis en garde contre les incertitudes liées à la participation, qui a finalement été dans la fourchette haute de ce qu’ils avaient anticipé.

Au-dessus de la mêlée

Les votes se sont manifestement cristallisés tardivement autour du candidat Fillon. La volatilité des électeurs dans ce type de scrutin partisan est généralement plus élevée. Si, lors d’une présidentielle, tout se joue dans les deux derniers mois, pour une primaire, le moment où les citoyens prennent leur décision semble plutôt se concentrer sur les deux dernières semaines.

Dans cette période-clé, François Fillon a notamment profité des différents débats, au cours desquels il s’est démarqué en adoptant une posture de présidentiable au-dessus de la mêlée, pour creuser son sillon.

S’il a longtemps été mesuré au même niveau que Bruno Le Maire, François Fillon a su s’imposer peu à peu comme le troisième homme derrière Alain Juppé et Nicolas Sarkozy, pour finalement écraser ses deux concurrents le jour du vote.

Le député de Paris a capitalisé sur une campagne d’une grande constance. Il a réussi à installer très tôt l’idée qu’il était celui qui avait le plus travaillé son programme. Cette image de candidat « sérieux » a manifestement pesé dans le choix des électeurs.

Son positionnement très libéral, avec la double promesse d’une forte réduction du nombre de fonctionnaires et d’une baisse importante de la dépense publique, a également payé auprès de la base.

Réseaux catholiques conservateurs

Autre élément déterminant du vote Fillon, les réseaux catholiques conservateurs. L’ancien premier ministre a su fédérer les émanations politiques de La Manif pour tous, comme le mouvement Sens commun, qui, avec sa porte-parole, Madeleine de Jessey, lui a apporté un soutien appuyé dans les derniers meetings.

Enfin, François Fillon semble être celui qui a le plus bénéficié de l’effet « Tout sauf Sarkozy », sur lequel comptait pourtant Alain Juppé. Pour les électeurs de droite qui ne voulaient plus de l’ancien chef de l’Etat, mais qui étaient en désaccord avec la ligne jugée trop centriste du maire de Bordeaux, le député de Paris est apparu comme une solution de repli.

Nicolas Chapuis

Chef du service politique du Monde

Source : http://www.lemonde.fr/election-pres...

B) Les clefs de la primaire de droite

François Fillon et Alain Juppé sont arrivés en tête de la primaire de la droite, dimanche 20 novembre. Françoise Fressoz, éditorialiste au « Monde », a répondu à vos questions.

Selon les résultats non encore définitifs du premier tour de la primaire de la droite, dimanche 20 novembre, communiqués par la haute autorité de la primaire, François Fillon, largement en tête du premier tour avec plus de 44 % des voix, sera opposé à Alain Juppé. Françoise Fressoz, éditorialiste au Monde, a répondu à vos questions en direct.

Kim Jong : Comment expliquer une telle mobilisation en faveur de François Fillon ?

Françoise Fressoz : Elle s’explique de deux façons : il y a eu une vraie crise de leadership à droite, il n’y avait pas un leader incontesté, les électeurs avaient le choix entre sept candidats, dont trois qui avaient la particularité d’avoir exercé des fonctions régaliennes importantes : Nicolas Sarkozy, un ancien président de la République ; François Fillon, un ancien premier ministre ; Alain Juppé, un autre ancien premier ministre et ancien ministre des affaires étrangères. Mais qui, chacun, incarnait une droite différente pour affronter le FN.

Les électeurs ont eu à trancher entre trois stratégies différentes : celle de Nicolas Sarkozy, qui cherchait à récupérer l’électorat du Front national ; celle d’Alain Juppé, qui a tenté de créer un front progressiste assez large alliant la droite, le centre et des déçus de François Hollande ; et François Fillon, qui a incarné une droite traditionnelle assez libérale, souvent catholique, attachée aux questions identitaires, et c’est cette dernière qui s’est révélée payante.

L’autre raison qui a conduit à une forte mobilisation, c’est la situation très particulière de la gauche, qui peine à représenter une espérance pour l’avenir. Donc un certain nombre d’électeurs de gauche sont allés voter à la primaire de la droite, sans doute pour éliminer le candidat dont ils ne voulaient pas et qui avait pour nom Nicolas Sarkozy. Ils l’ont fait avec d’autant plus de conviction qu’ils avaient déjà vécu le précédent de 2002, c’est-à-dire la qualification de Jean-Marie Le Pen au second tour de la présidentielle, et que cette fois, ils ne voulaient pas avoir à choisir entre Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen.

Laurence : Est-il encore possible qu’Alain Juppé gagne cette primaire ?

Françoise Fressoz : Ça va être très difficile, car François Fillon est très, très largement en tête et qu’il bénéficie du soutien de Nicolas Sarkozy et de Bruno Le Maire, alors qu’Alain Juppé ne peut compter que sur celui de Nathalie Kosciusko-Morizet.

Alain Juppé ne peut espérer gagner qu’à deux conditions : mobiliser un nombre massif d’électeurs de gauche au second tour, il a d’ailleurs commencé à les amadouer en parlant de réformes équitables par opposition aux réformes de François Fillon qui sont radicales.

Sa deuxième attaque consistera sans doute à essayer de démonter le projet de son adversaire, qu’il trouve trop radical, je pense notamment aux suppressions de postes de fonctionnaires, François Fillon en propose 500 000, ce qui est énorme. Il y a aussi l’attitude de François Fillon vis-à-vis de la Russie, il milite ouvertement pour plus de relations avec Moscou, ce qui aurait pour effet de modifier profondément la politique étrangère de la France.

Le débat de l’entre-deux-tours sera essentiellement concentré sur ce point. François Fillon devra prouver qu’il pourra mettre en œuvre ce qu’il avance. On va assister à une confrontation entre deux personnes qui connaissent très bien les affaires de l’Etat et ce sera sans doute un moment de vérité.

Alix : Le succès de Fillon est-il dû au fait qu’il offrait aux électeurs une synthèse, de par son positionnement sur l’échiquier politique, entre Sarkozy étiqueté droite dure et Juppé plus centriste ? En d’autres termes, n’était-il pas le candidat du rassemblement, de l’apaisement ?

François Fressoz : Plusieurs éléments ont joué en faveur de François Fillon : il a été premier ministre pendant cinq ans, ce qui lui a permis d’avoir une connaissance de tous les dossiers extrêmement fine. Ce qui n’a pas été le cas de tous les candidats, je pense notamment à Bruno Le Maire.

Deuxièmement, François Fillon incarne un courant de droite qui est assez puissant : la droite traditionnelle, qui veut des réformes de droite en rupture avec la politique qu’a mené François Hollande.

Enfin, François Fillon incarne une certaine façon d’incarner le pouvoir, qui est assez éloignée du côté bling-bling qu’il y a pu avoir avec Nicolas Sarkozy et qui est aussi en rupture avec toutes les affaires qu’on a pu reprocher à l’ancien chef de l’Etat. Il faut se souvenir de l’entrée en campagne de François Fillon lançant « Imagine-t-on De Gaulle mis en examen ? » C’était pour lui une façon très nette de se démarquer de Nicolas Sarkozy.

Nicolaflo : Comment évaluer le poids du vote de gauche ?

Françoise Fressoz : On n’a pas encore de détails assez fins sur le pourcentage d’électeurs de gauche qui sont allés voter à cette primaire. Un sondage Odoxa pour France 2 réalisé ce soir donne cependant des indications sur les motivations du vote : pour 73 %, le vote était un vote d’adhésion ; pour 27 %, un vote de barrage. Il semble qu’il y ait toutefois des différences pour l’électorat d’Alain Juppé : près de la moitié (45 %) est allée voter pour faire barrage et non par adhésion ; c’était sans doute une fragilité du maire de Bordeaux, qui est populaire, mais qui a du mal à transformer sa popularité en adhésion.

Cha19 : Les votes de Fillon sont-ils des votes anti-Sarkozy ?

Françoise Fressoz : Il semblerait que François Fillon ait bénéficié d’abord d’une partie de ceux qui votaient Alain Juppé au tout début de la campagne. Je m’explique : quand Nicolas Sarkozy s’est mis à attaquer Alain Juppé sur le cas Bayrou, il a déporté Alain Juppé sur la gauche, c’est à ce moment-là qu’il a commencé à baisser.

Un certain nombre d’électeurs ont recherché une offre beaucoup plus authentiquement à droite, et c’est François Fillon qui a profité de cette case, car il s’adresse beaucoup plus traditionnellement aux électeurs de droite, conservateurs et catholiques, mais il est différent de Nicolas Sarkozy dans la manière de se comporter.

Jo : Sommes-nous définitivement débarrassés de Sarkozy ?

Françoise Fressoz : On ne peut jamais dire « définitivement ». Nicolas Sarkozy ressemble beaucoup à François Hollande de ce point de vue-là : il a baigné toute sa vie dans la politique, il risque d’être malheureux loin de la scène.

Je pense qu’il va guetter toute occasion de revenir, mais il sera plus malin que la dernière fois. Il n’a pas suffisamment décroché, il n’a pas analysé les erreurs de son quinquennat, il a vécu sur le mythe d’une défaite qui n’a jamais eu lieu. Cette fois, il peut parfaitement prendre du recul pendant cinq ans et revenir à un moment, car je pense très franchement que c’est sa passion et qu’il aura du mal à imaginer une autre vie en dehors de la politique. Mais s’il veut revenir, il faudra vraiment qu’il disparaisse pendant cinq ans.

Charles : Le soutien assumé de mouvements comme La Manif pour tous peut-il nuire à Fillon ?

Françoise Fressoz : Je ne le pense pas, au contraire, la dynamique Fillon s’inscrit dans le prolongement de La Manif pour tous. Une partie du peuple de droite a envie de s’exprimer fortement, de prendre sa revanche sur la gauche, d’affirmer ses valeurs face à la gauche. Et de tous les candidats, l’ancien premier ministre a su le mieux capter ce courant.

Truc : Peut-on avoir une estimation grossière du nombre d’électeurs de gauche qui sont allés voter à cette primaire ? Dans quelle mesure ont-ils fait pencher la balance ?

Françoise Fressoz : Selon un sondage Harris interactive pour LCP et Public Sénat, parmi les personnes qui sont allées voter au premier tour : 14 % venaient de la gauche ; une proportion identique d’électeurs UDI-MoDem (14 %), supérieure aux électeurs issus du Front national (9 %).

Lurkeur : Quel avenir pour Copé ?

Françoise Fressoz : Il y a eu ce soir deux très mauvaises nouvelles pour Jean-François Copé. D’abord, il est arrivé tout dernier avec 0,3 % des suffrages, ce qui est une véritable humiliation pour lui qui a été président de l’UMP. La deuxième très mauvaise nouvelle pour lui, c’est que c’est son adversaire qui est en tête et qui a une très grande chance de l’emporter, auquel il était opposé en 2012 pour la présidence de l’UMP dans un climat abominable avec des accusations de tricherie. M. Copé, qui espérait une réhabilitation à travers cette primaire, est voué à un long purgatoire.

Paul : Fillon représente-t-il la réponse française à Trump ? A la place du populisme de bas niveau, on choisit l’option de la droite la plus traditionnelle et liée aux valeurs typiques de la famille catholique et de l’économie libérale ?

Françoise Fressoz : Ce qui est paradoxal chez François Fillon, c’est qu’il est l’un des disciples de Philippe Séguin qui avait fait campagne contre le traité de Maastricht, en opposant le peuple et les élites et qui avait une fibre sociale assez caractérisée. C’est au cours de son passage à Matignon que François Fillon a fait sa mue libérale et maintenant presque à rebours de ce que propose Trump, il préconise une rupture libérale plus proche de celle que portait Margaret Thatcher.

En ce sens, on peut dire que l’effet Trump a peu joué en France, surtout si on se souvient que de tous les candidats c’est Nicolas Sarkozy qui avait essayé de récupérer l’élection du président américain en se ventant d’être le candidat du peuple contre l’élite.

AJM : Le résultat de cette élection est particulièrement clivé entre les trois candidats arrivés en tête et les autres candidats. Comment l’expliquez-vous ?

Françoise Fressoz : Je pense que le climat international et les difficultés internes expliquent cet état de fait : l’Europe est en crise, l’élection américaine ouvre une période d’incertitude forte, la France doit se battre contre le terrorisme mais aussi contre des difficultés économiques et sociales. La prime va donc à des candidats qui ont une expérience régalienne suffisante pour rassurer les électeurs. C’est pour cela qu’un trio s’est tout de suite détaché : Sarkozy, Juppé, Fillon.

Nina : La possible victoire de Fillon peut-elle permettre à la gauche de se recomposer en vue de 2017 où est ce déjà perdu d’avance ?

Françoise Fressoz : Plusieurs problèmes s’imposent à la gauche. D’abord, la forte participation à la primaire de la droite lui impose de réussir sa primaire à elle. Or, il n’est pas du tout certain que l’électorat de gauche se mobilise de façon aussi forte. En outre, il paraît incongru qu’un président en exercice affronte des adversaires tels que Jean-Luc Bennahmias, Marie-Noëlle Lienemann ou Benoît Hamon. Il se pose à la gauche un problème de crédibilité en matière de primaire.

D’un autre côté, le fait que la droite mette en premier un homme aux convictions de droite très affirmées, qui affirme vouloir pratiquer la rupture libérale, peut contribuer à ressouder la gauche et donner un espoir à François Hollande d’incarner la sauvegarde du modèle français. La voie est cependant étroite car le discrédit dont souffre le président de la République porte sur sa capacité à incarner la fonction. Il lui reste très peu de temps pour convaincre les Français qu’il est la bonne personne pour poursuivre la mission.

Marie : Bonjour, quelles sont les différences entre le programme de Fillon et de Le Pen ? Est-il si différent ?

Françoise Fressoz : François Fillon a démarré sa campagne sur son projet économique. Il n’y a là strictement rien à voir avec Marine Le Pen. Lui est dans la rupture libérale, elle est dans un projet très étatiste, donc il n’y a aucun point commun.

Au fur et à mesure de sa campagne, François Fillon a musclé son discours régalien et a notamment sorti un livre pour combattre l’islamisme radical. Il est sur les questions de l’identité, de l’immigration, sur une position très ferme. Il se distinguait de Nicolas Sarkozy essentiellement sur la forme.

Là où Nicolas Sarkozy préconisait des référendums, pour par exemple enfermer les fichés S ou limiter le regroupement familial, François Fillon rétorquait qu’il suffisait d’appliquer les lois actuelles avec fermeté. Il était très soucieux de se montrer ferme sur tous les sujets sur lesquels Marine Le Pen avait lancé l’offensive : la lutte contre l’immigration et l’islam radical.

Jérémy : Pour Hollande, au cas où il se présenterait à la présidentielle, Fillon est-il un candidat plus « facile » que Juppé ?

Françoise Fressoz : Oui, certainement. Au fond si François Hollande n’avait pas tous ces problèmes de présidentialité à régler, François Fillon serait l’adversaire idéal. Le président pourrait rejouer ce qu’avait réussi François Mitterrand en 1986, lorsque Jacques Chirac était devenu premier ministre pour conduire la rupture libérale : se positionner en père de la nation, protecteur du modèle social français.

De fait, deux ans après avoir été nommé premier ministre, Jacques Chirac battait des records d’impopularité et François Mitterrand parvenait à se faire réélire président de la République en endossant l’habit du protecteur. Le problème pour François Hollande, c’est qu’il n’a pas le temps de se refaire.

A) François Fillon en tête de la primaire très à droite (L’Humanité)

François Fillon, ancien premier ministre de Nicolas Sarkozy est arrivé largement en tête du premier tour de la primaire de la droite avec plus de 44% des suffrages. Il devance Alain Juppé (28,6%), Nicolas Sarkorzy (20,6%), Nathalie Kosciusko-Morizet (2,6%), Bruno Le Maire (2,4%), Jean-Frédéric Poisson (1,5%) et Jean-François Copé (0,3%).

Après son élimination sans appel au premier tour de la primaire, N.Sarkozy a immédiatement annoncé qu’il voterait pour François Fillon, laissant ses électeurs "libres" de leur choix mais en les exhortant à "ne jamais emprunter la voie des extrêmes".

Avec plus de 44% des suffrages, longtemps distancé dans les sondages, F. Fillon a connu une fulgurante remontée dans les deux dernières semaines. Il arrivé en tête dans 87 départements. Outre celui de M. Sarkozy, il a également enregistré le ralliement de Bruno Le Maire. Les deux derniers du premier tour, Jean-Frédéric Poisson et Jean-François Copé ne se sont pas encore prononcés.

"J’ai décidé de continuer le combat", a lancé dimanche soir Alain Juppé alors que des rumeurs d’un retrait circulaient en début de soirée. M. Juppé a enregistré le ralliement de Nathalie Kosciusko-Morizet.

Le maire de Bordeaux a promis un "combat projet contre projet" avec François Fillon, dont il a tardivement attaqué le programme en fin de campagne. Les deux hommes en découdront directement jeudi soir lors d’un ultime débat télévisé.

Les soutiens juppéistes commencent déjà à décocher leurs flèches. "Je suis frappé par les incohérences du projet économique de François Fillon, inquiet de ses orientations diplomatiques. Sa proximité avec Poutine est contraire aux intérêts de la France et à ceux des chrétiens d’Orient", a par exemple lâché le député Hervé Mariton.

Autre angle d’attaque à prévoir : le programme économique de F. Fillon et son objectif revendiqué de supprimer 500.000 postes de fonctionnaires au cours du prochain quinquennat. Le programme de M. Fillon, "les Français ne le connaissent pas". "Il a pris 30 points en quinze jours (...), en une semaine on peut reprendre les quinze points en question", a assuré le député Benoist Apparu. Le camp Juppé compte bien batailler contre un projet "très conservateur" aussi au niveau sociétal. Un sondage Opinionway diffusé dimanche soir donnait M. Fillon vainqueur à 54% face à M. Juppé (46%) en cas de duel au second tour.

Les résultats définitifs seront connus ce lundi en fin de matinée. La première primaire ouverte de l’histoire de la droite française a mobilisé plus de 4 millions de votants, selon les chiffres de la Haute autorité portant sur 9.497 des 10.229 bureaux de vote.


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