2017 Et maintenant, le courage de la rupture

samedi 18 mars 2017.
 

Être acteur du mouvement populaire. Par Marie-Jean Sauret, psychanalyste.

Les mouvements populaires, les Indignés, Occupy Now, Syriza, Podemos, Nuit debout ont en commun de réunir des gens qui se bougent. Voter «  à droite  », «  à gauche  » exige seulement d’aller indiquer qui l’on entend suivre avant de retourner chez soi assister à une comédie dont le titre pourrait être  : «  On s’occupe de tout  !  » Cette fois, les électeurs partagent la même analyse d’un avenir auquel est promise une catastrophe sans précédent aux plans économique, écologique, matériel, social et politique. La logique néolibérale qui conduit à ces échéances est identifiée. Ses agents ne rebrousseront pas chemin. Or, chacun sait qu’il existe une seule solution  : la rupture avec cette logique.

Seul le projet soutenu par Jean-Luc Mélenchon porte cette rupture. Pour mettre quoi à la place  ? Malgré son programme, la réponse n’est pas donnée toute faite, justement parce qu’il y a rupture. À la différence des autres, quelle que soit notre opinion sur Mélenchon, ce vote, du fait même de cette dimension de pari, est un acte  : par cet acte le votant est changé en acteur. Il s’engage.

Telle est pourtant la raison majeure qui pousse certains que ce programme a sorti de l’ennui et de l’abstention à rallier Benoît Hamon  : c’est moins exigeant, il ne promet pas de changer grand-chose, mais de maîtriser la situation, d’améliorer le système pour les plus humbles… et donc lui permettre de se survivre encore un peu. D’autres, à la fois désespérés et fatigués d’être soi, ne voulant rien savoir des cataclysmes à venir, se réfugieront dans l’abstention ou dans le faux espoir d’un changement à la Trump. Ne sous-estimons pas le fait que si Fillon demeurait candidat et par malheur venait à être élu, ce serait avec les voix de beaucoup dont il a fait les poches et qu’il promet de plumer un peu plus  : c’est incompréhensible sans les mécanismes de soumission volontaire qui autorisent à se ranger au prix fort dans le camp des vainqueurs. D’aucuns évoquent un complot contre Fillon au motif que l’affaire sorte maintenant, sans même une pensée pour l’injure aux sans-travail que représentent les sommes détournées  : légal ou non, ce million d’euros équivaut à douze ans de Smic d’un salarié qui, travaillant, fabriquerait de la richesse.

Lors d’une réunion pour la France insoumise, des militants se sont montrés engagés dans de subtiles luttes de pouvoir. Certains des partis qui l’accompagnent songent avant tout aux législatives  : un groupe à l’Assemblée préserverait l’avenir (salaires, loyers, impressions) pour quelques années. Seulement, il n’y a pas d’avenir si nous ne le construisons ce jour. Sous prétexte de gagner un lendemain qui n’arrivera qu’avec les catastrophes annoncées, nous sacrifions un changement possible qui au moins tenterait de les éviter. Il convient d’accepter de tout perdre si nous voulons une chance de gagner. Au motif de préserver l’avenir, n’hypothéquons pas le changement dont cet avenir dépend  ! Il est cocasse de demander aux gens de parier tandis que nous ne voudrions rien miser  ! Ne gâchons pas cette occasion de contribuer à rendre à chacun l’opportunité d’un acte authentique. C’est sa dignité qu’il reconquiert avec ce vote, et c’est par là que la France insoumise a une chance de rejoindre le mouvement populaire de ceux qui se bougent.


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