Syrie : LA GAUCHE PRO-AMÉRICAINE RELAIE LA PROPAGANDE DES USA

vendredi 30 décembre 2016.
 

Philippe Marlière est un ancien membre du Parti socialiste. Il l’a quitté pour créer la Nouvelle gauche socialiste, avec Liêm Hoang Ngoc, puis il a adhéré au NPA.

Il est docteur en sciences économiques et sociales, professeur à l’université de Londres.

Voici la réponse que j’ai faite à son article publié sur son blog Médiapart, le 15 décembre 2016, intitulé : « Aux ratiocineurs assado-poutiniens de France et d’ailleurs ». https://blogs.mediapart.fr/philippe...

Nous, membres des cercles de la gauche radicale, selon les mots de Philippe Marlière, qui ne faisons pas de Poutine et al-Assad nos principaux ennemis, nous voilà habillés pour l’hiver. En l’espace d’une diatribe, nous voilà devenus ratiocineurs, tartuffes, cyniques, carriéristes, intellos de salon, idiots, révisionnistes, proches de cercles conspirationnistes et de la fachosphère, déraisonnables, infâmes.

Bref, Philippe Marlière, lui-même intello de gauche, ne fait pas dans la dentelle. Sa dérive est tout à fait étonnante.

En effet, le 15 février 2016, sur son blog de Médiapart, il a publié un article titré : « La chevènementisation de Jean-Luc Mélenchon » https://blogs.mediapart.fr/philippe...

Le même jour, mais sur son blog du Nouvel Observateur, il a publié le même article, mais titré : « Mélenchon candidat à la présidentielle : il tourne le dos à l’histoire de la gauche »

J’ai longuement répondu à cet article sur son blog de Médiapart. Il y reprochait à Mélenchon, entre autres choses, de persister « dans l’utilisation d’un parler "cru et dru", qu’il a même théorisé. C’est une erreur fondamentale sur la forme qu’il refuse de rectifier, et qui lui est grandement préjudiciable sur le plan de l’image. » Plus loin, il ajoutait : « Depuis, ses attaques ad hominem et ses charges souvent violentes ont lassé, voire rebuté une large partie du public ».

L’ami Marlière ne va probablement pas reconnaître que le chapelet de qualificatifs « aimables », que j’ai rappelés dès mon introduction, constituent autant de charges violentes.

Une bonne partie de son capital d’insultes a ainsi été mobilisé parce que nous ne sommes pas sensibles à la propagande pro-américaine voulant qu’en Syrie, le peuple d’Alep-Est soit victime des pires atrocités de la part des Russes et de Bachar al-Assad.

Contrairement à ce que dit Marlière, nous n’avons pas besoin de faire diversion en évoquant d’autres conflits pour minorer la responsabilité des Russes et d’al-Assad.

Comme tous nos compatriotes, nous sommes soumis au rouleau compresseur de la pensée dominante dans les médias, celle qui nous vend comme vérités intangibles les thèses américaines. Mais, à la différence de Marlière, nous ne nous contentons pas de ce brouet quotidien. Nous lisons, écoutons et regardons beaucoup. Aussi bien sur les réseaux sociaux que sur les réseaux d’informations classiques.

Il arrive même que, dans notre quête d’informations, nous tombions sur des pépites diffusées y compris sur des grands médias. Elles prennent le contrepied radical de notre brouet quotidien.

J’en propose trois à Marlière.

La 1ère a été diffusée le 14 décembre 2016, sur France 2, au cours du journal de David Pujadas. Il interrogeait Étienne Leenhardt, journaliste de France 2, sur les bombardements à Alep-Est. https://www.youtube.com/watch?v=mQG...

La 2ème a été diffusée le 15 décembre 2016, sur LCI, dans l’émission animée par Yves Calvi, 24 heures en question. Quatre spécialistes étaient invités : Madame Isabelle de Gaulmyn, rédactrice en chef adjoint du journal La Croix, Messieurs Frédéric Pons, journaliste, professeur à Saint-Cyr, auteur de « Poutine au cœur des secrets de la Russie moderne », Frédéric Pichon professeur de géopolitique, spécialiste de la Syrie, chercheur à l’université François-Rabelais de Tours, auteur de « Syrie, pourquoi l’Occident s’est trompé ? » et le général Vincent Desportes, professeur de stratégie à Sciences-Po et HEC, ancien dirigeant de l’Ecole de guerre. http://www.lci.fr/replay/replay-24-...

La 3ème a été diffusée le 21 décembre 2016, sur LCI. Était invité Éric Denécé, directeur du Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R). https://www.youtube.com/watch?v=UAk...

Tous ces analystes et observateurs, non-suspects de sympathies pour Poutine et al-Assad, et même pour Mélenchon, disaient la même chose, en substance. Les rebelles hostiles à al-Assad ne sont pas les gentils décrits par les propagandistes pro-américains. Ce sont, pour l’essentiel, des islamistes radicaux, de la branche Al Qaïda. Ils prennent en otage la population civile, pour retarder leur défaite.

J’ajoute que, depuis la diffusion de ces trois émissions, la ville d’Alep-Est est passée totalement sous le contrôle du gouvernement syrien, avec le soutien des Russes. Ces derniers ont été à ce point sanguinaires qu’ils ont permis aux islamistes radicaux de sortir vivants de la ville, avec leurs armes légères. Ils les ont même transportés vers les zones encore contrôlées par les ennemis d’Al-Assad.

Pour conforter sa thèse anti poutinienne et anti al-Assad, Marlière nous fait une leçon d’internationalisme et de pacifisme. Il baptise son internationalisme d’humanisme intégral. Au nom de cet humanisme intégral, il en arrive à défendre tous les opprimés, y compris les Cubains et les Vénézuéliens, dont les droits élémentaires humains ne sont pas respectés.

À propos de Cuba, voici ce que j’ai répondu, le 22 décembre 2016, à un ami sur Facebook, qui regrettait l’absence de démocratie à Cuba : « Mais comment Cuba pourrait-elle être démocratique avec un si puissant et si riche voisin, dont le seul objectif, depuis 1959, est de renverser son gouvernement par tous les moyens, y compris l’assassinat ?

Nécessairement, le gouvernement cubain doit prendre des précautions considérables, suspecter au-delà du raisonnable. Les Américains ont les moyens d’acheter les plus fragiles des Cubains pour leurs basses besognes.

Regardes ce qui se passe en France, où pourtant l’ennemi est nettement moins puissant et riche, nous sommes en état d’urgence depuis un an. C’est-à-dire que notre démocratie est largement contrôlée. Cuba vit cette situation à la puissance 100.

Je ne suis jamais allé à Cuba, mais mon frère y est allé, en touriste, il y a 4 ou 5 ans, avec son épouse et un couple d’amis. Ils avaient évidemment en tête toutes les caricatures faites en France sur Cuba. Ils s’attendaient donc au pire. Ils sont revenus totalement enchantés. C’est sûr, le peuple est pauvre, mais pas misérable. Les voitures sont rafistolées. Mais quelle gaieté, quelle inventivité pour contourner les affres du blocus américain. Ils ont pu aller où ils voulaient, sans se sentir épiés. À la différence de ce que j’ai ressenti quand je suis allé en URSS en 1974, puis en 1985.

Mais surtout, ce qui les a frappés c’est la joie de vivre, la tranquillité d’esprit des Cubains, pas du tout craintifs du lendemain. La protection sociale y est réelle. Là-bas, c’est vrai, tout le monde est pauvre, mais il n’y a pas ces gouffres énormes séparant la poignée des ultra riches, pendant que le plus grand nombre est dans la grande misère, comme c’est le cas dans les pays voisins de Cuba. »

Je trouve tout à fait regrettable qu’un homme de gauche, comme Marlière, fasse sienne les caricatures de l’empire américain.

Contrairement à ce que dit Marlière, les internationalistes de gauche ne sont pas des pacifistes bêlants. C’est-à-dire qu’ils ne condamnent pas toutes les guerres. Celle contre Hitler et les nazis devait absolument lui être déclarée, quel qu’en soit le prix. Celle contre Daesh et Al Qaïda doit absolument être menée, quel qu’en soit le prix.

La question de l’humanisme qui nous est cher ne peut pas se poser hors de tout contexte. Cuba vit cette situation depuis 1959.

En revanche, je suis d’accord avec Marlière quand il affirme que la gauche dans laquelle je me reconnais fait de l’impérialisme yankee son ennemi numéro un. Pas de Obama, qui n’en peut mais.

Tout ce qui se passe aujourd’hui au Moyen-Orient est de la responsabilité des Américains. Du président Bush junior, plus particulièrement, depuis son intervention scandaleuse en Irak, en 2003. Le premier qui devrait être traduit devant le tribunal international de La Haye c’est ce Bush. Apparemment, Marlière ne fait pas de cet objectif un cheval de bataille.

L’acharnement de Marlière pour fustiger Mélenchon et ses soutiens est pathétique. Il ressemble beaucoup aux attaques que la minorité stalinienne du PCF a utilisées contre Mélenchon et les Insoumis, pendant la presque totalité de l’année 2016. La seule différence, c’est que depuis qu’ils ont été mis en minorité au sein du PCF ils se sont beaucoup calmés, alors que Marlière, lui, continue son sale travail de sape.

Reconnaissons que, bien que notre homme soit docteur en sciences politiques et sociales, son flair politique soit des plus incertain.

Rappelons qu’en février dernier, son aversion pour Mélenchon lui faisait écrire : « ses charges souvent violentes ont lassé, voire rebuté une large partie du public ». Dix mois après, Mélenchon jouit d’un grand soutien parmi le peuple de gauche. Le plus élevé, semble-t-il.

Cela suffit à mon bonheur, en attendant mieux, en 2017.


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