Appel d’une quarantaine de parlementaires du PS pour Macron ?

jeudi 16 mars 2017.
 

A) PS : Vers l’explosion ?

Au PS, les couteaux ne sont pas encore tirés mais chaque courant affûte les siens.

Les hollandais se réunissent sur fond de tentation Macron

Présidentielle : Delanoë soutient Macron et trouve le programme de Hamon « dangereux »

Le Figaro a publié ce 9 mars le texte ci-dessous en partie B, en cours de réflexion parmi une quarantaine de parlementaires socialistes.

Interrogé par des journalistes sur la réalité de cet appel, Christophe Caresche n’a pas démenti mais est resté prudent. "C’est un travail entre nous. Il n’y a rien d’arrêté", indique-t-il, avant de préciser sur Twitter que la tribune ne doit paraître ni vendredi, ni "dans les jours à venir".

La réponse est venue du premier ministre Bernard Cazeneuve qui a rendu visite à Benoit Hamon à son QG de campagne en fin de matinée. Devant les journalistes, le Premier ministre a déclaré : « J’ai (…) dit à Benoît Hamon ce que je lui ai toujours dit franchement. Nous sommes à un moment où il faut rassembler, et rassembler tous ceux qui sont déterminés à lutter contre le Front national, et en ce qui concerne le candidat investi par la primaire, il faut rassembler toute sa famille politique ». Il a également enjoint Benoît Hamon à inscrire son projet « dans la continuité de ce qui a été fait de bon pendant le quinquennat ». Le gouvernement et la direction du PS enjoignent le candidat socialiste d’assumer le bilan du quinquennat et rogner ses promesses (plus d’abrogation de la loi El Khomri, revenu universel à nouveau revu à la baisse...) pour pouvoir « rassembler toute sa famille politique ».

Le PS étant essentiellement un parti d’élus qui a besoin de réussir la présidentielle pour réussir les législatives, il est hautement probable que les tensions vont s’exacerber au fur et à mesure que nous nous rapprocherons du premier tour.

Jean-Christophe Cambadélis est de moins en moins convainquant et même de moins en moins convaincu lorsqu’il assure que les socialistes soutenant Emmanuel Macron seront exclus.

Jacques Serieys

B) Texte de l’appel : Pourquoi nous soutenons Emmanuel Macron ?

Députés socialistes, nous avons soutenu loyalement les gouvernements successifs de François Hollande. Les difficultés et les épreuves de la période l’exigeaient. L’Histoire rendra justice à l’action conduite durant ces années et déjà les premiers signaux du redressement économique et de l’emploi sont là.

A l’issue de la désignation incontestable de Benoit Hamon, nous avons affirmé une attitude de « retrait », tant ses orientations prenaient le contre pieds de la politique que nous n’avions cessé de défendre devant nos électeurs. Il s’agissait de ne pas les trahir, sans nier le résultat de la « Primaire ».

Depuis, la campagne de Benoit Hamon a confirmé l’intention de rompre avec cette mandature et de fédérer tout ce qu’elle compte d’opposants à la majorité actuelle ! Cette stratégie ne permettra pas de définir un programme crédible de gouvernement pour la fin mai. La situation convalescente de la France suppose un autre projet que l’exaltation d’une démarche inspirée par Die Linke en Allemagne, Podemos en Espagne ou Jeremy Corbyn en Grande Bretagne, qui n’aboutit qu’à maintenir les droites au pouvoir dans ces pays.

Ainsi, la gauche est aujourd’hui coupée en trois avec Jean Luc Mélenchon, Benoit Hamon et une gauche « de gouvernement » dont nous ne résignons pas à l’effacement. Il ne faut pas être grand clerc pour prévoir que cette configuration inéluctablement à l’échec. En outre, l’image consternante infligée par la droite a renforcé la possibilité pour l’extrême droite de gagner l’élection présidentielle.

Dans ce contexte politique inédit et de radicalisation du débat public, la mécanique tranquille de l’alternance républicaine est révolue. Désormais, les chances de succès d’un « front républicain » au second tour, comme en 2002, ne peuvent plus être garanties, par un candidat de droite comme de gauche, en raison de l’ampleur des clivages politiques et moraux.

Face à ce naufrage qui menace, la candidature d’Emmanuel macron peut rassembler largement les Français au-delà de clivages ressentis comme de plus en plus inopérants. Elle marque une rupture générationnelle et son projet ambitieux et crédible représente l’espoir d’un renouveau politique dans lequel le social-réformisme a toute sa place.

C’est à la construction d’une nouvelle alliance européenne et réformiste, autour d’Emmanuel Macron, que nous appelons en tant que socialistes.

C) Remarques du Figaro

Source de ces remarques : http://www.lefigaro.fr/elections/pr...

Le principe de cet appel a été arrêté lors d’une réunion organisée le 7 mars par les « réformateurs », l’aile droite du PS. Le texte circule actuellement parmi une quarantaine de députés. Il a été rédigé par les parlementaires Gilles Savary et Christophe Caresche, qui a déjà rejoint, à titre personnel, En Marche !.

Il s’agit d’un appel sans ambiguïté. Face à la menace d’une victoire FN, « la candidature d’Emmanuel Macron peut rassembler largement les Français au-delà de clivages ressentis comme de plus en plus inopérants, écrivent les auteurs. Elle marque une rupture générationnelle et son projet ambitieux et crédible représente l’espoir d’un renouveau politique dans lequel le social-réformisme a toute sa place. C’est à la construction d’une nouvelle alliance européenne et réformiste, autour d’Emmanuel Macron, que nous appelons en tant que socialistes. »

Loyalistes pendant tout le quinquennat, ces députés ne peuvent se résigner à soutenir la candidature du frondeur Benoît Hamon. « À l’issue de la désignation incontestable de Benoît Hamon, nous avons affirmé une attitude de “retrait”, tant ses orientations prenaient le contre-pied de la politique que nous n’avions cessé de défendre devant nos électeurs, peut-on lire. Il s’agissait de ne pas les trahir, sans nier le résultat de la primaire ».

Et d’ajouter : « La campagne de Benoît Hamon a confirmé l’intention de rompre avec cette mandature et de fédérer tout ce qu’elle compte d’opposants à la majorité sortante ! Cette stratégie ne permettra pas de définir un programme crédible de gouvernement pour la fin mai. La situation convalescente de la France suppose un autre projet que l’exaltation d’une démarche inspirée par Die Linke en Allemagne, Podemos en Espagne ou Jeremy Corbyn en Grande Bretagne, qui n’aboutit qu’à maintenir les droites au pouvoir dans ces pays.

« Il n’y a rien d’arrêté »

Pour l’heure, le texte a été envoyé aux membres du pôle réformateur, qui compte dans ses rangs des élus proches de Manuel Valls (François Loncle, Philippe Doucet, Hugues Fourage...) et d’Emmanuel Macron, mais qui n’ont pas encore tous sauté le pas. Plusieurs parlementaires de cette sensibilité ne la signeront pas.

Agacé par la publication de ce document, le député Christophe Caresche évoque une « correspondance privée ». « C’est un travail entre nous. Il n’y a rien d’arrêté », jure-t-il, ajoutant qu’« il n’y aura pas de tribune du pôle des réformateurs appelant à voter Macron vendredi ». Il pointe une « erreur » de son collaborateur, qui s’est selon lui précipité en avançant une date.

Quoi qu’il en soit, cette tribune marque une nouvelle étape dans la dislocation de la famille socialiste, écartelée entre les soutiens à Benoît Hamon et ceux qui misent désormais sur l’ancien ministre de l’Economie.


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message