Des écologistes d’EELV choisissent La France insoumise et Mélenchon

samedi 18 mars 2017.
 

Le score sans appel de la consultation des électrices et électeurs de « la primaire des écologistes » pour un rassemblement des candidats Mélenchon, Jadot, Hamon a montré leur aspiration majoritaire à l’union de toutes les forces de gauche opposées à l’extrême droite, à la droite et au libéralisme.

Il marque aussi la sortie l’une conception boutiquière de l’autonomie politique dont le fétiche était une candidature à l’élection présidentielle, dans une soumission à la logique de la Ve République. Aujourd’hui, les idées écologistes pollinisent le champ politique et le projet écologiste et social dépasse les limites de l’écologie politique organisée. En intégrant les contenus programmatiques de l’écologie politique, de manière récente et incohérente pour le premier, profonde et durable pour le second, les candidats Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon mirent la candidature écologiste sous pression et finalement en crise.

Pour la majorité des électrices et des électeurs de « la primaire de la Belle Alliance populaire », le bulletin Hamon a été l’occasion de tourner la page du quinquennat Hollande. Un solde de tout compte, en somme. Et une manière d’exprimer une volonté de dépassement et de recomposition politique, fondée sur l’ouverture d’un débat sur la croissance, la place du travail et le revenu universel. Pour autant, la victoire de Benoît Hamon ne règle pas tout, loin de là. Le sentiment que cela ne se joue plus au siège de Solférino est très prégnant dans l’électorat de gauche, qui exprime à la fois un profond désir d’unité et de la méfiance et de l’hostilité à l’égard du Parti socialiste.

Même si la candidature Hamon marque la fin programmée du parti d’Épinay, elle entretient une illusion : celle qui consiste à prétendre que la gauche plurielle, cette coalition de petits partis vassalisés autour du Parti socialiste, constituerait la solution politique à la crise de la gauche et de l’écologie politique. Car Hamon a besoin d’un PS fort pour sa campagne. Or, l’espoir d’une gauche écologiste exige au contraire de s’en affranchir.

L’annonce du retrait du candidat écologiste avec celle d’un accord législatif avec le seul Hamon referme brutalement le piège tendu sur cette double aspiration à l’union et au dépassement. Car cette union à deux relève d’une erreur d’interprétation de ce qui se passe aujourd’hui, d’une sous-estimation de la volonté de changement, de la méfiance à l’égard du Parti socialiste et aussi du caractère unijambiste de la candidature Hamon. Alors qu’il prend position contre le Ceta, le gouvernement de François Hollande se félicite de son adoption. Alors que, notamment après le Brexit, il faut affirmer la nécessaire remise en cause des traités européens, Hamon, faute du soutien du PS, annonce un plan de relance de la construction européenne qui, dans ce cadre, n’a aucune chance d’aboutir. Alors que le viol de Théo émeut et scandalise, la majorité parlementaire où règne un Parti socialiste sans partage vote l’ouverture du feu pour l’ensemble des polices. Cet entre-deux est intenable. Dans tous les cas de figure, il affaiblit et décrédibilise et témoigne qu’incarner la rupture avec celles et ceux qui ont voté et soutenu ce contre quoi nous nous battons est une gageure. C’est même une aberration. Nous participerons à la dynamique populaire et citoyenne, écologiste et sociale qui accompagne la candidature de Jean-Luc Mélenchon à l’élection présidentielle

Il est logique que la direction d’EELV veuille préserver les chances de ses parlementaires sortants. Mais, en échange d’un accord électoral national, EELV sacrifie sa participation à la transformation majoritaire de la gauche sur une base écologiste. Comme en 2012, EELV lâche la proie pour l’ombre. Le volet programmatique de l’accord n’ayant, quant à lui et étant donné la réalité de rapports de force qu’Hamon refuse d’envisager et de transformer, aucune chance de n’être jamais appliqué.

Celles et ceux qui ont pris part aux primaires et qui aujourd’hui entérinent l’accord négocié par Yannick Jadot et son équipe sont à la marge du grand mouvement de colère, car ils considèrent que le jeu politique tel qu’il est, peut encore leur permettre d’être représentés. Ils sont prêts à faire crédit encore une fois au système. Pourtant, si l’affaire Fillon prend de telles proportions, c’est que la colère de nos concitoyen.ne.s est à son paroxysme. Elle contribue au rejet de la politique, à l’abstentionnisme, au sentiment qui se généralise du « tous pourris », à l’éloignement du vote des jeunes et des milieux populaires. Tout se conjugue : crise de régime, crise sociale, crise écologique. La gauche écologiste ne peut se reconstruire qu’en prenant véritablement en compte cette défiance politique et cette colère sociale. Face aux grands bouleversements planétaires, nous avons besoin d’une force politique capable de se déployer à la fois horizontalement et verticalement, et qui combatte l’accaparement des ressources et de la politique par les multinationales et les oligarchies.

Aujourd’hui, une plèbe mondialisée et déstructurée politiquement s’affronte à la globalisation capitaliste dans des conditions extrêmement difficiles. Nous avons besoin d’un nouveau bloc social qui se forme autour des classes moyennes en déclassement et des classes populaires intégrées ou exclues du processus productif. Rompre avec les élites en exprimant la révolte de celles et ceux d’en bas est le principal objectif de la période. Pourquoi les zadistes, les révolté.e.s contre la loi Travail et son monde, les « nuitsdeboutistes », les jeunes des quartiers populaires, les chômeuses, les chômeurs et les précaires, les « amianté.e.s », « les silicosé.e.s », et les victimes de la pollution voudraient-elles/ils prendre les mêmes pour recommencer la même chose ?

Pour autant, nous sommes comme tou.te.s les écologistes, pessimistes quand nous voyons les avancées de la catastrophe écologique qui nous guette et nous rêvons en même temps d’un futur désirable.

C’est pourquoi nous participerons à la dynamique populaire et citoyenne, écologiste et sociale qui accompagne la candidature de Jean-Luc Mélenchon à l’élection présidentielle que nous considérons comme une étape importante dans l’émergence d’un mouvement politique radical, qui veut faire de l’écologie politique une matrice, capable de se déployer horizontalement et d’associer les partis sans y être soumis.

Victime d’années d’errances stratégiques de la direction d’EELV, faite de petits calculs et de renoncements, du discrédit croissant de ce mouvement chez nos concitoyen.ne.s et de la vampirisation de son contenu programmatique par d’autres candidat.e.s, la candidature EELV à l’élection présidentielle n’avait pas beaucoup d’espace ni de socle pour s’affirmer. La seule solution qui respecte à la fois le refus des militant.e.s d’EELV, exprimé au moment du Congrès, de toutes négociations avec les socialistes et notre engagement politique d’écologistes : c’est la construction partout, avec la gauche de transformation sociale et écologiste qui s’est opposée au quinquennat de François Hollande, d’une majorité alternative.

Par conséquent, si nous avons soutenu les appels au rassemblement et face à un accord EELV-Hamon, nous faisons le choix du bulletin Mélenchon et appelons tou.te.s les écologistes qui choisiraient une écologie de transformation à nous rejoindre.

Pour signer ce texte, merci d’adresser un message à : pouruneecologieinsoumise@gmail.com

Les premier.e.s signataires sont

Olivier Agullo, enseignant-chercheur, militant EELV, groupe local (GL) Marseille nord, ex-élu EELV à la Communauté urbaine de Marseille ;

Francine Bavay, militante EELV, GL Paris 11, membre du Conseil Fédéral (CF) Laurent Saint–André, militant EELV, GL Paris 10 ;

Noël Burch, cinéaste/écrivain, militant EELV dans le 2e arrondissement

Ludovic Cherpin, militant EELV, 8e circonscription du Rhône ;

Daniel Compère, militant EELV, membre du Conseil fédéral, du Bureau exécutif régional et du Conseil politique régional Nord–Pas-de-Calais, conseiller municipal à Mouvaux (59) ;

Sergio Coronado, militant EELV, membre du Conseil fédéral, député des Français de l’étranger ;

Vincent David, ex-militant EELV, paysan bio (Charente–Maritime) ;

Brigitte Diaz, ex-candidate EELV aux élections départementales (Bouches-du-Rhône) ;

Thierry Dudit, militant EELV, GL Les Trois-Vallées, candidat investi sur la 5e circonscription de Seine-et-Marne ;

Noémie Dupré, militante EELV, GL Seine-et-Forêt, candidate investie sur la 2e circonscription de Seine-et-Marne ;

Patrick Farbiaz, militant EELV, GL Paris 20, membre du Conseil fédéral ;

Sébastien Gavignet, ex-porte-parole EELV Champagne-Ardennes ;

Benjamin Giron, militant EELV, membre du Bureau exécutif régional Rhône-Alpes ;

Sylvain Kerspern, militant EELV, secrétaire du groupe local Melun-Val-de-Seine ;

Fatna Lazreg, militante EELV, GL Melun-Val-de-Seine, ex-conseillère régionale Île-de-France ;

Corinne Lehl, militante EELV, conseillère de la métropole de Lyon, coresponsable de la Commission nationale culture d’EELV ;

Janick Magne, coopératrice EELV Hors-de-France, candidate EELV aux législatives de 2012 dans la 11e circonscription des Français de l’étranger ;

Renaud Mandel, militant EELV, GL Paris 20, travailleur social, syndicaliste CGT, militant des droits humains ;

Bénédicte Monville-De Cecco, militante EELV, conseillère régionale Île-de-France, membre du Conseil fédéral, secrétaire départementale pour la Seine-et-Marne ;

Matthieu Ponchel, militant EELV, membre du Bureau exécutif parisien d’EELV ;

Sébastien Scognamiglio, militant EELV, syndicaliste, GL Boulogne-Billancourt ;

Claude Soudan, militante EELV, conseillère municipale EELV en Lozère ;

Pierre Tripier, militant EELV sociologue, GL Boulogne-Billancourt

Michel Thomas, militant EELV, membre du Conseil fédéral, Champagne-Ardennes ;

Gianni Vacca, militant EELV, GL Boulogne-Billancourt ;

Claude Vilain, militant EELV, GL Paris 5, membre du Conseil fédéral.


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