Un choix de raison pour mener une campagne offensive et populaire

samedi 26 novembre 2016.
 

par Amadou Deme, membre du conseil national du PCF, secrétaire départemental de l’Essonne

Depuis plusieurs semaines, les communistes débattent pour adopter un choix stratégique clair dans la perspective des élections présidentielle et législatives de 2017. Alors que l’enjeu et la complexité de la situation auraient pu déboucher sur des incompréhensions mutuelles voire faire naître certains clivages, l’unité des communistes se trouve renforcée par la qualité des échanges et le climat respectueux des opinions de chacun dans lequel les débats se sont tenus.

A juste raison, le Parti communiste a beaucoup œuvré pour la création puis le développement du Front de Gauche depuis 2009. Tout en reconnaissant que ce processus est loin d’être achevé et que cet outil de rassemblement d’un genre nouveau doit continuer à se transformer, le label « Front de Gauche » continue largement, notamment dans les quartiers populaires, à être reconnu et identifié comme à Gauche une force susceptible de contribuer à un véritable changement.

Il est incontestable que la candidature de Jean-Luc MELENCHON est aujourd’hui durablement installée dans l’opinion, y compris très majoritairement – entre 80 et 90% - dans celle de notre électorat qui la considère comme naturelle. Voilà pourquoi une candidature issue de nos rangs, si elle est retenue le 26 novembre prochain, apparaîtra immanquablement aux yeux des populations comme superfétatoire et de nature à diviser inutilement les forces de la gauche de transformation sociale. Les militants communistes ne pourront passer leur temps à devoir se justifier en permanence d’avoir ajouté une candidature à celle qui existait déjà et seraient forcés de rester sur la défensive face à leurs interlocuteurs, alors qu’en choisissant dès à présent de profiter de la dynamique qui accompagne nationalement la candidature de Jean-Luc MELENCHON, ils seraient libres de montrer un visage offensif et combatif en investissant le terrain sans attendre.

Nous ne devons pas craindre de perdre notre identité en optant pour le soutien critique au candidat MELENCHON ; le PCF, avec ses 130 000 adhérents, ses milliers d’élus et ses centaines de milliers de sympathisants, est et restera une force qui compte dans le paysage politique français. Il n‘est pas question de mettre notre drapeau dans notre poche ; au contraire, nous continuerons à mener avec nos couleurs toutes les luttes et batailles dans lesquelles nous sommes déjà engagés. Je pense notamment à la remarquable mobilisation des communistes de l’Essonne, rejoints par leurs camarades des Yvelines, en faveur de la défense du logement social public, suite à l’annonce de la dissolution de l’office Opievoy. Depuis le mois d’avril, des centaines de porte-à-porte, distributions et réunions publiques ont relancé dans plusieurs endroits l’activité communiste, pourtant en berne depuis 10, voire 15 ans.

Je note que certaines inquiétudes qui se manifestent aujourd’hui ne sont pas d’ailleurs tellement éloignées de celles qui ont accompagné la création du Front de Gauche. Or, le passé récent montre que les militants et élus communistes en portant le FDG ont pu gagner en visibilité et en crédibilité en faisant la démonstration de leur capacité à rassembler. Je prendrais un seul exemple : dans la ville très populaire de Grigny où les résultats électoraux du Parti communiste enregistraient un déclin notable jusqu’en 2007, la dynamique du Front de Gauche a permis de remobiliser fortement militants et sympathisants. Lors de l’élection présidentielle de 2012, Jean-Luc MELENCHON réalise 21% des suffrages exprimés ; un mois et demi plus tard, le score du candidat FDG à l’élection législative de la 10ème circonscription de l’Essonne est monté jusqu’à 26%, et deux ans plus tard, aux élections européennes, la liste conduite par Patrick LE HYARIC arrive en tête (32%) dans la totalité des bureaux de vote de la commune. En menant une campagne présidentielle soutenue par une dynamique de large rassemblement, les communistes auront plus de facilité pour mettre en avant leurs candidat-e-s aux élections législatives et, si des membres de la France insoumise se présentent contre les candidat-e-s soutenu-e-s par le PCF, ces derniers apparaîtront alors, eux, comme diviseurs et peu crédibles.

Enfin, les quelques divergences programmatiques que certains s’ingénient à pointer du doigt n’ont, en vérité, aucune importance puisque aucun communiste n’acceptera jamais d’abandonner son identité pour rentrer dans le cadre inacceptable de la France insoumise ; de même, nous ne financerons que nos propres matériels de campagne en toute indépendance et transparence.

Je le répète : en utilisant le bulletin de vote Jean-Luc MELENCHON, tout en gardant notre autonomie critique et en portant nos propositions issues du pacte d’engagement communs que nous avons adopté, nous garderons une vraie cohérence non seulement vis-à-vis de nous-mêmes, de nos choix stratégiques passés, mais également vis-à-vis des millions d’hommes et de femmes qui nous ont identifiés comme les seuls capables d’incarner sur le terrain l’espoir d’une Gauche qui ne renoncera jamais ni à ses valeurs, ni à son ambition de transformer en profondeur une société toujours plus inhumaine et inégalitaire.


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