Le 48ème congrès national de la CGT s’ouvre aujourd’hui 24 avril : Débat entre Bernard Thibaud et des internautes

lundi 24 avril 2006.
Source : Site CGT
 

" Bonjour à toutes et à tous, nous sommes très heureux de recevoir Bernard Thibault.

Bonjour à toutes et à tous. Notre rencontre se situe dans un contexte particulier puisque je suis certain que nous sommes très nombreux à être satisfaits d’avoir obtenu enfin le retrait du CPE. Cela ne met pas fin à notre action pour faire reculer la précarité mais c’était une première manche qu’il fallait remporter. A vous de jouer ;-).

Patrice : Es-tu satisfait de la mobilisation qui a été menée avec les jeunes et les salariés ?

Le mouvement que nous avons conduit ensemble, pendant plusieurs semaines, est exceptionnel à plus d’un titre et il faudra sans doute un peu de recul pour une analyse plus détaillée de sa signification. Le fait que cette mobilisation ait réuni pour la première fois tous les syndicats de salariés, d’étudiants et de lycéens, est sans doute une des caractéristiques qui a fait sa force exceptionnelle. Contrairement à nos détracteurs, je suis convaincu que cette mobilisation contre le CPE porte des exigences de haut niveau et de long terme : sur les notions d’égalité, de justice sociale pour lesquelles l’ensemble du mouvement syndical et la CGT en particulier devront faire la démonstration d’être à leur hauteur.

GarBAJO : J’ai entendu parler d’une manifestation aujourd’hui entre République et Richelieu. Vous n’y participez pas ? Pourquoi ?

Parce que je suis en direct sur le chat ! Mais nos militants de l’union départementale de Paris sont présents.

Josephine : Quels sont les projets maintenant ?? un retrait du CNE ?

Nous l’avons dit dès la mobilisation unitaire du 4 octobre, dont peu de commentateurs se souviennent et qui avait pourtant réuni plus d’1 million de personnes pour dénoncer le CNE. Nous n’acceptons pas que s’installe ,dans le droit social français, la liberté de licencier sans motif et une période d’essai du salarié de 2 ans en dérogation des normes conventionnelles. Fort du succès que nous venons de remporter sur le CPE, nous avons bien l’intention, d’une part de renégocier les conditions applicables aux salariés actuellement employés en CNE et d’interrompre le processus de recrutement sur ce type de contrat de travail. Cette revendication doit être présente dans les cortèges du 1er mai prochain.

Emilia : Comment comptez-vous capitaliser sur la mobilisation anti-CPE pour la journée du 1er mai ? Simon : comment préparez-vous le 1er mai ?

Au stade actuel, il n’y aura pas d’appel national émanant des confédérations syndicales pour l’organisation d’un 1er mai unitaire partout en France. Je le regrette. Ceci étant, nous incitons nos organisations à favoriser l’organisation des manifestations du 1er mai dans un cadre unitaire le plus large possible. Nous savons que les organisations étudiantes et lycéennes se sont déjà déclarées favorables à une construction commune de ce rendez-vous afin d’en faire une journée qui marque notre victoire sur le CPE et qui confirme notre détermination à faire reculer la précarité.

Bob : Comment sens-tu l’unité après la victoire sur le CPE, notamment sur le CNE ?

L’unité entre toutes les organisations engagées dans la lutte contre le CPE a été l’un des facteurs déterminants de notre succès. La démonstration est ainsi faite que le pluralisme syndical qui existe en France n’est pas systématiquement synonyme de divisions lorsque nous nous accordons sur un objectif commun. Cette unité qui nous a permis de résister à un mauvais projet de loi pourrait aussi prévaloir pour faire entendre les revendications au moment des négociations avec les employeurs ou les pouvoirs publics.

Paul : Comment la CGT peut-elle laisser faire le travail de nuit des enfants de 15 ans ? Et pas un mot sur tous ceux et celles qui ont été arrêté pendant toutes ces manifestations anti-CPE et CNE ?

Nous ne nous résignons pas face aux autres mauvaises dispositions contenues dans le projet dit "d’égalité des chances", entre autres, s’agissant de l’apprentissage à 14 ans, des dispositions frappant au porte-monnaie des familles modestes, tout comme à la tentation d’étouffer les revendications par des actes de plus en plus répressifs de la part du gouvernement. A ce titre, la déclaration des syndicats d’hier a expressément fait référence à la levée des sanctions frappant tous ceux qui s’étaient engagés dans ce mouvement collectif.

Rouge : D’accord contre le CPE mais qu’est-ce que tu proposes maintenant ?

Cette mobilisation qui s’est fixée l’objectif désormais atteint du retrait du CPE porte plus fondamentalement une critique sur l’approche libérale que l’on cherche régulièrement à imposer en France et en Europe, à savoir que les salariés devraient accepter au nom de la mondialisation, au nom de la modernité, au nom de la réforme, une remise en cause plus ou moins brutale des droits sociaux. Il n’est pas vrai, pour les jeunes comme pour l’ensemble des salariés, que les créations d’emplois soient dépendantes du degré de remise en cause du code du travail. Il faut donc contraindre le gouvernement et les employeurs à discuter de tout ce qui est fondamental s’agissant des créations d’emplois, c’est à dire de politique industrielle, d’utilisation des richesses produites, de politique fiscale, d’utilisation de l’argent public, de formation permanente, etc...

Joséphine : Je suis étudiante... Est-il possible d’adhérer à la CGT parallèlement à l’UNEF ?

La réponse est oui. Nous avons de plus en plus de sollicitations d’étudiants qui souhaitent, notamment parce qu’ils sont aussi salariés, pouvoir adhérer à un syndicat de salariés. Nous acceptons volontiers cette double appartenance à la fois à un syndicat d’étudiants et de salariés, la CGT, étant entendu que, pour ce qui nous concerne, nous n’avons aucune vocation à nous substituer aux syndicats étudiants qui ont et qui doivent garder toutes leurs prérogatives.

GarBAJO : Que pensez-vous de Monsieur Julliard ?

Beaucoup découvrent un jeune dirigeant de l’Unef, principale organisation étudiante. Bruno a récemment pris la première responsabilité de son organisation et je trouve que comme "baptême du feu", il s’en sort particulièrement bien. Je dois dire que nous avons travaillé en parfaite harmonie durant ces dernières semaines.

Lavallard : A t-on enregistré, pendant la lutte pour le retrait du CPE, de nouvelles adhésions ?

Depuis le début de cette année, nous enregistrons un rythme de 20 adhésions/jour sur le site Internet de la CGT, un rythme supérieur à une période creuse. Ceci étant, c’est loin de représenter l’ensemble des adhésions en ce moment mais je suis encore aujourd’hui dans l’incapacité de vous donner un chiffre précis. Il est souhaitable d’ailleurs que cette période, où l’utilité du syndicalisme vient d’être démontrée, débouche sur une prise de conscience plus large de l’intérêt de se syndiquer.

Alice : Le problème du CPE ayant été réglé, quel va être maintenant le cœur du débat à la CGT ? Quels sont les autres projets, chantiers, etc.. ?

Il nous faut parvenir pas seulement à résister aux mauvais projets, aux mauvaises lois que pourraient nous sortir des organisations patronales ou des gouvernements quels qu’ils soient, mais être en capacité de convoquer des négociations sur la base des revendications des salariés. Pour cela, il nous faut être plus nombreux, organisés dans le syndicat, mieux implantés dans un plus grand nombre d’entreprises et plus solidaires pour porter les revendications que nous avons en commun. Encore une fois, dans les priorités revendicatives, la précarité au travail doit occuper une place centrale.

Xav : Du coup, le congrès se prépare différemment, non ? Comment ce mouvement social va-t-il influencer le congrès ?

Quelques jours après cette victoire sur le CPE, nous aurons l’avantage de tenir un congrès pour réfléchir à l’avenir en se basant sur un mouvement de forte ampleur, unitaire, dont la portée dépasse le cadre franco-français pour prendre les décisions nous permettant d’être plus efficaces encore. Cela nous aidera à avoir des analyses et des décisions plus en prise avec la réalité que nous venons de vivre ces dernières semaines. Et cela donnera sans doute moins de place à des réflexions seulement théoriques qui n’auraient aucune prise sur la vie.

Aurélia : La victoire contre le CPE, c’est la victoire de l’unité... Ne pensez-vous pas qu’il faut continuer dans cette voie ? Allez-vous en parler à votre congrès ?

Bien sûr que cette caractéristique principale de cette mobilisation, l’unité à plusieurs étages (entre syndicats de salariés, entre les générations, avec les organisations lycéennes et étudiantes) sera l’objet d’une analyse à notre congrès, pas uniquement pour la célébrer, comme une circonstance exceptionnelle valable pour le passé, mais pour s’interroger sur les conditions à réunir pour y travailler en permanence.

Viviane : Pourquoi si peu de femmes déléguées au congrès ? Parité non respectée ?

Les informations à notre disposition s’agissant des délégué(es) désigné(e)s laissent apparaître un pourcentage de femmes désignées de l’ordre de 27%. C’est de mon point de vue très insuffisant et cela porte préjudice à l’ensemble de l’organisation au regard de la place qui est celle des femmes au travail, et qui devrait être la leur dans notre organisation. La confédération est assez démunie pour redresser le tir à ce propos, puisque je rappelle que les 1 000 délégués de tous les syndicats adhérents à la confédération sont désignés par les syndicats eux-mêmes. Il aurait fallu que le réflexe consistant à désigner des militantes soit beaucoup plus systématique.

Manue : Des jeunes viennent de démontrer leur capacité à diriger. Ne pensez-vous pas qu’il faut leur faire davantage confiance dans la Cgt ?

Cela fait longtemps que j’en suis convaincu. Mais pas simplement parce qu’on m’a demandé moi-même il y a déjà de nombreuses années de prendre des responsabilités importantes dans la CGT alors que je faisais partie des "jeunes" adhérents au syndicat. Contrairement à une idée encore trop répandue dans nos rangs, la tranche d’âge dans laquelle la CGT a la meilleure réputation est la tranche des 18-25 ans.

Sammop : Vous avez quel âge ?

47 ans.

Lucas Georges : Quelle est la moyenne d’âge des syndiqués CGT ?

Nous n’avons aucune donnée statistique précise à ce propos. Nous venons de procéder à une enquête auprès des syndiqués de la CGT pour préparer le congrès. Les plus nombreux de nos adhérents se situent entre 35 et 60 ans, mais nous pourrons vous en dire plus à l’occasion du congrès.

Muriel : Avec la lutte du CPE, la conférence du 28 mai avec les jeunes prévue à Montreuil a été annulée. Comptez-vous la programmer prochainement ? Comment faire pour améliorer la place des jeunes dans la CGT ?

Nous avons été amenés à reporter plusieurs initiatives qui étaient programmées ces dernières semaines pour consacrer toutes nos forces militantes à la mobilisation contre le CPE. Ces initiatives sont reportées, c’est vrai de celles concernant les jeunes, celles que nous avions prévue d’organiser le 4 avril sur les banlieues. La future direction confédérale décidera d’une nouvelle programmation de ces rencontres.

Intrium : Comment lutter contre la précarité alors que des employeurs l’installe dans les CDI avec des mots comme « vacataires », « intermittents », « saisonniers », « 8 heures de travail garantie par an »... ? Je l’ai vu et vécu..

Beaucoup d’employeurs, et c’est en tout cas la position de leurs organisations (Medef, CGPME, ) ont la prétention de reporter sur les seuls salariés tous les aléas de la vie, en particulier les aléas économiques. Il nous revient de faire respecter la dignité des salariés qui sont à même d’exiger, parce que faisant fonctionner les entreprises, des droits et des sécurités au plan social. A ce titre, il n’est pas inéluctable d’avoir un degré aussi élevé que nous l’avons en France d’emplois précaires, sous-payés, voire non déclarés.

Servane : Vous avez des primes quand vous remportez une victoire comme celle du CPE ?

Non, il n’y a pas d’intéressement aux résultats dans la CGT. Heureusement parce que pour certains, on aurait du mal à vivre, vu ce qu’ils estiment être nos résultats et pour d’autres nous serions accusés d’être intéressés financièrement au degré de grève ou de blocage de l’économie.

Julie : Comment comptez-vous vous y prendre pour être plus impliqués dans un plus grand nombre d’entreprises ?

Il faut déjà se convaincre que c’est pour nous une priorité. Ce sera un sujet de discussion à notre congrès. Nous ne pouvons pas laisser entendre que la Cgt pourra répondre aux revendications des salariés de notre pays alors qu’elle est composée d’un trop petit nombre de salariés organisés pour la faire fonctionner. Nous ne pouvons pas prétendre obtenir des résultats par délégation de pouvoir. Le fait qu’un nombre de plus en plus important de salariés en France travaillent dans de petites entreprises où les droits sont moins développés ou moins respectés qu’ailleurs doit représenter pour nous une priorité.

Isidor : Comment répondre à un appel à la grève (générale ou pas) quand on travaille dans une boîte où il n’y a pas de syndicat ? C’est pas un vœux pieu ?

Le droit de grève est un droit individuel, reconnu par la constitution qui s’exerce dans un cadre collectif. Nous savons bien que ce droit prévu par les textes est plus ou moins praticable par les salariés notamment dans les entreprises où n’existe aucune section syndicale. C’est une des raisons qui nous conduisent à ne pas sombrer dans la facilité du slogan appelant à la grève générale. Je remarque dans ces dernières semaines une très forte implication de salariés du privé, là où les droits syndicaux sont les moins respectés, pour être malgré tout présents dans les diverses initiatives. Beaucoup ont utilisé, par exemple, des journées de congés ou de RTT ou sont venus après leur travail ou pendant leur pause déjeuner pour renforcer les manifestations. Il est toujours possible d’apporter sa contribution à un mouvement même si on est dans l’impossibilité d’exercer son droit de grève.

Alex : Comment pouvons-nous faire justement pour rassembler ces salariés, livrés à eux-mêmes ? La plupart n’ont jamais eu de tracts syndicaux dans les mains ? Pouvons-nous envisager une redéfinition des rôles des unions locales ?

Le 3ème débat que nous aurons au congrès consiste justement à réfléchir à l’évolution des structures que nous avons à disposition de la Cgt. Il s’agit de mieux définir le rôle et la composition des structures professionnelles, des unions départementales, des unions locales (UL). C’est aussi dans le but d’assurer des moyens financiers plus équilibrés au rôle de chacun que nous proposons de répartir différemment les ressources financières issues des cotisations syndicales. Il est indispensable que le congrès fixe des objectif stratégique en matière de revendications et définisse dans le même mouvement les évolutions attendues dans nos modes de fonctionnement pour atteindre ces objectifs.

Philippe : Les profits des entreprises en France non jamais été aussi élevés et les salaires jamais aussi bas ! A quand un grand mouvement pour les salaires ?

On peut considérer que ce vaste mouvement qui conteste à juste raison la précarité au travail comme devant être la norme vise aussi à revendiquer des moyens décents pour vivre de son travail. Une nouvelle catégorie statistique s’affiche désormais dans la comptabilité nationale, il s’agit des travailleurs pauvres. Je pense donc que l’action contre la précarité et pour de meilleurs salaires sont tout à fait complémentaires.

CNE : Que pensez-vous de l’action du député Lasalle ? Minot : Quel est votre positionnement sur l’action du député Lassalle ?

J’ai l’expérience de causes défendues par un mouvement de grève de la faim. J’en ai gardé à chaque fois un mauvais souvenir. Qu’un député en soit à décider de cette forme ultime d’engagement démontre à mes yeux combien il y a de choses à changer dans la société. Puisqu’un élu du peuple, pour chercher à se faire entendre du pouvoir économique, ne voit plus d’autres moyens de s’exprimer que de prendre une telle décision. L’action collective, notamment dans le cadre syndical, me semble être plus appropriée et plus efficace.

Boris : Etudiant et salarié, je pensais me syndiquer à la CGT. Mais aujourd’hui, après nous avoir aidé à combattre le CPE, vous laissez tomber le étudiants, pourquoi ? Les conditions pour aller ensemble vers des victoires immédiates me semblaient pourtant être réunies, non ?

Il y a au moins une victoire immédiate, c’est le retrait du CPE que nous avons scandé ensemble à plusieurs millions de voix. Ce succès a déjà une portée internationale que nous ne mesurons pas encore. Ne boudons donc pas notre satisfaction aujourd’hui. Ceci étant, nous sommes bien d’accord pour considérer que la situation faite aux jeunes dont les étudiants appellent d’autres réponses que celles d’aujourd’hui, et fort du travail que nous avons fait ensemble, je suis convaincu que nous allons pouvoir porter nos exigences avec plus de crédibilité encore que ça n’était le cas il y a encore 2 mois.

Servane : Quelles sont vos relations avec les syndicats d’autres pays d’Europe et d’ailleurs ?

Nous avons de bonnes relations avec l’ensemble des syndicats d’Europe, nous sommes membres de la confédération européenne des syndicats qui regroupe 78 confédérations nationales, des pays de l’Union européenne ou d’Europe centrale. Plusieurs d’entre elles ont d’ailleurs organisé des rassemblements devant les ambassades de France ou déposé des motions auprès des ambassadeurs français pour soutenir le mouvement anti-CPE qui était le nôtre. Tous les syndicats en Europe ont bien conscience qu’un mauvais coup porté aux droits des salariés dans un des pays européens peut être un précédent destiné à être généralisé dans les autres pays. C’est aussi pour cela que dès hier soir, nous avons aussi reçu plusieurs messages d’autres syndicats se félicitant de notre succès contre le CPE.

JC Dominique : Le syndicalisme peut-il s’adresser de la même manière à un jeune ou à un père de famille, à une caissière de grande surface ou à un travailleur de l’état ?

Remarque : on peut être jeune et père de famille ! Ou travailleur de l’Etat et célibataire. Je plaisante, bien sûr ! L’un des défis pour une organisation syndicale interprofessionnelle est effectivement d’être capable de répondre aux besoins spécifiques de chaque salarié, quelle que soit sa situation particulière et, dans le même temps d’être en capacité de les réunir et de les faire agir pour des revendications qu’ils ont en commun parce qu’ils sont tous salariés.

Emma : A quoi doit servir le congrès selon vous ?

Le congrès, c’est un moment d’évaluation de ce que nous avons fait sur les 3 années écoulées, Il nous permet d’identifier les points positifs comme les points peut-être négatifs, d’évaluer nos priorités pour la période à venir et de prendre des décisions concrètes concernant notre organisation pour réunir les meilleures chances d’obtenir d’autres succès.

Alex : Quelles seront les principales revendications du 1er mai cette année ?

Il est légitime, je pense, d’avoir pour ce 1er mai un sentiment de victoire à fêter s’agissant de l’agonie laborieuse du CPE, et dans le même mouvement de porter les revendications que nous venons d’évoquer s’agissant de la précarité au travail ou des salaires. Le 1er mai est aussi un moyen d’affirmer la dignitésdes salariés et leur droit de s’organiser en syndicats. Il est aberrant, par exemple, qu’une militante de la Cgt désignée pour être déléguée au congrès (travaillant chez Bouygues) soit aujourd’hui victime d’une procédure de licenciement pour cette raison.

Joelle : Dans votre engagement de syndicaliste, quel est l’évènement que vous souhaiteriez vivre en direct ?

J’aimerais vivre le jour où tout salarié travaillant en France, quelle que soit la qualification ou l’entreprise dans laquelle il travaille, puisse se syndiquer en toute liberté.

Achille : Pensez-vous que d’autres combats vont, dans les mois à venir, autant mobiliser les jeunes et les syndicats que la lutte contre le CPE ?

Acceptons de l’expérience syndicale qu’aucun mouvement, quelle que soit sa revendication, ne se reproduit deux fois à l’identique. Ceci dit, la force et la détermination de cette mobilisation m’amènent à considérer que tous ceux qui voudront continuer à justifier la mise en cause du droit des salariés prendront le risque d’être de nouveau confrontés à ce rapport de force. Nous pouvons considérer que les choses ne sont déjà plus comme elles étaient avant la lutte contre le CPE.

Isabelle : N’est-ce pas étrange de se retrouver "sous les projecteurs" ?

Il faut se dire en permanence qu’au travers de tel ou tel responsable, ce sont des millions de manifestants et/ou de grévistes qui sont représentés et, surtout, ne pas tomber dans facilité médiatique. Les porte-paroles peuvent changer, l’essentiel est que les revendications demeurent.

Emma : De quoi êtes-vous le plus fier dans cette bataille du CPE ?

Du succès final à l’évidence, mais aussi de l’esprit qui a prévalu pour cette mobilisation. L’esprit était à la confiance, même si personne ne pouvait prévoir son issue. Nous avions dit dans les rangs de la Cgt que nous pouvions gagner ce combat dès le mois de février, mais ce n’était pas acquis pour autant Enfin, une mobilisation de caractère syndicale a pu faire la démonstration de son efficacité. Nous en avions tous besoin pour convaincre ceux qui s’interrogent encore sur l’utilité de se syndiquer à leur tour.

Merci beaucoup Bernard Thibault, le mot de la fin ?

Merci à tous. L’heure est venue de se quitter, je n’ai malheureusement pas pu répondre aux nombreuses questions qui m’étaient posées. Certaines réponses seront plus collectives dans le cadre des travaux de notre congrès qui débute le 24 avril et dont les débats pourront être suivis sur Internet. Rendez-vous à Lille pour les délégués au congrès et le 1er mai pour tous avec nos revendications. A très bientôt".


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